Benjamin se confie à propos de son départ de la RTBF: «Je ne pars pas fâché»
Ce lundi, Benjamin Maréchal démarrera sa prise de fonction au sein du groupe Sudinfo. Après avoir annoncé son départ de la RTBF il y a quelques semaines, l’ancien animateur est revenu sur les raisons de son choix.
Benjamin Maréchal en a fini avec le sprint quotidien à la RTBF ! Ce lundi, le journaliste rejoint le groupe de Sudinfo (La Meuse, La Nouvelle Gazette, La Province, Nord Eclair et La Capitale), après avoir longuement mûri sa réflexion. Il n’est pas parti fâché (non, la motivation de nous rejoindre était bien plus forte) mais en a fâché certains. Mais, dit-il, « avec la télé et la radio, je pense vraiment que l’histoire est terminée ». Avant de démarrer sa nouvelle carrière, Benjamin a, une dernière fois, mis sa casquette d’invité pour répondre des journalistes de Sudinfo.
Dans la structure de la RTBF, quand on est animateur- présentateur-journaliste, on dispose de très peu de leviers décisionnels. C’est un peu comme si tu étais dans le bas de l’échelle. Je voulais retrouver une fonction mixte, à mi-chemin entre la production, la création et la concrétisation de projets. Une fonction de couteau suisse en quelque sorte…
Ce sont des réflexions qui se mûrissent sur quelques mois, voire même plusieurs années. Aujourd’hui, dans le contexte mondial, c’est difficile de quitter son boulot sur un coup de tête. Il fallait être prêt intellectuellement, familialement aussi. Quitter une fonction, c’est aussi un risque personnel, financier, il faut être sûr que tu ne mettras pas ta famille dans l’embarras. A 20 ans, tu ne te poses pas ces questions-là.
J’en ai beaucoup discuté avec elle. Pas pour avoir son accord, mais son regard. Il y a une forme d’égoïsme dans cette prise de décision. Il faut trouver la balance entre l’envie et la raison. La phrase qui ma femme m’a dit et qui est essentielle a été : « de toute façon, pour l’instant, tu ne rentres quand même qu’à 20h30. Donc je ne pense que je te verrai moins ! » (sourire)
Ce que je sais c’est que 20 ans dans des émissions quotidiennes, ça implique beaucoup d’échéances, de réunions, d’antennes, de pubs… Ce sont des successions de sprints qui t’amènent énormément d’adrénaline. C’est gratifiant d’un point de vue personnel mais au final, ça t’use. Quand on regarde les médias, le profil des âges, on voit qu’à un moment donné, les « anciens » abandonnent la quotidienneté. On ne sait pas être Usain Bolt à tous les moments de la vie !
Oui. Ici, je veux sortir de ces rendez-vous d’antenne et tout ce que ça implique. Et la télé et la radio, ce sont deux choses très volatiles, ta phrase est oubliée la minute après que tu l’aies dit. Ici, ce qui est intéressant, c’est de fabriquer quelque chose de solide, de laisser une trace, d’inscrire quelque chose dans le temps. Ça donne plus de sens !
Je porte le titre de « Chief video officer », ce qui concrètement signifie que j’ai un job de développement et de production de vidéos pour sudinfo.be. Je vais Imaginer des formats vidéo et aider les équipes à les réaliser. Et peut-être, dans un second temps, j’aurai aussi un travail de journaliste et d’incarnation de formats vidéo.
Cela fait 20 ans que je lis la presse belge tous les jours et Sudinfo est un des meilleurs collecteurs d’histoires et d’infos de terrain. La raison pour laquelle je rejoins cette rédaction, c’est pour sa grande capacité à comprendre le terrain, aucun autre journal, je pense, n’y arrive. C’est un challenge énorme : comment créer du contenu vidéo un peu moderne ? Quand on regarde du côté des journaux français ou américains, personne n’a trouvé la formule magique…
Non. Il ne faut pas faire de la télé justement, car la télé aura toujours plus de moyens. C’est innover avec des produits qui ne sont pas la télé. En regardant l’ensemble, je me suis dit que le challenge n’était plus à la télé et à la radio… L’avenir n’est plus là.
Non pas du tout. Je dis juste que le temps de la machine à écrire est terminé.
Honnêtement, je n’en sais rien. Ce sont des métiers où les places sont tellement rares. La télé, ce n’est pas un job où on postule. On vient te chercher. Quand j’ai dit « bonjour » pour ma dernière en radio et en télé, j’étais bien conscient que c’était peut-être la toute dernière fois de ma vie. L’idée n’est pas d’aller à Sudinfo pour aller à CNN ensuite !
J’ai eu un petit pincement au dernier « bonjour » en radio car j’ai repensé à cet amour de jeunesse, aux 20 ans, aux collègues. Mais je suis excité et fier de commencer ce nouveau job. La page est déjà tournée !
95 % des gens, oui ! (rires) C’est amusant la fascination exercée par la télé et de la radio. On ne peut pas imaginer que les gens qui vivent ça puissent se nourrir d’autre chose. C’est pour ça que la décision a été difficile à prendre aussi. Faire de la télé et de la radio, c’est un trophée très rare qu’on confie à peu de personnes. Pourtant, tu peux avoir une vie riche sans la télé et la radio. Mais c’est difficile à comprendre…
Je rêvais de radio quand je suis sorti des études. J’en ai fait beaucoup. Et puis, il y a eu la télé, ce qui amène une autre façon de raconter les histoires. Ce qui m’a toujours intéressé là-dedans, c’est l’utile et la technique. Et il n’y a plus beaucoup de vrais techniciens de radio. C’est pour ça que des gens comme Philippe Joniaux, Cyril Detaeye ou Raphaël Scaini, qui sont de vrais techniciens, c’était chouette de travailler avec eux.
Ce sont des trucs qui, sur un CV, ne se repèrent pas. Je suis très fier de « SOS Pigeons » en radio. Et de « C’est vous qui le dites ». Les deux sont de l’impro compète. Tu pars d’un point et tu arrives à développer un film complet. D’une demi-virgule, tu fais un programme très complet ! Je suis assez fier d’avoir pu faire des projets comme ça, d’être capable d’être dans l’hyper réactivité.
Non, jamais. Tout ça a construit ce que je suis aujourd’hui et m’a permis de partir. Au final, j’ai eu des programmes, des sensations que certains n’auront peut-être jamais. J’ai eu – et j’aurais pu avoir plus autrement – mais l’idée aujourd’hui est de continuer à avancer. Je suis en train de construire une maison à côté de celle que j’avais construite…
Je n’ai jamais utilisé ma notoriété au sens influenceur du terme pour en retirer un quelconque profit. Ce que j’en ai retiré, c’est la facilité de contact. Les gens sont souvent venus vers moi, et ça, c’est génial. Mais faire de la télé, ça génère une perception et un portrait de toi qui n’est pas le bon – que d’anciens collègues ont parfois entretenu. En vrai, je ne supportais plus le portrait qu’on essayait de faire de moi. Je ne suis pas ce que vous dites, ce que vous pensez. La perception de vous qu’engendre la télé est parfois insupportable. Ça fait partie du job, mais je peux vivre sans ça !
Le vrai portrait, c’est celui fait par mes proches, en face-à-face.
Non. Je pense vraiment que l’histoire était faite. Des gens ont été fâchés de mon départ, oui, car personne n’aime être quitté. Sur le plan du symbole, c’est compliqué d’être quitté. Mon travail, je l’ai fait, plus que fait. Je pense vraiment que l’histoire était terminée. Et dans le fond, tout le monde le sait.
Non, tout simplement parce que je n’étais pas là, je n’ai pas encore eu l’occasion. Mais aussi par respect, je n’envoie pas trop de messages à l’équipe. Je n’ai aucune intention d’être une belle-mère ! (rires) Ils m’ont fait une chouette émission de départ, on s’est fait un très chouette repas d’équipe aussi. Un préavis c’est bien, mais c‘est long, il était temps que ça se termine aussi.
Oh non, pas spécialement à eux. Mais c’est un conseil général : la Belgique, c’est bien plus large que Bruxelles et le Brabant wallon !