Supercade, le pari fou (et magique!) d’ouvrir une salle d’arcade en 2021
Depuis quelques semaines, un parfum des années 80 souffle près du centre de Bruxelles. Le 1er mai dernier, dans la rue du Prince Royal, une petite rue perpendiculaire à la Porte de Namur, une salle remplie de bornes d’arcade a ouvert ses portes. C’est Mustafa Al-Darwich, alias Tonton Gaby, qui est à l’origine de cette idée ambitieuse et, il faut le dire, un peu folle aussi!
Jamais en manque d’idées, ce trentenaire bruxellois, gérant depuis trois ans de l’enseigne Super Gaby Games située dans la même rue, a développé ce projet de salle d’arcade l’an passé, durant le premier confinement. «J’ai toujours été fasciné par l’arcade. Tout petit, j’allais dans les Luna Park où il y avait ces fameuses bornes de jeux vidéo. Il y en avait aussi dans les foires, dans les patinoires, dans les cafés. Ça m’a toujours fasciné. Je voulais qu’on retrouve dans Supercade cette dimension de salles d’arcade qu’il y avait dans les années 80, 90 et début 2000. On la retrouve encore dans certains endroits du globe mais en Belgique, elle a quasiment disparu», nous raconte Mustafa.
Pour se lancer dans ce projet, il a fait appel à Owen, un autodidacte touche à tout, bricoleur et passionné par les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance. Les douze bornes d’arcade disponibles ont toutes été créées par Owen. De la découpe du bois à l’assemblage, en passant bien sûr par la partie programmation et informatique, il s’est occupé de tout. Même s’il n’y a pas le charme des bornes de l’époque joliment décorées qui en envoient plein les yeux et les oreilles, les bornes conçues par Owen respirent la passion et la qualité. Elles permettent de faire tourner dans des conditions optimales des classiques de l’arcade sortis dans les années 80 et 90, des pépites méconnues du grand public, mais aussi des jeux récents comme Mortal Kombat 11, Tekken 7 ou encore Dragon Ball FighterZ.
N’espérez pas arriver chez Supercade avec vos pièces de 20 francs belges de l’époque! Ici pas de monnayeurs. C’est avant tout une question de temps et d’argent. Les anciennes bornes d’arcade tombent souvent en panne, elles nécessitent un entretien et une maintenance considérable et les pièces sont de plus en plus compliquées à trouver. Malgré l’envie, Supercade a également dû faire une croix sur l’idée d’installer des écrans cathodiques ou CRT dans les bornes. À l’intérieur, ce sont des écrans HD destinés à la bureautique. Sans reflets, ils peuvent être regardés de près, sans faire mal aux yeux, et permettent de jouer dans un confort non négligeable.
Chaque borne ou presque a sa spécificité. Certaines sont dédiées à la Neo-Geo, d’autres à Capcom. Dans la pratique, des dizaines de jeux sont disponibles sur chacune des bornes mais le client ne peut pas changer lui-même le jeu. «Je choisis les jeux car les gens sont souvent perdus. Quand un client arrive, je l’accueille et je lui demande à quel type de jeu il a envie de jouer ou de revoir. Cela fait partie du service», explique Owen.
On y retrouve des centaines de jeux sortis entre le début des années 80 et 2020. Mais n’espérez pas jouer à Super Mario Bros. «Ce n’est pas une salle de jeux console, c’est une salle de jeux d’arcade», précise Owen. On retrouve donc beaucoup de jeux de combats ou encore des beat them all. Il y a aussi un espace dédié aux jeux de flingues, ceux avec lesquels il faut viser et tirer avec une arme factice vers l’écran. Bientôt des jeux de voitures pourront aussi être joués chez Supercade. En effet, Owen prévoit de concevoir une borne avec un volant dédiée à tous les jeux de bagnoles.
Chaque borne permet de jouer seul ou à deux. Il est ainsi possible d’affronter un ami ou un autre client dans la salle. Est-ce pour autant qu’il y a des rapprochements entre joueurs? «Généralement, deux clients qui ne se connaissent pas, ne vont pas jouer l’un contre l’autre. Mais sur la borne la plus populaire de Supercade, consacrée à Mortal Kombat 11, des rapprochements ont lieu! C’est vraiment chouette. Il commence à y avoir une certaine ambiance, avec des gens qui ne se connaissent pas qui rigolent et qui s’amusent. Quand je vois ça, ça me touche au cœur et c’est la raison pour laquelle je voulais me lancer dans ce projet. J’ai envie de voir les gens se retrouver, surtout après le Covid, on a besoin de ça!», confie Owen.
Dans la pratique, il est possible de soit payer pour jouer un certain laps de temps, soit de souscrire à un abonnement. Avec des formules de 1 mois, 6 mois ou 12 mois qui pour une trentaine d’euros par mois donnent un accès illimité à la salle (mais cadré de manière à éviter les abus), Supercade devient ainsi une sorte de Basic Fit du jeu vidéo. «Le but est de créer un endroit où on peut rapidement s’amuser si on a une petite demi-heure à tuer. Tu payes 10 €, tu peux jouer pendant 2h et si c’est trop, tu peux jouer 30 min ou 1h», détaille Tonton Gaby.
Quelques semaines après l’ouverture, le concept rencontre déjà son public et Mustafa se montre satisfait de l’engouement. Il y a notamment plusieurs écoles dans le quartier et des jeunes ayant entre 12 et 20 ans viennent jouer. Quel est le profil des personnes qui poussent la porte de Supercade? «Des geeks et des geekettes qui ont entre 25 et 35 ans! C’est un terme qui était péjoratif il y a 10 ou 20 ans mais aujourd’hui, je crois que c’est plutôt l’inverse. Les gamins d’aujourd’hui ont envie de jouer à des jeux comme Street Fighter 5 ou Tekken 7. Ils préfèrent les jeux récents. Mais il en fallait pour les deux publics. On a par exemple un habitué qui ne vient que pour Pac-Man. Tous les jours, il vient jouer 1h ou 30 minutes à ce jeu», poursuit-il.
«Le but est d’offrir un service amusant à notre clientèle et à notre nouvelle clientèle», conclut Mustafa qui s’imagine déjà l’ouverture d’autres salles en Belgique ou d’un Supercade XXL, une salle d’arcade étendue sur 1000 m² avec des machines de l’époque restaurées.