La série The Witcher revient sur Netflix, on a rencontré l’imprévisible Yennefer jouée par Anya Chalotra
Qu’arrive-t-il à votre personnage dans cette nouvelle saison?
Elle nous fait carrément une petite une crise existentielle, non?
«Exactement! Quand on perd ce qui nous définit, on ne peut que se relever. C’est en tout cas le parcours de Yennefer, qui va changer de point de vue et de raisonnement. En perdant ce qui semble essentiel, il y a de la place pour grandir. [Sur un ton plus léger] Oh la la, on dirait les conseils clichés d’une séance de Tarot, non (rires)?»
Les chronologies multiples de la saison une se rejoignent enfin. Ça doit être plus facile à suivre pour vous…
«Sans blague! Déjà qu’on ne tourne pas nécessairement les épisodes dans l’ordre, et qu’on jongle entre les réalisateurs en plus. C’est donc un réel défi pour situer l’action parfois. Mais le meilleur conseil que j’ai reçu à l’école de théâtre est aussi le plus évident: jouez la scène, point à la ligne! Ça semble bête, mais parfois on tente de factoriser tellement d’éléments du scénario qu’on oublie de se consacrer à l’instant présent. Si on joue la scène, tout simplement, on ne se perd pas vraiment. Dans la vie, personne ne suit un scénario, on est dans le jus tout le temps.»
Yennefer est le personnage favori des fans. À quoi est-ce dû selon vous?
«Merci, je ne sais pas si c’est vrai mais je suis ravie que vous le pensiez (rires)! Je crois que la série offre la chance au personnage de beaucoup évoluer, et c’est sûrement ce qui la rend intéressante. C’est une héroïne inattendue en plus. Ses traits sont tellement singuliers. Dans cette saison, elle questionne énormément la foi par exemple, ce qui n’est déjà pas commun dans un divertissement, mais encore moins pour un rôle féminin. Et on la voit tenir le coup malgré tout, et dépasser le cynisme qui la caractérise. On devine aussi que son destin rejoindra celui de Ciri… Et qu’à nouveau, même si Yennefer ne l’anticipe pas, elle se destine à donner plutôt qu’à prendre. C’est une phrase un peu bateau, mais je crois avoir appris pas mal grâce à elle. Je me sens beaucoup plus en accord avec moi-même depuis que je l’incarne.»
’The Witcher’ est aussi un jeu vidéo très populaire. Qui y joue le mieux parmi vous tous?
«Henry Cavill (qui incarne le héros Geralt, NdlR), sans hésiter! C’est un gros nerd, croyez-moi. Il a débarqué sur le plateau avec une petite bible de la saga. Parfois, on tourne une scène et il marque une pause pour suggérer d’utiliser tel mot de la page 225 de tel bouquin. C’est franchement intimidant (rires)!»
Pas mal de fans aiment la série pour son ton kitsch. Qu’en pensez-vous?
«Kitsch… [Prend le temps de réfléchir] Je ne sais pas si j’utiliserais ce mot, mais je vois bien ce que vous voulez dire. Certaines scènes sont vraiment absurdes, et on n’hésite pas à les sublimer. Je crois que ça tient debout parce que la série, dans son ensemble, s’ancre dans une tonalité très sincère. On jongle avec plusieurs thèmes comme la culpabilité, ou l’appartenance, et ces fils rouges font joliment le lien. Ça équilibre les situations totalement ridicules dans lesquelles on se retrouve, qui nous font rentrer chez nous le soir et penser: ’OK, c’est donc ça mon travail’! On joue comme des enfants toute la journée, et puis on raconte à nos amis qu’on a passé la semaine à se battre contre un arbre magique. Heureusement que ces amis sont là pour nous lancer des regards incrédules et passer à autre chose (rires)!»
Notre critique de
Tremblez pauvres mortels! Geralt (Henry Cavill) est de retour et la chasse aux monstres peut reprendre de plus belle. Après une première saison très fun mais poussant notre confusion (trop) loin avec son drôle de mélange d’époques, tous nos personnages préférés se rejoignent dans un scénario plus simple à aborder. Heureusement, le ton résolument farfelu de l’univers fantastique tiré des livres et du jeu vidéo est sain et sauf: Yennefer (Anya Chalotra) est faite prisonnière mais n’hésite pas à insulter ses geôliers comme un charretier, et Ciri et Geralt sont désormais liés par le fameux Droit de Surprise (une gommette si vous parvenez à en résumer le concept en moins d’une minute). Tout ce petit monde se bat contre des arbres magiques ou des suceuses d’âme séductrices, et plus c’est kitsch, plus on applaudit. On reste à mille lieues de la valeur de production de ‘Game of Thrones’, mais quel plaisir de suivre un récit de fantasy ne se prenant pas trop au sérieux. 3/5