Les boîtes de nuit comme le Fuse sont-elles des lieux culturels?
Ces derniers jours, de nombreux médias ont relayé l’annonce de la fermeture du Fuse, night club emblématique de Bruxelles. Derrière ce bras de fer, une interrogation plus large mérite d’être posée: les boîtes de nuit doivent-elles être considérées comme les lieux culturels?
Cela va en surprendre certains, tandis que d’autres vont trouver cela logique. Saviez-vous qu’en Belgique, les boîtes de nuit n’étaient pas considérées comme des lieux culturels? Devraient-elles l’être, au même titre que les salles de concert? L’annonce la semaine dernière de la fermeture du Fuse relance le débat.
Plus de 50.000 signatures pour une réouverture
Lancée jeudi soir, quelques heures après l’annonce de la fermeture de la boîte de nuit bruxelloise, une pétition pour sauver le Fuse a déjà été signée plus de 55.000 fois. Les signataires estiment que ce night club installé depuis 1994 dans le quartier des Marolles, à Bruxelles, doit rester ouvert.
Qui était là le premier?
Cinq plaintes sont à l’origine des limitations sonores imposées par Bruxelles Environnement à la discothèque. Pour quatre de ces plaintes, un accord a pu être trouvé mais la cinquième n’a pas été résolue. Raison pour laquelle le Fuse doit fermer ses portes. De nombreux internautes estiment que le voisin qui a acheté une maison à côté du Fuse l’a fait en connaissance de cause et qu’il est donc illogique que le club doive fermer ses portes alors qu’il était installé là bien avant le nouveau propriétaire de la maison.
«Lorsqu’on achète un bien près d’une boîte de nuit, il faut pouvoir en assumer les conséquences. Si tu achètes une maison près d’un aéroport, tu sais que tu vas vivre avec du bruit», estime le patron du Fuse dans les colonnes du Soir.
S’inspirer du modèle anglais
Pour l’ancien propriétaire, Olivier Ramoudt, le gouvernement bruxellois devrait s’inspirer de ce qui se fait en Angleterre. «Là-bas, si vous achetez un bâtiment à côté d’une boîte de nuit, vous êtes responsable de l’isolation de votre propriété et vous devez respecter le fait que vous vivez à côté d’une boîte de nuit. Ici, en Belgique, nous n’avons pas cela et puis vous avez quelque chose comme ça, qu’une seule personne peut faire en sorte que quelque chose d’iconique soit en danger de disparition.», explique-t-il à Bruzz.
La culture de la techno et du clubbing en question
Une autre question mérite d’être posée: le Fuse doit-il être considéré un lieu culturel? Des artistes aujourd’hui mondialement connus ont posé leurs platines au Fuse. C’est notamment le cas de Daft Punk, de Laurent Garnier, Carl Cox ou encore de 2ManyDJs. Malgré tout, pour beaucoup, la techno n’est pas de la culture, comme peuvent l’être d’autres styles musicaux. Les choses changent petit à petit et les discussions actuelles autour du Fuse pourraient faire avancer le débat en Belgique.
Nos confrères du Soir rappellent qu’en Allemagne, à Berlin, les clubs sont désormais reconnus comme des lieux culturels. Chez nous, ils sont considérés comme des débits de boissons. «Or, si on était un lieu culturel, le principe d’antériorité s’appliquerait: ce serait aux personnes qui viennent s’installer à côté du club de faire le nécessaire pour rendre leur bâtiment insonorisé», expliquait il y a quelques mois le patron du Fuse.
Trente-cinq ans après la naissance de la musique techno à Detroit, il est sans doute temps que les choses changent et que le clubbing soit reconnu comme une culture. La vie nocturne bruxelloise n’attend qu’une chose, c’est de se développer. Et à voir les réactions sur les réseaux sociaux, de nombreux Belges mais aussi des touristes du monde entier et des DJs internationnaux n’attendent que ça.
Le Fuse n’est pas encore mort
À Berlin, le tourisme de la nuit rapporte chaque année plus de 1 milliard d’euros à la ville. Voilà qui devrait peut-être faire réfléchir les autorités bruxelloises.
«La perte de cette institution de la vie nocturne serait un crève-cœur pour tous les amateurs de musique et de culture au sens large. Le Fuse est également un acteur économique important et un centre dynamique de la culture des jeunes», a indiqué la Brussels By Night Federation, à l’origine de la pétition.
Du côté politique, le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close (PS) et le ministre bruxellois de l’Environnement Alain Maron (Ecolo) ont tous deux souhaité «une réouverture rapide» de la discothèque. Le Fuse n’est donc pas encore mort et tous les espoirs sont encore permis.
Le Fuse a fait appel de la décision. Une décision est attendue d’ici le 25 janvier.
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