Qu’est-ce qu’on lit? «Environnement toxique» de Kate Beaton
Sorti le 8 mars dernier aux éditions Casterman, «Environnement toxique» de Kate Beaton est un témoignage fort et puissant. C’est pour nous le meilleur roman graphique de ce début d’année 2023.
Qu’est-ce que ça raconte?
Pour rembourser son prêt étudiant, Kate n’a guère le choix: elle doit quitter sa Nouvelle-Écosse natale pour aller travailler à l’autre bout du Canada, dans l’ouest lointain, là où l’on extrait le pétrole des sables bitumineux. Souvent isolée, naviguant de site en site, la jeune femme découvre un monde marqué par le harcèlement quotidien et le sexisme de nombreux collègues masculins. Sans se départir de son empathie ni de son humour, soutenue par des allié.e.s de confiance, Kate s’interroge sur la violence de son univers professionnel, qu’il s’agisse des relations humaines ou de l’exploitation forcenée des ressources naturelles. A-t-elle mis les pieds dans un univers parallèle, ou cette violence n’est-elle que le reflet de notre société?
Ce qu’on en pense
Attention, livre choc! Tout au long des 400 pages de ce roman graphique, Kate Beaton raconte un peu moins de trois ans de sa vie. Elle livre un témoignage sincère, intime, précieux et édifiant. En 2005, alors qu’elle venait de terminer ses études à l’université, elle décide de tout faire pour rembourser le plus rapidement possible son prêt étudiant. Pour cela, comme beaucoup de personnes venues de sa région reculée du Canada, elle part travailler à des milliers de kilomètres de chez elle, dans l’Alberta, pour des entreprises qui exploitent les sables bitumineux.
Si l’exploitation est toxique pour l’environnement, c’est bien l’environnement toxique que Kate Beaton met en évidence dans son récit. Elle livre son quotidien dans un environnement de travail où les hommes sont 50 fois plus nombreux que les femmes. «Pour moi, le pire aspect du harcèlement que je subis ici, c’est pas que les gens disent des trucs dégueulasses. C’est qu’ils le disent d’une voix qui ressemble à la mienne (…) ils ressemblent à mes cousins et à mes oncles. Ils me sont familiers», livre-t-elle. «Environnement toxique» est un témoignage fort et puissant. C’est pour nous le meilleur roman graphique de ce début d’année 2023.
«Environnement toxique» de Kate Beaton, éditions Casterman, 440 pages, 29,95 €