Pour vivre heureux, vivons décomplexés
L’estime de soi constituerait l’une des premières étapes pour accéder au bonheur. C’est l’une des conclusions tirées de l’une des plus vastes études internationales menées sur le sujet. Un consortium de scientifiques a établi un lien entre image corporelle positive et amélioration du bien-être psychologique, voire plus grande satisfaction dans la vie.
Aimer son corps n’était déjà pas une mince affaire avant l’avènement des réseaux sociaux, mais il semblerait que cela soit aujourd’hui devenu (quasi) impossible. Les stéréotypes liés à l’apparence véhiculés par tout type de médias ont la vie dure, et s’exhibent désormais sur les fils d’actualité des plus jeunes générations, au point de nuire à leur santé mentale. Troubles de l’alimentation, dysmorphophobie, stress, anxiété, atteinte de l’estime de soi… Les conséquences sur le bien-être des populations, indépendamment de l’âge ou du pays d’origine, sont nombreuses, comme l’ont suggéré plusieurs récentes études qui se sont penchées sur le sujet. La dernière en date, l’une des plus importantes menées sur le thème de l’image corporelle, révèle pourtant que l’acceptation de soi, et davantage encore de son corps, serait liée à une plus grande satisfaction dans la vie, ainsi qu’à une meilleure santé mentale.
Améliorer le bien-être mental
Dirigé par des chercheurs de l’université Anglia Ruskin, au Royaume-Uni, un consortium de scientifiques a demandé à 56.968 participants originaires de 65 pays de répondre à un questionnaire sur leur image corporelle afin de déterminer le degré d’estime et d’acception de soi de chacun d’entre eux. «Je respecte mon corps» et «J’apprécie les caractéristiques différentes et uniques de mon corps» comptaient parmi les propositions que les participants devaient – ou non – valider. Ce questionnaire a permis aux scientifiques d’établir une échelle d’appréciation qui a ensuite été comparée à la santé mentale de chacun des participants. À noter que, au-delà de l’appréciation du corps, les chercheurs se sont également basés sur le rejet de certains stéréotypes liés à l’apparence véhiculés par les médias.
Publiés dans le journal Body Image, les résultats montrent que, dans absolument tous les pays, une image corporelle positive est «associée de manière significative à un meilleur bien-être psychologique». Les chercheurs ont également observé que les célibataires appréciaient davantage leur corps que les participants mariés ou en couple, tout comme les habitants des zones rurales. Ces travaux viennent confirmer les résultats de précédentes études, menées à moins grande échelle, qui ont révélé que l’image corporelle positive était associée à une amélioration de l’estime de soi et des habitudes alimentaires saines, et à une baisse des niveaux de dépression et d’anxiété.
Une meilleure image à Malte
«Il s’agit de l’une des plus vastes études jamais réalisées sur l’image corporelle, fruit d’un effort de recherche collaboratif impliquant plus de 250 scientifiques du monde entier. Notre constatation qu’une meilleure appréciation du corps est associée à un meilleur bien-être psychologique souligne l’importance de développer des moyens de promouvoir une image corporelle plus positive à l’échelle mondiale», déclare Viren Swami, professeur de psychologie sociale et principal auteur de l’étude, dans un communiqué. Avant d’expliquer: «Les personnes qui vivent dans des zones urbaines peuvent ressentir une pression plus forte pour se conformer aux idéaux corporels promus par la société occidentale, et il est également remarquable que les personnes originaires de pays considérés comme culturellement différents des États-Unis semblent avoir une plus grande appréciation de leur corps».
Ultime constat et non des moindres, les scientifiques ont observé des disparités en fonction des pays dans les scores liés à l’image corporelle positive. Malte, Taïwan et le Bangladesh constituent le trio de tête, avec les scores les plus élevés, tandis que le Royaume-Uni, l’Inde et l’Australie figurent comme les plus mauvais élèves en la matière. La France se situe quant à elle dans le bas du tableau, en neuvième position en partant de la fin, juste derrière le Brésil, et juste devant la Chine et les États-Unis. Un résultat qui montre qu’il y a encore du chemin à faire pour aider les populations à s’accepter et à (re)trouver l’estime de soi, afin de se sentir tout simplement mieux dans leur peau.