Des dons de protections hygiéniques dans les zones sinistrées: «Les règles ne tiennent pas compte des catastrophes!»
Theux, Verviers, Pepinster, Chênée, Beaufays, Grivegnée, Angleur… Depuis jeudi dernier, Veronica Martinez sillonne les routes des régions sinistrées et distribue gratuitement des protections hygiéniques aux personnes qui en ont besoin. L’heure est l’action sur le terrain, difficile donc d’établir un bilan chiffré actuellement. Ce qui est certain, c’est que cela se compte déjà en dizaines de milliers. «Les menstruations ne tiennent pas compte des catastrophes naturelles! Quoiqu’il se passe, tous les 28 jours, les règles sont là», rappelle d’emblée Veronica.
Originaire de la région liégeoise, elle travaille pour BruZelle. Depuis 2013, cette ASBL bruxelloise lutte contre la précarité menstruelle et le tabou des règles à travers des ateliers mais aussi des collectes et distributions de protections hygiéniques. Avec Veronica pour seule salariée et directrice, l’association fonctionne grâce au travail des bénévoles.
«Dès que j’ai vu la catastrophe, je me suis renseignée pour savoir ce que contenaient les kits d’hygiène distribués dans les centres de tri. Or, de ce que j’ai constaté sur place, bien souvent ces kits ne comprenaient ni serviette ni tampon», poursuit Veronica. Depuis jeudi dernier, elle n’a pas eu une seconde de répit. BruZelle répond chaque jour aux demandes urgentes des centres de tri. «On y dépose ce qui a été demandé et puis on parcourt les villages et centres de tri avoisinants. Bien souvent, les serviettes sont les bienvenues. Les besoins sont présents aussi là où il n’y a pas de centre de tri: certains endroits sont très reculés et les personnes ne savent pas ou plus se déplacer. Elles n’ont plus de voiture, l’électricité est coupée, il n’y a plus de réseau, plus rien.»
Face à la «situation chaotique et apocalyptique» dans le sud du pays, BruZelle lance un nouvel aux dons financiers. «C’est ce qui nous permet, au jour le jour, d’acheter et de distribuer des kits là où on nous le demande», précise Veronica Martinez, ajoutant que BruZelle sera encore sur place dans les prochains jours. «Sur le terrain, il y a une solidarité incroyable à tous niveaux: des dons, de l’aide, des bras et du cœur. Avec BruZelle, on est vraiment contents d’agir sur le terrain. On est mesure d’apporter une aide concrète et directe à un phénomène qui n’a que faire des événements extérieurs. Quand les règles doivent venir, elles arrivent.»
Si vous souhaitez soutenir BruZelle dans son action essentielle: IBAN: BE91 0689 3345 5376 (BIC: GKCCBEBB).
Dans ce contexte inédit, BruZelle n’a pas interrompu ses activités dans les autres localités. BruZelle, ce sont des ateliers, des conférences, mais aussi des boîtes de collectes dispersées à Bruxelles et dans le reste du pays [répertoriées sur le site web] pour récolter les dons individuels. Les serviettes sont ensuite glissées dans de jolies petites trousses confectionnées lors d’ateliers coutures. Enfin, elles sont redistribuées gratuitement aux personnes en situation de précarité. «Les protections hygiéniques sont un produit auquel on ne pense pas, et pas seulement pendant les périodes de catastrophes», pointe Veronica Martinez.
C’est précisément à partir de ce constat que l’ASBL BruZelle s’est créée en 2013. «La précarité féminine elle est là. Et quand la précarité féminine est là, la précarité menstruelle n’est jamais loin.» Mais de quoi parle-t-on précisément? La précarité menstruelle est la difficulté ou le manque d’accès des personnes menstruées aux protections hygiéniques. Par extension, c’est l’obligation de faire un choix lors de l’achat de produits de première nécessité et de renoncer, en totalité ou en partie, à l’achat de protections périodiques par manque de moyens financiers. «Par exemple, une maman solo ne fera pas passer ses besoins, même s’ils sont de première nécessité, avant le bien-être de ses enfants», illustre la directrice de Bruzelle.
Et les besoins sont d’autant plus importants depuis l’année dernière. Pour de nombreux ménages, la pandémie de coronavirus a engendré des pertes de revenus. «Et cela se ressent très fort en bout de course», assure Veronica Martinez, «c’est-à-dire au moment de décider si l’on va acheter un pain et six œufs pour nourrir sa famille ou un paquet de serviette hygiénique».