Six excellentes BD à découvrir en cette rentrée
Après 13 ans d’absence, cette rentrée 2021 signe le retour de «Dieu n’a pas réponse à tout». Après deux tomes parus en 2007 et 2008, Tonino Benacquista au scénario et Nicolas Barral au dessin offrent un troisième tome à cette série humoristique, pétillante et intelligente. Le principe reste le même: confortablement installé dans son bureau céleste, Dieu veille sur les humains. Mais il lui arrive aussi parfois de tomber sur un os, un problème pour lequel il n’a pas de solution. Il va donc chercher dans le fichier des membres du paradis celui ou celle qui pourra retourner sur Terre pour l’aider. À chaque fois, il s’agit d’une figure historique bien connue. Après déjà avoir «ressuscité» Freud, Marilyn Monroe ou encore Al Pacino, dans ce troisième tome, le duo donne vie à Gandhi, Maria Callas, Victor Hugo et Michel Audiart. C’est toujours aussi drôle, original et joliment dessiné. Et si vous avez loupé les deux premiers épisodes, ils ont été réédités à l’occasion de la rentrée.
Le douzième et dernier tome de Corto Maltese, écrit et dessiné par Hugo Pratt, est sorti en 1992. En 2015, Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero ont été les premiers à reprendre le personnage créé par l’auteur italien. Après trois albums de ce duo espagnol, Corto Maltese est de retour sous pavillon français. En cette rentrée, le célèbre marin aventurier apparaît pour la première fois redessiné sous les traits de Bastien Vivès, dans une aventure écrite par Martin Quenehen. Le récit emmène le lecteur en 2001, quelques jours avec le 11 Septembre, dans une période charnière de l’Histoire. Entre Tokyo et l’Amérique du Sud, Corto embarque pour une aventure pleine de rebondissements sur fond de nouvelles guerres et de complots obscurs d’une société japonaise ultranationaliste. L’époque a changé, Corto Maltesse aussi. Il apparaît sous des traits plus modernes en troquant par exemple sa casquette de marin contre une casquette de baseball. Il reste cependant fidèle à lui-même, un jeune homme ténébreux et ivre de liberté à la recherche d’un trésor qui lui échappe sans cesse.
Paru en 2019 en Italie, «La Belgica» vient d’être traduit en français par les Editions Anspach. L’auteur et dessinateur italien livre un récit de fiction mais très documenté et basé sur une histoire réelle, celle de l’expédition belge en Antarctique, menée par Adrien de Gerlache. En 1897, ce commandant belge et ses hommes embarquent à bord du Belgica pour une expédition de deux ans. Ensemble, ils vont être les premiers à passer tout un hiver dans les eaux antarctiques. En effet, le bateau est resté bloqué plus d’un an dans les glaces. Un véritable défi physique mais aussi mental. Le récit suit Jean Jansen, un jeune docker qui se retrouve embarqué bien malgré lui dans cette aventure. La première partie de ce diptyque introduit l’expédition belge et revient sur ses premiers mois en mer. C’est captivant mais il faudra attendre quelques mois pour connaître la suite. L’album se termine par un cahier graphique de 16 pages dans lequel Toni Bruno revient sur la genèse de ce récit sous la forme d’un journal de bord.
Près d’un an et demi après la parution, en pleine pandémie, du 5e tome du Château des étoiles, l’attente touche à sa fin avec la sortie le 19 septembre prochain du 6e tome de la saga lancée en 2014 par Alex Alice. Après avoir exploré la Lune et Mars, on retrouve les Chevaliers de l’Ether à Paris, pour l’Exposition Interplanétaire de 1875. Alors que Séraphin croupi en prison et que la Princesse de Mars sera exhibée lors de l’expo, leurs acolytes vont jouer le tout pour le tout en tentant de braquer l’exposition. Le bonheur de retrouver cette petite troupe de personnages hauts en couleurs est toujours là, plus encore lorsqu’ils sont sur la terre ferme. Cet album vient clôturer en beauté le troisième 3e cycle du Château des étoiles qui est l’une des plus belles sagas de la bande dessinée de ces dernières années.
«La Château des étoiles – t.6: L’exposition interplanétaire de 1875», d’Alex Alice, éditions Rue de Sèvres, 64 pages, 14,5 €
Amédée Petit-Jean est un notaire à la retraite. Légèrement hypocondriaque, pendant des années, il a vécu l’aventure à travers les récits de son cher voisin globe-trotter, Joseph. A la mort de ce dernier, Amédée se retrouve désemparé. Mais pour son ami décédé, il va quitter sa petite vie rangée pour partir au volant de sa vieille Triumph décapotable à l’aventure, sur les traces d’un hypothétique héritier. Peu à peu, Amadée va se transformer en véritable détective privé pour en apprendre un peu plus sur la vraie vie de son voisin décédé. Il va surtout découvrir qu’il n’est jamais trop tard pour en apprendre sur les autres mais aussi sur soi-même. Avec «Tananarive», le dessinateur Sylvain Vallée et le scénariste Mark Eacersall livrent une véritable pépite. Le dessin est magnifique et le scénario enchanteur. Un roadtrip à la fois drôle et touchant qui marque les esprits.
Née en 1924 et aujourd’hui âgée de 97 ans, Madeleine Riffaud a fait partie de la résistance durant la Deuxième Guerre mondiale. «Je ne suis pas un symbole. Je ne suis pas une femme extraordinaire. Ce que j’ai fait, des centaines d’autres, des milliers dans le monde, l’ont fait. La seule chose extraordinaire dans cette histoire, c’est que je sois encore en vie pour vous la raconter», écrit-elle en préface de l’album. Madeleine Riffaud a accepté de collaborer avec le scénariste JD Morvan et le dessinateur Dominique Bertail pour partager son incroyable histoire au plus grand nombre sous la forme d’une bande dessinée. «La Rose dégoupillée» est le premier acte d’une trilogie. On y découvre l’enfance de Madeleine dans les années 30 et la manière dont elle a vécu le début de la guerre. On perçoit ensuite comment la graine de la résistance a peu à peu germé en elle. À la fois émouvant et passionnant, instructif et indispensable, l’ouvrage se conclut par un excellent making-of dans lequel Jean-David et Dominique reviennent sur la genèse de l’album et sur leurs premières rencontres avec Madeleine.