Attentat à Bruxelles: le niveau de menace repasse à 3: «Il n’y a pas d’indication que l’auteur appartenait à un réseau»
L’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (Ocam) a décidé mardi de redescendre le niveau de la menace de 4 à 3 pour la Région de Bruxelles-Capitale. L’ensemble du pays est donc désormais au niveau 3 ("grave"), a annoncé le Premier ministre Alexander De Croo. Il a également insisté sur le fait qu’ «un ordre de quitter le territoire doit devenir plus contraignant».
Le niveau de la menace avait été rehaussé à 4 lundi soir après qu’un homme a tué deux personnes et blessé une troisième à proximité de la place Sainctelette à Bruxelles. Les trois victimes sont d’origine suédoise. Dans une vidéo, l’auteur a revendiqué ses actes et affirmé sa sympathie pour l’État Islamique.
Niveau 3
Il a finalement été neutralisé par les forces de l’ordre mardi matin et est décédé peu après de ses blessures mettant de facto fin au «caractère imminent de la menace» qui justifiait le niveau de menace 4 ("très grave"), niveau maximal en Belgique, a expliqué le chef du gouvernement. Le niveau trois est néanmoins tout de même synonyme de présence policière renforcée.
L’auteur de l’attaque, Abdesalem L., était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQT) depuis 2021 après avoir été débouté de sa demande d’asile. C’est pourquoi le Premier ministre souhaite également que cette mesure soit rendue plus contraignante.
Etre plus ferme
À cette fin, la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration a annoncé mardi vouloir «réagir plus fermement» si les pays ne coopèrent pas avec la Belgique en acceptant de reprendre leurs ressortissants faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire belge. Nicole de Moor entend utiliser «des mesures en matière d’investissements commerciaux, de coopération au développement et de politique des visas» comme moyen de pression envers ces pays, a-t-elle expliqué.
«Pour les personnes qui reçoivent une décision négative, nous devons absolument être en mesure d’organiser des retours», a déclaré mardi la secrétaire d’État. «Un suivi proactif immédiatement après la décision négative» pour éviter que la personne concernée ne disparaisse du radar des autorités est dès lors «crucial».
Connu de la police mais sans casier judicaire
Car Abdesalem L. évoluait en effet «sous la surface» depuis sa radiation du logement qu’il avait indiqué à Schaerbeek. L’homme possédant un casier judiciaire vierge et n’apparaissant pas sur la liste de l’Ocam comme étant extrémiste ou radicalisé, il était difficile d’organiser un retour forcé.
L’assaillant était néanmoins connu des services de police et avait été signalé à quatre reprises. Néanmoins, ces signalements étaient insuffisants pour l’inscrire sur la liste terroriste de l’Ocam, a assuré le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Le dernier signalement en date faisait état d’une condamnation pour terrorisme en Tunisie, son pays d’origine, mais les autorités tunisiennes ont démenti et évoqué une condamnation pour des faits de droits communs.
«Loup isolé»
Le ministre de la Justice a également affirmé qu’»il n’y a pour le moment pas d’indication que l’auteur appartenait à un réseau». «À ce stade de l’enquête, il ne semble pas que l’attentat ait été organisé par une structure terroriste plus vaste. La piste du loup solitaire est privilégiée», a confirmé le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, qui a également affirmé que l’enquête s’intéressait aux éventuels liens avec les Corans brulés en Suède comme possible mobile.
Selon M. Van Leeuw deux armes de poing et un couteau dont l’origine «reste à déterminer» ont également été retrouvés «dans les environs immédiats de l’ancien domicile de l’auteur». Elles viennent s’ajouter à l’arme de modèle AR-15 retrouvée dans le café où il a été neutralisé.
Enquêtes en cours
En outre, deux personnes ont été interpellées par la police afin d’être auditionnées «en raison de leurs contacts potentiels avec l’auteur présumé de l’attaque», a ajouté le procureur fédéral. «De nombreux devoirs d’enquête se sont poursuivis». Quatre perquisitions ont été menées dans la matinée.
La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden a pour sa part affirmé que l’absence de mesure de sécurité plus importante n’ait été prise pour le match de football entre la Belgique et la Suède s’expliquait, par le fait que ce match n’était «pas un sujet de préoccupation majeur pour qui que ce soit». Selon Vincent Van Quickenborne, l’Ocam a procédé à une évaluation de la menace au début de l’année à la suite des autodafés de Corans en Suède. Celle-ci a été jugée «très faible et il n’y avait donc «aucune indication concrète» que quelque chose allait se produire.
Enfin, Annelies Verlinden a laissé entendre que la phase fédérale (au cours de laquelle les différents services sont coordonnés au niveau fédéral) resterait activée jusqu’à demain/mercredi, sauf en cas de «contre-indications».
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