Les piqûres sauvages dans les bars étaient-elles une légende urbaine?
Il y a un an, la Belgique, la France et d’autres pays voisins étaient touchés par une mystérieuse vague de piqûres sauvages lors des fêtes, des concerts et des soirées. Avec un peu de recul, on fait le point!
Que s’est-il passé?
Souvenez-vous, à partir du printemps 2022 et durant une partie de l’été, des centaines de personnes ont affirmé avoir été piquées par des inconnus lors de soirées. Le phénomène des piqûres sauvages avait pris de l’ampleur en Belgique et en France, où plus de 2.000 plaintes ont été déposées.
Quand est-ce que cela s’est arrêté?
Rapidement, une véritable psychose est née. Chez nous, plusieurs plaintes avaient notamment été déposées lors du festival Inc’Rock, tout comme au Doudou à Mons. Le phénomène avait même commencé à inquiéter les organisateurs des grands festivals d’été comme Dour et Les Ardentes qui avaient pris la menace très au sérieux. Finalement, les festivals d’été en Belgique se sont déroulés sans piqûres. Et quelques mois après être apparu, le phénomène des piqûres sauvages a disparu à la fin de l’été. «Depuis plusieurs mois, nous n’avons plus rien», confirme la Police de Bruxelles.
Qu’ont donné les analyses?
En Belgique comme en France, de nombreuses analyses ont été faites sur des victimes de ces piqûres sauvages. De part et d’autre de la frontière, le constat est le même: aucune drogue n’a été retrouvée dans leur sang ou leur urine. D’ailleurs, aucune victime n’a fait état d’actes d’agression sexuelle ou même de vol suite à une piqûre. Par contre, le risque de transmission de VIH ou d’autres maladies était bien réel.
En France, plusieurs suspects ont été arrêtés mais pas en Belgique, où aucune seringue n’a été retrouvée. «Aucun auteur n’a pu être identifié et aucune substance n’a pu être détectée parmi les échantillons analysés», a récemment confirmé à la DH le porte-parole du parquet de Bruxelles.
Quelles sont les explications?
Rapidement, certains experts ont commencé à mettre en doute le mode opératoire. Ils insistaient notamment sur le fait que cela demandait beaucoup de technique pour piquer un individu à son insu et que l’on ressentait une vive douleur en étant piqué dans un muscle ou ailleurs.
Pourtant, des piqûres ont bien eu lieu dans certaines soirées. Des photos de victimes peuvent notamment en témoigner. Alors peut-on parler d’une certaine psychose collective? Oui, pour le docteur Philippe Boxho, expert judiciaire et professeur en médecine légale à l’ULiège, qui estimait que certaines personnes ont eu «l’impression qu’elles ont été piquées alors que ce n’est pas le cas».
La psycho-induction
Un an après le début du phénomène, le criminologue belge Michael Dantinne évoque quant à lui la thèse de la psycho-induction. Il estime que certaines personnes ont bel et bien été piquées. Et même si aucune drogue n’a été injectée, la personne piquée a pu ressentir des effets de manière psycho-induite. Le criminologue compare cela à une personne qui mangerait de la nourriture périmée sans le savoir et sans être malade, mais qui développera des symptômes quelques jours plus tard en apprenant que le plat n’était plus de première fraîcheur. Parallèlement à ce phénomène, il estime que des personnes qui pensent avoir été piquées, sans l’avoir été, peuvent également développer des symptômes.
Qui sont les piqueurs?
Enfin, certains experts se sont attardés sur les profils des personnes qui se sont amusées à piquer les fêtards l’an passé. Philippe Boxho évoquait des gens «assez crétins pour se dire que piquer les gens pour provoquer la paniqueest une bonne idée ». Auprès de la DH, le criminologue Michael Dantinne estime quant à lui qu’il s’agit de l’œuvre de quelques personnes mal intentionnées qui, par le biais d’un comportement d’imitation, ont voulu créer une sorte d’hystérie collective. Pour lui, ces gens «savaient très bien qu’ils n’allaient rien injecter mais ils savaient qu’il y avait une sorte de ‘tendance’ dans la société. Ils ont alors voulu l’alimenter. »