Benny B choqué par les inondations de juillet: «Je ne me souviens pas d’avoir vu quelque chose d’aussi violent»
Comme de nombreux autres artistes, Benny B se produira le 24 novembre prochain à Liège pour soutenir les victimes des inondations de juillet dernier.
Où étiez-vous le jour des inondations?
«À la maison, je regardais le JT comme beaucoup de monde. J’aurais aimé me déplacer pour donner un coup de main mais pour certaines raisons je ne pouvais pas bouger. Donc j’ai suivi ça à la télévision, c’était assez violent. Personnellement, je suis né en Belgique, et je ne me souviens pas d’avoir vu quelque chose d’aussi violent. Ça a vraiment touché les gens de près. Certaines maisons ont totalement disparu. J’ai ces images de rues totalement retournées par la puissance de l’eau… Tout ça m’a vraiment choqué, en plus de la détresse des gens qui avaient tout perdu. On se demande ce qu’on aurait fait si on avait été à leur place.»
Connaissez-vous des gens qui ont été personnellement touchés?
«Oui, je connais une personne qui a dû héberger ses parents et sa sœur. J’ai aussi un ami en pleine expertise car de l’eau est rentrée chez lui alors qu’il avait beaucoup de matériel de musique. Heureusement, je ne connais aucun cas tragique, même chez mes amis de Liège où j’ai vécu deux ans. Je sais que la ville est remplie de personnes aimant faire la fête et ça a été très difficile de les voir aussi tristes.»
Que diriez-vous aux gens pour qu’ils viennent vous voir?
«Il y a tellement de raisons, mais la plus importante est celle de la solidarité, du partage… Tous les bénéfices de ce concert vont être reversés à des sinistrés, notamment à des foyers d’accueil d’enfants. Une autre raison serait de se retrouver après ces événements tragiques et le confinement. Cela va être une sortie de retour à la vie normale. Je pense qu’on va vivre un vrai moment de joie et de fête qui va permettre aux gens d’oublier leurs problèmes. Venez soutenir les artistes qui seront là bénévolement pour soutenir les sinistrés.»
Avant la Covid, vous faisiez pas mal de tournées avec de nombreux artistes. Cela fait quoi de remonter sur scène après cette interruption?
«Pour mon premier grand événement en Belgique, nous étions une quinzaine d’artistes à Namur. C’était la première fois qu’on revoyait autant de gens, plus ou moins 6.000 personnes. C’était la folie. Je me suis rendu compte que les gens avaient besoin de concerts, de musique, et de faire la fête. Pour moi, remonter sur scène après le silence total de 2020, c’était une véritable bouffée d’oxygène dont j’avais besoin.»
Cela fait 30 ans que le titre «Vous êtes fous» est sorti et il n’a pas pris une ride. Comment expliquez-vous cela?
«Je pense que je ne suis pas la bonne personne pour répondre à la question (rires). Après, avec le recul, l’expérience et le retour des gens, je pense avoir compris. À l’époque, on aurait pu dire que c’était juste un hit, un tube. Mais aujourd’hui, c’est bien plus que ça. Je pense que mon titre a eu un impact chez des jeunes, en tout cas chez ceux qui écoutaient de la musique urbaine comme moi, qui n’avaient rien. Ce titre est un peu arrivé comme un extraterrestre sur Terre où il n’y avait que des chansons classiques. Aujourd’hui, des gens viennent encore me dire que ce titre a bercé leur enfance et qu’il les a empêchés de tourner mal. Après, je m’étonne encore de monter sur scène, 30 ans plus tard, et de voir des gamins qui dansent dessus.»
Est-ce cet étonnement qui vous permet de garder la pêche sur scène après tout ce temps?
«Oui, j’ai gardé cette âme d’enfant. D’ailleurs je dis toujours que j’ai un petit côté égoïste quand je monte sur scène. Quand je danse, je danse en effet pour les gens, mais je danse surtout pour moi. Je m’éclate sur scène. Et si on regarde bien, on a l’impression que je suis dans une discothèque et que je danse tout seul. J’étais danseur avant d’être rappeur et la danse, c’est ma vie. J’ai toujours dansé. Et tant que je danse, je n’aurai jamais marre de monter sur scène.»
L’année dernière, vous vous êtes prononcés contre les violences conjugales dans le titre ‘Je suis un monstre’. Pourquoi ce thème en particulier vous tient-il tant à cœur?
«Cela me tient à cœur car rien ne bouge. Récemment encore il y a eu des événements tragiques. Je trouve que les messages sont trop doux par rapport aux violences conjugales. Un peu comme on le fait pour les pubs sur les accidents de voiture, j’ai voulu faire passer un message choc. Personne ne m’attendait dans ce registre, dans ce texte violent, dans cette chanson où j’incarne un monstre. Il faut montrer avec des images chocs qu’il n’y a pas que les coups. Que la violence verbale est aussi violente que les coups. Je voulais donner une chance aux victimes de parler, mais aussi que les ‘monstres’ se reconnaissent. Et je sais que j’ai touché un point sensible chez les hommes et chez les femmes car j’ai reçu beaucoup de messages en privé. Je me suis dit à ce moment-là que c’était incroyable le nombre de femmes qui ne parlent pas, qui ne racontent pas leur histoire. Et on ne fait toujours rien…».
Des artistes sur scène pour la bonne cause
Le Forum de Liège accueillera le 24 novembre prochain l’événement « Solidartistes ». Durant cette soirée, de nombreux artistes (Michael Jones, Plastic Bertrand, Sandra Kim, Benny B, Thierry Luthers, Jonatan Cerrada,…) navigueront pendant 2h entre les chansons qui ont fait leurs succès et des reprises. Les bénéfices du concert seront reversés à deux maisons d’enfants qui ont été touchées par la catastrophe : L’Edelweiss de Vaux-sous-Chèvremont et le foyer Listri Plunus de Chanxhe.