Disponible sur Disney+, «The Dropout» revient sur une escroquerie qui a choqué l’Amérique
«Bonne question. À deux reprises, je pense. La première fois, avec les gens de Walgreens, qui veulent investir dans son entreprise Theranos. Elle sait qu’elle n’aura jamais terminé l’appareil à temps, et pourtant elle dit oui. Et puis, il y a le décès de quelqu’un qui était à ses côtés depuis le début. Elizabeth était profondément touchée, mais elle refusait de l’admettre. C’est à partir de là qu’elle a vraiment dévié.»
«Les histoires d’underdogs qui, contre toute attente, ont du succès, sont toujours irrésistibles. A fortiori quand il s’agit d’une femme aussi charismatique, passionnée, intelligente et avide qu’Elizabeth. Nous voulons croire que les gens sont capables du meilleur. Et inversement, cela fait du bien de voir que les gens qui font de graves erreurs doivent aussi en supporter les conséquences. On veut qu’ils soient tenus responsables.»
«Sa chute. Quand vous vous glissez dans la peau d’un tel personnage, vous allez voir le monde avec ses yeux, et vous avez de l’empathie pour cette personne. Vous comprenez pourquoi elle fait certains choix. Je devais vraiment garder à l’esprit que tout s’est vraiment passé et qu’Elizabeth a pris des risques avec la santé des gens. Mais je trouvais ça difficile à jouer. J’aurais voulu que ce ne soit pas vrai ce que nous racontions. C’est comme avec le film ‘Titanic’. Vous savez que le navire a sombré, et pourtant il y a toujours une partie de vous qui continue de penser que, cette fois, cela se passera peut-être autrement. Il y a dans l’esprit humain quelque chose qui, malgré l’évidence, s’accroche au moindre espoir.»
«J’ai ça en moi, certainement, mais je connais les limites. Elizabeth a été victime de sa propre ambition, mais le mot ‘ambition’ ne convient pas, en fait. Question optimisme, j’essaie toujours désespérément de voir quand même le bon côté des gens. Je suis faite ainsi. Peut-être un peu moins qu’avant, car certaines personnes en ont déjà abusé. Je ne sais pas si Elizabeth était vraiment optimiste. Elle continuait à croire en ce qu’elle faisait, car elle savait que ce serait la faillite sinon. C’est totalement différent.»
«J’ai beaucoup visionné les images qui existent d’elle, les interviews, les interrogatoires… En faisant cela constamment, vous adoptez automatiquement certains tics et habitudes. Elizabeth a des tics qui lui sont propres et d’autres qu’elle a appris volontairement. Je devais les démêler. Pour jouer la jeune Elizabeth, je me suis surtout basée sur moi-même, qui j’étais adolescente. Je pensais aussi alors que personne ne voulait m’écouter et j’étais souvent effondrée. J’ai donc utilisé ça pour montrer Elizabeth quand elle n’était pas encore cette femme leader pleine d’assurance.»
Vous rappelez-vous de Steve Jobs? Le big boss et visage d’Apple avait su créer un vrai culte autour de sa personne et de ses produits, et des millions de personnes s’étaient senties (et se sentent) appelées à suivre sa vision. Il y a 15 ans environ, Elizabeth Holmes avait fait de même avec une idée, à première vue, encore plus brillante que les créations IT de Jobs, à savoir un système permettant de réaliser avec une seule goutte de sang une analyse de santé complète. Or, elle n’était jamais parvenue à faire fonctionner l’appareil et vendait du vent. Mais cela ne l’empêcha pas d’attirer des financiers crédules (car avides) et – bien pire – de tromper des personnes malades. ‘The Dropout’ raconte en 8 épisodes la montée et la chute d’une femme qui avait résolument du charisme, mais refusa obstinément de reconnaître son échec. Une énième illustration du Cauchemar américain, avec une époustouflante Amanda Seyfried dans le rôle principal. (rn) 4/5