Connaissez-vous le «chillax», ce mode de vie cool qu’apprécient les jeunes chinois?

Si les Chinois sont depuis longtemps réputés être de grands travailleurs, la nouvelle génération semble adopter une autre approche, beaucoup plus «slow life». Un mode de vie appelé «chillax».

On chill
par
EXT Daily Up Studio
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Le mouvement «chillax» est le résultat d’une frustration grandissante au sein de la jeunesse chinoise. Cette dernière ne bénéficie pas des mêmes avantages que ses aînés alors que l’Empire du Milieu connaît d’importantes difficultés économiques. En juin, le taux de chômage des moins de 30 ans (16-24 ans) a atteint un taux record de 21,3% (contre 5,2% pour l’ensemble de la population active), selon des chiffres officiels du Bureau national des statistiques. Des millions de nouveaux diplômés peinent à trouver un travail correspondant à leur niveau d’études, et viennent malheureusement grossir les rangs des demandeurs d’emploi.

En l’absence d’opportunités professionnelles, les jeunes Chinois rejettent le modèle des semaines «996» (au travail de 9 heures à 21 heures, six jours sur sept). Ils aspirent à un meilleur équilibre entre leurs vies personnelle et professionnelle et, plus généralement, à faire attention à leur bien-être. Des revendications au cœur du mouvement «chillax».

Cette tendance se manifeste par une variété de comportements et d’initiatives visant à donner un coup de frein à nos modes de vie et de consommation. Les adeptes du «chillax» veulent prendre le temps de profiter des petits plaisirs de la vie, qu’il s’agisse de se promener dans un parc ou de cuisiner un repas maison. Quelle que soit l’activité de leur choix, un seul mot d’ordre: prendre le temps. Il s’agit, pour ceux qui adhèrent au mouvement «chillax», de vivre plus à leur rythme au quotidien et d’être en accord avec leurs convictions, même si ces dernières vont à l’encontre des attentes du Parti communiste chinois.

Ralentir pour mieux contester

Cet appel à la lenteur à l’hédonisme n’est pas sans rappeler le «slow life», cette contre-culture née dans le nord de l’Italie au milieu des années 1980 à travers l’écolo-gastronome Carlo Petrini et son association Slow Food. À l’instar de la mouvance italienne, l’art du «chillax» a gagné tous les domaines, du tourisme à la décoration d’intérieur en passant par les vêtements et les cosmétiques. La majorité des publications sur les réseaux sociaux chinois mentionnant le mouvement «chillax» concerne l’univers des produits de beauté, d’après des chiffres de la plateforme Xiaohongshu cités par la newsletter Baiguan News.

La mode est aussi un marché touché par la vague «chillax». Sur Internet, de nombreuses jeunes Chinoises partagent des clichés de leurs looks les plus décontractés. Ils se caractérisent par des pièces aux coupes amples dans les tons beige, marron, blanc, noir et gris. Les actrices Tang Wei et Shu Qi sont des ambassadrices de cette esthétique très minimaliste, selon le magazine Jing Daily. Côté beauté, c’est le «less is more» [«qui cherche le plus dans le moins»] qui prime. L’idée est de favoriser les maquillages légers où le visage apparaît éclatant et naturel. En affichant une bonne mine, on exhibe son mode de vie sain et surtout «chillax».

L’attrait de la jeunesse chinoise pour la décélération se manifeste aussi dans leurs loisirs. Parmi eux, la marche, lente bien sûr, mais aussi le camping et la pêche. Des activités qui leur permettent de se reconnecter à la nature et de s’inscrire dans une démarche de découverte. Déguster du thé est aussi un hobby très apprécié des partisans du mouvement «chillax», selon la chaîne de télévision chinoise CGTN. Ils y voient certainement une façon de se reconnecter avec leur héritage national, loin de la culture de l’effort porté par Pékin.

Le mouvement «chillax» ne s’est pas, à proprement parler, étendu à la sphère professionnelle. Mais il partage de nombreuses similitudes idéologiques avec le «Tang Ping» («rester couché» en français). Cette mouvance consiste à en faire le moins possible au bureau – voire à quitter purement et simplement le monde du travail – pour dénoncer une société productiviste et consumériste. Une forme de contestation silencieuse qui séduit de plus en plus de jeunes Chinois.

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