Bientôt des sièges-lits dans les avions long-courriers ?
Une lumière tamisée, des sièges qui se transforment en lits horizontaux, isolés des autres passagers: pour mieux capter la lucrative clientèle de classe Affaires, Air France et les grandes compagnies mondiales consentent d'importants investissements pour améliorer les cabines de leurs avions long-courriers.
Dans un vaste hangar d'Air France Industries sur l'aéroport parisien d'Orly, un Boeing 777 profite de son passage en "maintenance lourde" pour changer la totalité des sièges. Un chantier de près de sept semaines occupant jusqu'à 160 personnes.
Des sièges-lits
Au centre de l'attention, de nouveaux sièges "Business" tout en courbes, transformables en lit et équipés d'une petite porte coulissante pour que le passager ait son propre espace privatif.
L'hippocampe ailé lumineux apposé à chaque place et le bleu nuit de la cabine illustrent également la stratégie de montée en gamme de la compagnie nationale française.
"Il est essentiel d'avoir un confort-cabine qui soit aux meilleurs standards, et même au-dessus de la plupart de nos concurrents", explique Fabien Pelous, directeur de l'expérience client chez Air France.
Pour cela, la compagnie a investi 180 millions d'euros pour refaire les cabines de 12 B777. "Après cela 100% de notre flotte long-courriers sera équipée de sièges-lits", ajoute-t-il.
"C'est un projet très important pour nous, on a gardé tous nos investissements clients" pendant la crise du Covid qui a plongé les compagnies mondiales dans des abysses financiers, insiste-t-il.
Avec un trafic long-courrier qui ne devrait retrouver qu'en 2025 au niveau mondial son niveau de 2019, nombre de compagnies ont taillé dans les coûts de réfection cabines. Mais certaines, notamment celles engagées dans le segment "Premium", continuent d'y investir massivement, à l'instar d'Emirates qui a investi 350 millions d'euros pour équiper 50 gros-porteurs A350 de systèmes de divertissements à bord (IFE, pour In Flight Entertainment) dernier cri.
"Elles continuent d'investir et d'investir beaucoup sur les cabines car c'est ce qui leur permet de se différencier pour la clientèle la plus contributrice et qui tire la rentabilité de toutes les compagnies", explique Pascal Fabre, expert en transport aérien au cabinet de conseil Alix Partners.
Les sièges Business ne représentent que 10% de la capacité de passagers mais peuvent représenter 60% de la rentabilité dégagée par un avion.
Dans le Boeing 777 actuellement en fin de chantier et qui volera à l'automne vers New York, le nombre de sièges de Business est passé de 42 à 48. Le nombre de places en "Premium Econonomy", également plus rentables, est passé de 24 à 48, tandis que la classe éco a été ramenée de 315 à 273 places.
Des avions plus lourds
Ces sièges plus imposants et leur coque privative, sont plus lourds. "Mais on a gagné du poids sur l'alimentation électrique des systèmes de divertissement", explique Frédéric Roi, l'organisateur du chantier, en montrant derrière les faux-plafonds retirés le temps des travaux les forêts de câbles qui serpentent le long de l'appareil.
Alors que le secteur aérien traque le moindre kilogramme synonyme de consommation de carburant et donc d'émissions de CO2 supplémentaires, l'avion de 166 tonnes pèsera 500 kg de plus. Un embonpoint selon lui plus que compensé par le poids des passagers et de leurs bagages en moins.