Voici comment éviter de tomber dans le «trauma dumping»
Vous vous êtes un jour senti mal à l’aise, voire piégé, dans une conversation avec une personne qui vous révélait des éléments douloureux de sa vie? Vous avez sans doute fait l’expérience du «trauma dumping». Si ce concept psychologique est loin d’être nouveau, le mot, lui, devient de plus en plus viral. Et rien d’étonnant à l’aune de l’époque que nous vivons!
Vous vous êtes peut-être déjà retrouvé dans cette situation où une personne que vous venez de rencontrer au cours d’une soirée vous alpague et vous déverse, sans que vous l’ayez vue venir, tous ses malheurs. Alors que vous vous dirigiez vers la cuisine dans le seul but de remplir votre verre, vous voilà confronté aux confidences (trop) intimes émanant de quelqu’un que vous connaissez à peine! Une rupture amoureuse, un cas de harcèlement au travail, voire un deuil… Certaines personnes ressentent en effet le besoin irrépressible de partager leurs émotions négatives liées à un événement traumatisant, y compris avec de vagues connaissances, voire de parfaits inconnus! Mais cette attitude peut vite devenir très oppressante, voire angoissante, pour l’interlocuteur si celui-ci n’a pas donné son aval pour se lancer dans ce genre de conversation. On appelle ça le «trauma dumping».
Trauma dumping: quesaco?
En anglais, le mot «dumping» signifie littéralement «déversement» ou «décharge». Utilisé par les psychologues, le terme de trauma dumping évoque une conversation à sens unique, au cours de laquelle quelqu’un déverse ses émotions et/ou expériences négatives à une autre personne, mais sans s’assurer que celle-ci est disposée à recevoir ou même à entendre ces paroles. «Lorsque nous évoquons des traumatismes avec une personne qui n’est pas préparée ou formée professionnellement, nous risquons qu’elle agisse ou réagisse d’une manière qui renforcera sans le savoir le traumatisme vécu», explique Billie Katz professeure adjointe de psychiatrie à l’école de médecine Icahn de Mount Sinai (New York, États-Unis), dans un article publié en 2021 par le Huff Post.
À la lecture de ces lignes, il est probable que vous soyez en train de vous demander si vous-même avez cette fâcheuse tendance à donner dans le trauma dumping. Si cette impression grandit en vous alors que vous vous repassez le film de vos dernières conversations dans votre tête, pas de panique. On a tous plus ou moins des accès de trauma dumping, surtout à une époque où l’on nous incite à briser les tabous autour de la santé mentale et à exprimer nos émotions (y compris les négatives). Si l’on tient compte du contexte actuel et des crises qui s’enchaînent depuis ces dernières années (climat, pandémie, guerre en Ukraine, inflation), pas étonnant que bon nombre d’entre nous se laissent aller à des confidences pas franchement très joyeuses.
Rien de plus naturel de vous confier à un proche à propos de vos états d’âme ou d’un événement douloureux de votre existence. Mais attention: il est important de veiller à ce que la personne à qui vous vous ouvrez soit d’accord pour partager vos émotions. La discussion doit se traduire par un échange et non par un flot de paroles incessant qui ne donne plus la possibilité à l’autre d’intervenir. Vous pouvez aussi essayer de vous demander si vous le faites au bon endroit et au bon moment. Exposer vos soucis au beau milieu d’une soirée alors que vous êtes entouré de plein d’autres personnes qui font la fête risque par exemple de plomber l’ambiance!
Si vous traversez un moment difficile et que vous ressentez le besoin d’en parler, voire de vous défouler, il est conseillé de consulter un spécialiste. «Un thérapeute est la meilleure option, car cette personne est formée pour écouter attentivement et vous aider à traiter vos émotions. Si vous déchargez l’essentiel de vos fardeaux sur votre thérapeute, vous n’aurez plus autant besoin de vos amis pour parler de vos expériences négatives, «explique au site Insider la psychiatre américaine Tracey Marks. Et si les cabinets de psy ne sont pas votre tasse de thé, coucher vos émotions sur le papier en écrivant régulièrement (par exemple avec un journal de bord) peut également s’avérer bénéfique et vous aider à évacuer votre anxiété.
Le trauma dumping n’est pas l’unique type d’interaction sociale basée sur le principe du «déversement». Plus récemment, la toile a vu apparaître un phénomène, que l’application de rencontre canadienne Plenty of Fish identifie comme l’une des grandes tendances amoureuses de 2023. Il s’agit de «l’éco-dumping»… Mais dans ce cas précis, le sens du mot «dumping» s’avère radicalement différent, puisqu’il s’agit de larguer quelqu’un parce qu’on juge qu’il ne se soucie pas assez de la planète. Une tendance particulièrement prégnante chez les membres de la Gen Z, en quête de partenaires engagés sur le plan écologique.
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