Pourquoi les hommes ont-ils des difficultés à pleurer devant les autres?
Il est beaucoup moins admis qu’un homme pleure en société qu’une femme. Mais pourquoi?
«Les hommes ont-ils le droit de pleurer?» Derrière cette question un peu provocatrice posée par le journal Le Soir se cache un véritable constat: les hommes pleurent moins que les femmes. Beaucoup moins même. D’après un article de la RTBF, les hommes pleurent 6 à 17 fois par an alors que les femmes pleurent de 30 à 64 fois par an!
Culture…
La différence est très marquée mais n’est pas vraiment étonnante. Depuis toujours, le pleur est mal perçu en société, surtout chez les hommes. Pleurer signifie en effet qu’on a perdu le contrôle de ses émotions. L’homme qui pleure est dès lors considéré comme faible, ce qui est contraire aux traits généralement associés à la masculinité et a la virilité. Tout le monde a en effet déjà entendu qu’«un homme, cela ne pleure pas». Pourtant, jusqu’à l’adolescence, garçons et filles pleurent plus ou moins autant. Ce n’est que par la suite que cette différence se marque à cause de la culture et de l’éducation alors que des études ont prouvé que les hommes ne ressentaient pas moins d’émotions que les femmes.
«Dans l’expression de genre, il y a des attentes quant à la manière dont les émotions doivent s’exprimer selon que l’on est reconnu comme une femme ou comme un homme. Les stéréotypes liés au genre ‘autoriseraient’ plus volontiers l’expression de la colère que de la tristesse chez les hommes», explique au Soir Vincent Yzerbyt, professeur de psychologie sociale à l’UCLouvain.
… et hormones
Une seconde cause, hormonale cette fois, expliquerait pourquoi les femmes pleurent davantage que les hommes. Il s’agit de la prolactine, une hormone liée à la lactation. «Cette prolactine serait liée à une affectivité plus grande, qui expliquerait non seulement la propension des femmes à pleurer plus que les hommes mais aussi que les femmes enceintes ou allaitantes sont particulièrement sensibles à la montée de larmes», expliquait le docteur Caroline à la RTBF en avril dernier.
Le pleur plus toléré
Heureusement, de plus en plus d’hommes remettent aujourd’hui en cause certaines notions liées à la virilité, dont le fait de ne pas pouvoir pleurer en public ou en privé. Mais le chemin est encore long, tant ce constat ne vaut que chez certains hommes et dans certains contextes. «C’est beau un homme qui pleure quand c’est un beau mec, avec des tablettes de chocolat sur les abdominaux et qui prend le bébé dans les bras. On a une tendresse particulière pour cette image-là, mais la sanction sociale est forte. Un président de conseil d’administration qui se mettrait à pleurer, il est viré le lendemain», nuance Vincent Yzerbyt.