Vincent Firelife, le Youtubeur qui a suivi le quotidien des pompiers bruxellois: «Ils ont été très accueillants»

Ancien pompier de Paris, le Youtubeur Vincent Firelife suit depuis plusieurs années le quotidien des pompiers aux quatre coins du monde. Il y a quelques mois, il a fait escale à Bruxelles pour l’enterrement de Jean-François Spelmans, décédé dans l’incendie de l’hôtel Sheraton. Avant son retour dans la caserne centrale de l’Héliport en juin, il nous partage son expérience.

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(cd)
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Comment vous êtes-vous lancé dans ce projet de filmer les pompiers du monde?

«J’ai quitté les pompiers de Paris il y a quelque temps mais ça m’a toujours amusé de montrer des images à ma famille, même quand j’étais encore pompier. Je filmais en intervention, ce qui est interdit. C’était le tout début de YouTube, en 2006 voire 2007. À l’époque, ce n’était pas encore un réseau social comme aujourd’hui mais juste un outil de partage de vidéos. Cela me permettait vraiment de montrer à ma famille ce que je vivais. Après, YouTube est monté en puissance, idem pour mes vidéos. Plus personnellement, j’ai toujours aimé montrer des histoires et l’envers du décor. Donc, maintenant, je montre la vraie vie des pompiers, aussi hors de l’uniforme. Ce sont des gens qui vivent des moments difficiles. Ce ne sont pas des superhéros. Je voulais aussi montrer qu’il y a du travail dans une caserne. Les gens n’imaginent pas tout le travail et la technicité qu’il y a derrière le travail des pompiers. Désormais, je ne fais que ça. Je rends hommage aux pompiers en visitant les services de secours et en montrant leur visage au public.»

Vous vous êtes retrouvé à Bruxelles pour les funérailles de Jean-François Spelmans, décédé dans l’incendie de l’hôtel Sheraton en mars dernier.

«J’avais quelques amis qui le connaissaient. Du coup, je leur ai dit que je pouvais faire une vidéo en hommage à ce pompier. C’est comme ça que je me suis retrouvé avec les pompiers de Bruxelles. Finalement, je suis resté plusieurs jours. Quinze au total. Puis, le travail que j’ai fait leur a tellement plu qu’ils m’ont proposé de revenir en juin pour travailler un peu plus sur le long terme.»

L’intégration s’est donc vraiment bien passée?

«Oui, les pompiers sont contents que je m’intéresse à eux. Vu que j’ai moi-même été pompier, je comprends ce qu’ils vivent et j’essaye de le retranscrire au mieux. Comme j’ai pas mal voyagé, j’ai des pompiers des quatre coins du monde qui me suivent également. Je traduis toutes mes vidéos et donc c’est intéressant pour eux que je partage leur expérience bruxelloise.»

Y a-t-il une différence entre les pompiers bruxellois et ceux d’un autre pays que vous avez visité?

«Il n’y a pas de grande différence entre les pompiers du monde. Le rythme de travail est à peu près le même. L’esprit est le même. Par exemple, l’humour est le même ici qu’en Espagne, où je me trouve actuellement. Au niveau du matériel, c’est pareil. Ce sont souvent des grandes marques donc tout se ressemble un peu. Après, il y a des petites différences au niveau du fonctionnement, c’est logique. Mais ce sont des nuances, il faut être pompier pour les voir. Sinon, quand je rentre dans une caserne, c’est pareil. Il y a le même état d’esprit. Mais c’est vrai que les pompiers bruxellois ont été particulièrement gentils et accueillants avec moi. C’est pour cela que je reviens avec plaisir en ce mois de juin.»

Quel est le moment qui vous a le plus marqué durant votre séjour, en dehors des funérailles de Jean-François Spelmans?

«J’allais justement parler de ces funérailles. Mais au-delà de ça, j’ai vécu les jours après l’incident et la cérémonie. Et cette cérémonie était vraiment une manière pour les pompiers de tourner la page et de commencer leur deuil. Une fois que les funérailles étaient terminées, je me suis rendu compte que la vie avait repris. Cela leur faisait du bien de pouvoir passer à autre chose et de commencer le processus de deuil, même si c’est difficile et que le nom de Jean-François ressortait régulièrement. J’ai aussi ressenti que cela leur faisait du bien de m’en parler en tant que personne extérieure. Au niveau des interventions, j’ai trouvé que les pompiers bruxellois faisaient beaucoup d’interventions sur les incendies. Après, il n’y en a pas eu de vraiment marquante pendant que j’étais là.»

Dans un post sur les réseaux sociaux, vous avez expliqué qu’il est difficile de filmer les pompiers en France. Pourquoi?

«C’est compliqué car chaque département a son service de communication. J’essaye de contacter certains départements mais ils n’ont pas l’habitude et je pense qu’ils préfèrent gérer ça entre eux. Après, les portes s’ouvriront certainement à un moment donné. Mais j’ai trouvé que les Belges se sont montrés beaucoup plus réceptifs. Par exemple, à Namur, il y a chaque année la compétition de course sur corde qui s’appelle le ‘Grimpday’. J’y vais depuis quatre ans pour filmer l’événement alors qu’en France c’est beaucoup difficile. C’est aussi pour ça que je vais essayer de me concentrer un peu plus sur la Belgique.»

Comment expliquez-vous cette fascination qu’il y a autour des pompiers alors qu’on connaît si peu leur quotidien?

«C’est compliqué car on ne voit les pompiers que quand on a besoin d’eux. Le reste du temps, on va juste voir une caserne avec les portes fermées. Et les gens ne savent pas que dans cette caserne, il y a des entraînements, des manœuvres, des compétitions. Pour l’instant, je suis en Espagne et ils préparent une grosse compétition de course sur corde. C’est vraiment impressionnant car c’est très technique. Même moi qui étais pompier, je suis incapable de faire ce qu’ils font tellement c’est technique. Et ça les gens ne le savent pas. C’était encore pire quand j’étais à Taïwan où les gens ne connaissent vraiment pas le boulot des pompiers. J’ai eu beaucoup de commentaires en chinois sur mes vidéos d’internautes qui disaient qu’ils ne savaient pas que les pompiers travaillaient aussi dur. Ils pensaient qu’ils passaient leur temps à faire la sieste ou du sport.»