Vacances: pourquoi le trajet du retour nous semble toujours plus court que l’aller?

Vous vous apprêtez à prendre la route des vacances? Que ce soit en voiture, en train ou en avion, vous direz probablement que le trajet du retour a été bien plus rapide que l’aller. Et ce… même si vous avez mis exactement le même temps de voyage. Comment expliquer cette étrange impression?

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C’est une sensation que l’on a tous éprouvé en voyage: alors que le trajet aller semble interminable, le retour nous paraît bien plus court. Pourtant, on aura parcouru la même distance, au même rythme, et avec le même moyen de transport. Alors, comment expliquer ce drôle de phénomène?

On dit souvent que le temps passe plus vite au retour parce que l’on traverse des paysages qui ne nous sont plus inconnus. Mais c’est loin d’être la seule raison. En effet, plusieurs scientifiques se sont penchés sur la question. Il s’avère que cette mystérieuse impression s’explique par plusieurs facteurs.

1. Des attentes déçues

Premier point à prendre en compte: l’attente des voyageurs. Qui ne s’est jamais dit ‘allez, dans huit heures on y est!’ pour finalement arriver après dix heures de route? Ces «schémas d’attente erronés» influent sur notre perception du temps.

Niels Van de Ven, professeur de psychologie à l’Université de Tilbourg, le résume ainsi: «Les gens sont souvent plutôt optimistes avant un déplacement. À l’aller, le temps que prendra le voyage est souvent sous-estimé, le trajet dure donc plus longtemps qu’espéré. Et le sentiment que le trajet dure très longtemps est ancré au moment du retour. Résultat: le trajet du retour semble beaucoup plus court puisqu’on s’imaginait en démarrant qu’il allait être long. On se dit ‘finalement, ce n’était pas si terrible que ça’.»

Autrement dit: sans projeter des attentes, le temps semble filer plus vite! Et plus la durée de l’aller a été sous-estimée, plus le retour semblera court.

2. L’impatience

Dès que l’on prend la route des vacances, on trépigne à l’idée d’arriver à destination: cela faisait tellement longtemps qu’on attendait ça! Résultat: notre impatience nous donne l’impression que le trajet s’éternise. Or, au moment de rentrer chez soi, c’est l’inverse: comme nous n’en avons (le plus souvent) aucune envie, cela passe plus vite.

C’est le même mécanisme (en inversé) qui est à l’œuvre pour se rendre au travail: l’aller passe plutôt rapidement, tandis que le retour, alors que l’on se réjouit de rentrer chez soi, semble plus long.

3. Notre cerveau nous joue des tours

Plus long? Plus court? La perception du temps écoulé passe par notre cerveau et notre mémoire. Et ceux-ci peuvent nous jouer des tours! Des chercheurs japonais de l’université d’Osaka ont mis en évidence le fait que, si le temps est perçu différemment, la différence est remarquée a posteriori, c’est-à-dire dans le souvenir que l’on a du voyage.

Pour en faire la démonstration, les scientifiques ont montré des vidéos différentes à deux groupes de sujets. La première montrait un piéton sur un trajet aller-retour, parcourant exactement le même chemin. La seconde montrait un piéton qui marchait sans faire d’aller-retour sur des routes différentes. Les deux séquences faisaient chacune 26 minutes.

Dépourvus de montre, les participants devaient faire signe au moment où, selon eux, trois minutes s’étaient écoulées. Dans un groupe comme dans l’autre, la perception du temps écoulé était identique, ont noté les scientifiques. En revanche, c’est en complétant un questionnaire à la sortie que les cobayes avaient une perception du temps différente: en y repensant après coup, ceux qui ont visionné la première vidéo ont trouvé le chemin du retour bien plus rapide que l’aller.

Conclusion: c’est surtout quand l’on repense à son voyage après-coup que survient cette impression. «Ce n’est pas une question de mesurer le temps en lui-même, mais plutôt de jugement du temps passé, basé sur notre mémoire», souligne le professeur Ryosuke Ozawa, co-auteur de l’étude. C’est une fois le trajet terminé que notre mémoire nous en crée un souvenir beaucoup plus court.