Une expérience artistique saisissante fait vivre le harcèlement de rue

Un collectif d’artistes a créé un simulateur de harcèlement. «Poésie masculine» fait entrer les hommes dans la peau des femmes et les femmes dans la tête des hommes. Personne n’en ressort indemne.

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 2 min.

Malgré des avancées lors de ces dix dernières années, le harcèlement de rue est loin d’avoir disparu. Neuf Bruxelloises sur 10 ont déjà été victimes de harcèlement sexiste. Jusqu’au 15novembre, un simulateur de harcèlement baptisé «Poésie Masculine» est installé à l’hôtel de ville de Saint-Gilles, à Bruxelles. L’œuvre a été conçue par un collectif d’artistes composé de Nathalie Erin et Frédéric Durieu, deux Montpelliérains, et de Gilles de Boncourt, un Bruxellois. Elle se présente sous la forme d’un tunnel de 8,5m de long pour 4m de haut et 4m de large. Durant cinq minutes, cinq tableaux interactifs sont projetés autour des visiteurs. Des hommes qui livrent le fond de leur pensée et lâchent toutes sortes de commentaires, des centaines d’yeux qui fixent et suivent les visiteurs ou encore des mains qui tentent de les toucher. Le but de l’œuvre est de permettre une prise de conscience par les hommes de ce que vivent les femmes mais aussi de libérer la parole des femmes et les déconditionner de la normalité du harcèlement.

«Ça nous fait ressentir dans nos tripes ce que des femmes peuvent vivre»

Personne ne ressort indemne de cette expérience. La plupart des visiteurs sont même complètement bouleversés. «Il faudrait que beaucoup de monde voit cela pour se rendre compte de la gravité de la situation», s’exclame un jeune homme. «Cela me permet de mieux comprendre ce que ma femme et ma fille m’ont souvent dit. Je me sens à leur place et c’est bien», témoigne un père de famille. «Je suis toute retournée. Je me disais: ‘il faudrait mettre un mec là-dedans’. Il faut qu’ils se mettent à notre place et qu’ils réalisent ce que c’est pendant au moins cinq minutes», commente une jeune femme. «C’est horrible comme sensation, ça fait froid dans le dos. J’en tremble encore». «Ça nous fait ressentir dans nos tripes ce que des femmes peuvent vivre. C’est hallucinant», racontent deux hommes à la sortie de l’installation artistique.

Le dispositif «Poésie Masculine» est installé jusqu’au 15novembre à l’Hôtel de ville de Saint-Gilles. Il ira ensuite à Nice. Plusieurs autres villes belges et françaises ont déjà montré leur intérêt pour installer cette œuvre glaçante mais nécessaire.

Plus d’infos sur www.poesiemasculine.com