Alexandre Murat, quand un objet de famille inspire un thriller: «L’histoire ne nous a pas encore livré tous ses secrets»

Et si Napoléon avait voulu dissimuler un secret qui pourrait changer la face du monde? Avec «Aranéa», Alexandre Murat, descendant direct du Maréchal Murat, signe un thriller où passé et présent se mêlent sur les traces de l’empereur. Plongée dans une page de l’Histoire…

par
Oriane Renette
Temps de lecture 4 min.

Votre point de départ, c’est cet aigle en argent. Comment a-t-il donné naissance à votre roman?

«Tout part d’une histoire vraie. Napoléon, à la fin de sa vie à Sainte-Hélène, décida de distribuer par testament des petits aigles en argent qui étaient sur les soupières de son argenterie. L’un d’entre eux a été donné à Caroline Murat, sa petite sœur née Bonaparte et mariée au général Joachim Murat. De descendance en descendance, il est arrivé entre mes mains. Ce tout petit objet a voyagé à travers le temps et l’espace. C’est un objet intime, familial, distribué uniquement à ses proches. Et que Napoléon a tenu dans ses mains quelques jours avant sa mort. J’ai trouvé le cliché émouvant. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. D’autant que cette histoire est très peu connue.»

J’imagine que l’histoire de Napoléon vous a bercé depuis l’enfance…

«Oui, ça m’a bercé depuis l’enfance. J’ai vécu dans une sorte de ‘mini-musée’ qu’était l’appartement de mes parents. Et j’ai toujours entendu beaucoup d’histoires liées à ça. Néanmoins, je me suis beaucoup documenté car je voulais que les gens puissent se divertir mais aussi apprendre des choses en lisant ce roman. Ce travail de documentation a d’ailleurs alimenté mon imagination par la suite. Et puis, quand vous vous appelez Murat et que vous écrivez sur Napoléon, vous vous devez d’être très précis (rires)!»

Comment expliquez-vous cet engouement, cette fascination même pour le personnage de Napoléon encore aujourd’hui?

«Ça m’a moi-même fasciné de voir à quel point il y a un engouement! Dans l’Histoire, il y a assez peu de personnages qui ont, à eux seuls, changé le cours du monde. Car à l’époque, changer le cours de l’Europe, c’était changer le cours du monde. Napoléon a non seulement modelé le cours de l’histoire par ses conquêtes, mais aussi par tout ce qu’il a construit, avec l’introduction du Code Civil et la diffusion des valeurs françaises, par exemple. Aussi, c’est quelqu’un qui avait une vision. Des convictions. Et cela manque aujourd’hui. Les gens retrouvent en Napoléon ce qui leur manque aujourd’hui dans notre classe politique. Cette vision fascine, son génie fascine. D’ailleurs, certaines de ses citations, notamment sur les États-Unis ou la Russie, sont encore entièrement d’actualité, ligne pour ligne! C’est en même temps un peu flippant!»

Pensez-vous que l’histoire ne nous aurait pas encore dévoilé tous ses secrets sur la période impériale?

«Oui. C’était il y a 200 ans: cela peut sembler lointain, mais à l’échelle de l’Histoire c’est très peu. À force d’éplucher les archives, on découvre encore des choses que l’on ignorait! Il y a eu plus de livres écrits sur Napoléon que de jours écoulés depuis sa mort! À chaque fois, on redécouvre un angle, une interprétation ou des choses nouvelles… Et je pense qu’il reste encore beaucoup de choses à découvrir.»

L’intrigue prend ses racines au 19º mais se déroule à notre époque. Pourquoi avoir mêlé passé et présent?

«Ce qui m’amusait, c’était le choc des cultures. Et de mettre à disposition de mes enquêteurs toutes les technologies modernes. Je voulais aussi intégrer la question du marché noir de l’art. Ce trafic a pris son essor après la deuxième guerre mondiale. Enfin, je voulais aussi que le lecteur s’identifie le plus possible à mes personnages d’enquêteurs.»

Ce premier roman, ça fait longtemps que vous le portiez en vous?

«J’avais l’intrigue générale en tête depuis pas mal d’années mais je m’y suis mis en 2018. Quand j’ai commencé Aranea, je n’avais strictement aucune idée sur la façon dont ça allait se finir! Je me suis laissé porter par l’histoire, par les personnages, par toute la documentation… Peu à peu, l’histoire a pris forme. Ce qui n’est pas le cas pour la suite. L’approche a évolué naturellement.»

Vous confirmez donc qu’il y aura un tome 2?

«Effectivement, Aranea va avoir plusieurs vies. D’une part, une vie à l’écran puisque j’ai vendu les droits audiovisuels pour une série sur Amazon ou Netflix. D’autre part, je suis en train d’écrire la suite. J’aimerais qu’Alex et Mary deviennent des héros récurrents, confrontés à différents mystères historiques à résoudre.»

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