Coldplay en tournée écoresponsable à Bruxelles: coup de com’ ou vrai engagement écolo?
Dans le cadre de sa tournée mondiale (de 73 shows) «Music of the Spheres World Tour», Coldplay s’arrête ce week-end à Bruxelles, pour quatre concerts qui rassembleront pas moins de 220.000 personnes au total.
Le groupe a misé sur une tournée «éco-responsable», qu’il souhaite la plus durable et la plus basse en carbone possible. Un site dédié, «Sustainability», a même été créé pour l’occasion: les Britanniques y développent leurs différents plans d’action et les objectifs environnementaux qu’ils entendent ainsi atteindre. Et ceux-ci sont ambitieux: Coldplay promet de réduire de 50% ses émissions de CO2 par rapport à sa dernière tournée de 2016.
Un show écolo, ça donne quoi?
Concrètement, les spectateurs auront droit à un show haut en couleur presque entièrement alimenté grâce à des panneaux solaires, à une batterie portable durable et à un plancher cinétique (qui produit de l’énergie grâce aux mouvements de la foule). Au programme: moins de goodies mais des confettis biodégradables, des éco-gobelets, de la food végétarienne, des bracelets LED 100% compostables…
Autre poste à haut bilan carbone sur lequel le groupe entend agir: la mobilité. Tous les fans ont été invités à se rendre en transports en commun sur place plutôt que de prendre la voiture. Pour les quatre soirs de concert, des trains supplémentaires ont été affrétés, la Stib a renforcé son offre, notamment de métros (pour l’occasion, elle diffusera même l’album de Coldplay dans ses stations, et avec un message personnalité de Chris Martin!), et un parking vélo spécial a été mis en place.
Avec toutes ces mesures, Coldplay innove réellement dans le domaine, et amène de nombreuses propositions plus vertes. Mais en définitive, une tournée internationale peut-elle vraiment être écologique, ou y a-t-il un petit arrière-goût de greenwashing?
Pas 100% vert
«Dans la démarche de Coldplay, il y a de bons éléments. Le fait qu’un groupe d’une telle notoriété entame ce travail est louable, et on ne peut pas dire qu’il soit dépourvu de réflexion», analyse pour le Huffington Post Samuel Valensi, responsable culture au Shift Project, un think tank qui œuvre pour une économie décarbonée.
Parmi les choix posés par le groupe pour réduire ses émissions de CO2, il y a celui d’organiser moins de concerts dans la tournée: 73 «Music of the Spheres World Tour», contre 122 pour «A Head Full of Dreams» en 2016 et 2017. Une démarche louable, selon Samuel Valensi, qui relève toutefois un point qui reste problématique: «leur usage de l’avion reste systématique, et leur besoin en pétrole n’a pas du tout été bouleversé», note-t-il. Une tournée de Coldplay, ce sont trente semi-remorques sur les routes, et le matériel transporté dans les airs pour les déplacements longue distance. «En termes de pollution, il n’y a pas pire que cela.» Une avancée toutefois à ce sujet: le groupe a délaissé le jet privé au profit des vols commerciaux.
Si le groupe s’est engagé à réduire ses émissions de CO2 de 50%, que faire des 50% restant? Coldplay s’est engagé à «soutenir des projets basés sur la reforestation» et promet qu’un arbre sera planté pour chaque billet vendu. Or, jugée tout simplement inefficace, l’option de compensation carbone a (à maintes reprises) largement été décriée par les associations environnementales comme Greenpeace, ou même à la COP26.
Autre point soulevé par l’observateur avisé: Coldplay a l’habitude de faire les choses en grand. Si cela rend le spectacle inoubliable pour les fans, cela se fait aussi au détriment de la planète. «La scénographie est très lourde en vidéo, lumières et son. Il y a donc une question d’esthétique qui se pose. En la maintenant telle qu’elle est, ils ne pourront pas réduire drastiquement leurs émissions», tranche Samuel Valensi.
Quel bilan?
Alors, à l’heure du bilan, quelles conclusions tirer? On l’a vu: on ne peut pas encore parler d’une tournée 100% éco-responsable. Néanmoins, Coldplay a tout de même le mérite de réinventer un système et de proposer des solutions durables et innovantes.
Surtout, les Britanniques projettent la question de l’urgence climatique au cœur des préoccupations de l’industrie musicale live. «Si on parvient à démontrer que c’est faisable, tout le monde va s’y mettre», lançait le leader du groupe en 2019. Finalement, serait-ce l’impulsion qu’il fallait à la scène musicale pour se secouer et devenir plus verte demain? Si Coldplay gagne ce pari, ce serait déjà un pas de géant.