Pourquoi prendre de l’iode en cas d’incident nucléaire et quels sont ses effets sur le corps?
Ces derniers jours, certaines personnes cherchent à se procurer des comprimés d’iode. Cependant, sa prise, très réglementée, doit être effectuée dans certains cas précis.
Après l’affluence en pharmacie due à la pandémie, les professionnels voient fleurir une nouvelle demande, celle des comprimés d’iode. Si on est encore loin des files d’attente devant les officines, la demande se fait de plus en plus régulière.
L’iode est indispensable au bon fonctionnement de la glande thyroïdienne productrice d’hormones. «Via ces hormones, l’iode agit sur les grandes fonctions de l’organisme comme la régulation de la température corporelle, la croissance, le fonctionnement nerveux ou encore l’utilisation des glucides, lipides et protéines de l’alimentation pour la production d’énergie», explique Maëva Blanchard, préparatrice en Pharmacie à Paris et créatrice du compte @pharmaconseils sur Instagram.
Mais ces effets ne s’arrêtent pas là. «L’iode est nécessaire à la production des hormones thyroïdiennes T3 et T4, qui jouent un rôle important dans la régulation du métabolisme cellulaire». Par l’intermédiaire des hormones thyroïdiennes, l’iode contribue à la croissance des enfants. De plus, la spécialiste souligne le rôle dans le métabolisme énergétique. «L’iode a une action sur la fonction cognitive comme la concentration, la mémoire ou encore le raisonnement. Elle participe au fonctionnement normal du système nerveux». Pour finaliser ses bienfaits, l’iode contribue au maintien d’une peau normale.
Au contraire, «une carence en iode peut s’avérer grave et entrainer des retards de croissance ou des troubles mentaux (crétinisme)», alerte Maëva Blanchard, qui détaille «les carences sont relativement rares dans les pays développés, notamment car le sel de table est généralement enrichi en iode». Les cas de carence se trouvent dans certains pays en voie de développement, des régions montagneuses ou reculées en mer.
En cas de carences, 150 microgrammes suffisent pour rétablir l’équilibre. Pour ce faire, il existe des compléments alimentaires.
Pour augmenter l’apport quotidien d’iode, les autorités internationales et sanitaires, telles que l’OMS ou l’UNICEF, recommandent un enrichissement universel en iode des sels de table. Dans l’alimentation, on retrouve de l’iode principalement dans les fruits de mer, les crustacés et les algues marines ainsi que dans du sel enrichi en iode.
«La radioactivité portée par ces molécules d’iode absorbées peut détruire, totalement ou partiellement, les cellules de la thyroïde et être à l’origine d’hypothyroïdies», analyse Maëva Blanchard. Cela peut également entrainer un cancer de la thyroïde, «en particulier chez les enfants âgés de moins de cinq ans et ceux contaminés pendant la grossesse».
En cas d’incident nucléaire, les comprimés d’iode stable saturent la thyroïde et empêchent l’iode radioactif de se fixer sur la thyroïde. Pour que ce soit efficace, le comprimé doit se prendre «au plus tôt une heure avant l’exposition à la radioactivité et au plus tard dans les 6 à 12 heures après exposition», précise l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire. Ces comprimés ne protègent que la thyroïde.
Prendre ces comprimés en dehors des recommandations peut être préjudiciable. «Un excès d’iode peut entrainer une hyperthyroïdie, ou à l’inverse, une hypothyroïdie (l’iode en excès inhibant dans ce cas la synthèse des hormones thyroïdiennes)», alerte Maëva Blanchard. Cette dernière ajoute «ces cas sont très rares et la majorité du temps le résultat d’un traitement médicamenteux, et pas d’origine alimentaire».
En Belgique, ces comprimés sont disponibles gratuitement dans toutes les pharmacies du royaume. Les autorités et pharmacies disposent de stocks importants qui pourront être mis à disposition des citoyens si un incident nucléaire survenait, insiste l’AFCN. Ils peuvent être stockés à domicile et ont une durée de validité très longue.
Les autorités belges préconisent, depuis 1999, aux personnes habitant à 20 kilomètres autour d’un site nucléaire, d’en disposer chez eux. Cette recommandation a été étendue en 2018 à l’ensemble des personnes et collectivités en charge d’enfants sur le territoire belge.