Connaissez-vous la théorie du donut?

À l’heure de l’urgence sociale et environnementale, comment rendre nos villes durables et résilientes? Amsterdam, Copenhague mais aussi Bruxelles ont choisi de tester un nouveau modèle: la théorie du donut.

par
Oriane Renette
Temps de lecture 3 min.

«En économie, l’outil le plus puissant n’est pas l’argent, ni même l’algèbre. C’est un crayon. Parce qu’avec un crayon, vous pouvez redessiner le monde.» C’est ainsi que s’ouvre le best-seller de l’économiste britannique de l’université d’Oxford Kate Raworth. Et c’est sous son crayon qu’est née, alors qu’elle travaillait dans les bureaux d’Oxfam, la Théorie du Donut. Ce modèle d’économie circulaire articule enjeux sociaux et environnementaux pour rendre nos villes durables, résilientes et inclusives.

La théorie du donut, kesaco?

Comment répondre aux besoins sociaux de chacun tout en respectant les limites de notre planète? Cette question, plus que jamais d’actualité, Kate Raworth y répond avec une image simple: celle d’un donut. Celui-ci est délimité par un plafond environnemental (cercle extérieur) et un plancher social (cercle intérieur). Entre les deux, un «espace sûr et juste pour l’humanité» dans lequel peut «prospérer une économie inclusive et durable» [«La Théorie du Donut, l’économie de demain en 7 principes», Kate Raworth].

Le plancher social représente les fondations sur lesquelles chacun peut s’épanouir: 12 besoins de base devant être assurés (alimentation, eau potable, santé, éducation, logement, travail digne, égalité des genres…). Le plafond environnemental, quant à lui, représente les limites des ressources planétaires (préservation des ressources naturelles, protection de la biodiversité, préservation des forêts et des sols, lutte contre la pollution…)

Plancher social et plafond environnemental représentent ainsi les contours du donut que l’on ne peut pas «grignoter», au risque de mettre les besoins essentiels de l’humanité en péril, ou de mettre notre planète sous pression. C’est donc à l’intérieur du donut (dans le nappage) que l’économie peut prospérer. C’est l’équilibre qu’il faut atteindre.

Changer de logiciel

Ce donut remet les préoccupations sociales et environnementales au cœur des décisions. Il peut donc servir de boussole pour orienter les politiques et décisions économiques, et ce à n’importe quelle échelle (d’une ville, d’une région, d’un pays…). C’est aussi une manière de lier problématiques socio-économiques et environnementales, de telle sorte que l’une ne puisse plus être pensée ni traitée sans l’autre.

Pour Kate Raworth, la Théorie du Donut permet surtout de sortir d’un objectif de croissance du PIB à tout prix, en proposant des indicateurs alternatifs de bien-être et de durabilité. Il s’agit, explique-t-elle, de passer d’une vision de croissance infinie (qui détruit notre planète et creuse les inégalités) à une vision circulaire, à une prospérité équilibrée. De transformer notre économie pour qu’elle puisse continuer de prospérer sans être obligée de croître.

Aujourd’hui, l’autrice parcourt le globe pour présenter sa théorie aux quatre coins du monde, et ainsi inviter chacun et chacune à repenser notre système. Quel avenir voulons-nous demain? Un monde donut, l’idée ne semble plus si farfelue!