GuiHome et Pablo Andres : «Il n’y a rien de plus universel que les toilettes d’une gare»

Dès ce 19 janvier sur Auvio et avant «Le Grand Cactus» sur Tipik, GuiHome et Pablo Andres troquent leurs casquettes habituelles pour enfiler le costume de «Messieurs Pipi». Une série de dix épisodes de trois minutes qui suit le quotidien de Robin (GuiHome) et Marco (Pablo), deux losers qui gèrent les toilettes publiques d’une gare.

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par
Clément Dormal
Temps de lecture 6 min.

Comment est née cette collaboration?

GuiHome: « C’est très simple. Pablo et moi on se reniflait depuis quelque temps. On se croisait à droite et à gauche. On voyait le travail de l’un et de l’autre. On s’est dit un jour qu’on pourrait aller boire un coup pour imaginer une vidéo ensemble. Puis on a réalisé qu’on voulait faire un projet un peu plus conséquent qu’une simple vidéo. On voulait aussi sortir de nos personnages habituels. Très vite, on a décidé qu’on voulait deux personnages forts et assez éloignés de ce que l’on a déjà fait. Mais on souhaitait surtout qu’ils soient dans un lieu fort. Et c’est là qu’on a pensé aux toilettes d’une gare. Il n’y a rien de plus universel ou exploitable car c’est un lieu où tout le monde est déjà passé au moins une fois».

À quoi aspirent vos personnages?

Pablo Andres: «Ils aspirent tous les deux à de grandes choses mais en attendant ils aspirent tout court. Vu que c’est un espace où il y a beaucoup de passages et de mouvements, on a voulu zoomer sur ces deux personnages qui, pour des raisons très différentes, stagnent dans leur vie. C’est ça qui les rend attachants et drôles.»

GuiHome: «On avait envie qu’il y ait cette identification possible quand on découvre les personnages, même si c’est exagéré. Et on voulait qu’ils soient diamétralement opposés dans leurs envies même s’ils ont des points communs à cause de leur situation professionnelle. Robin a vraiment envie d’évoluer dans le milieu de la toilette publique et il est vu comme un ovni par Marco, qui se montre plus ambitieux. Mais dès l’épisode un, on comprend qu’il aura du mal à réaliser ses ambitions car il fait partie des brocanteurs de projets comme on en a tous dans notre entourage. Et le duo fonctionne très bien, c’est ça qui est très gai. On ne voit plus l’un sans l’autre.»

Ce projet est différent pour vous car vous êtes plus habitué aux projets en solo.

GuiHome: «Je ne sais pas pour Pablo, mais pour moi, c’était tout nouveau. C’est la première fois que je quittais le personnage de ‘GuiHome vous détend’ pour aller vers autre chose. C’était donc une vraie découverte mais c’était super intéressant et chouette de découvrir une autre manière de jouer. Mais aussi d’être en face d’un vrai personnage et non du personnage fictif à qui je parle depuis tant d’années.»

Pour revenir aux personnages, ne sont-ils pas, dans leur excès, un peu à votre image? À savoir l’un maniaque et exigeant et l’autre foireux et convaincu?

Pablo Andres: «Non, je ne me définirais pas comme quelqu’un de foireux et convaincu. Mais par contre, cela m’arrive de l’être. Et ce qui est intéressant, c’est d’utiliser ce qu’on vit et ce qu’on est parfois. Mais pour mon personnage, je me suis avant tout inspiré de certains amis qui ont beaucoup de théories sur le succès, qui ont beaucoup étudié le développement personnel, mais qui n’arrivent pas à se mettre en action. Du coup ils stagnent. Ça, c’était la première inspiration. La seconde, c’est une inspiration que j’ai pour tous mes personnages. Ce sont tous des personnages très cons mais qui sont convaincus qu’ils ne le sont pas. C’est ça qui les rend drôles. Après oui, je me suis basé sur certains aspects de ma personne pour ce personnage, mais ce n’est clairement pas moi. Heureusement.»

GuiHome: «Quant à mon personnage, Robin, je retrouve chez moi ce côté un peu maniaque. Je suis comme ça. Chez moi, les télécommandes se rangent par tailles. Tout doit toucher les murs et il n’y a rien qui traîne. Donc oui, il y a de moi dans ce personnage même si je ne me retrouve pas dans ses excès. Je pense d’ailleurs qu’il est impossible de ne pas mettre un peu de soi dans les personnages qu’on joue. Sinon on ne croit pas vraiment à ce qu’on fait.»

On se représente plus facilement des «Mesdames Pipi» que des «Messieurs Pipi» dans l’imaginaire collectif…

GuiHome: «( Rires ). C’était vraiment ça l’idée de base».

Pablo Andres: «Oui. De base on a trouvé ce lieu fort. Et du coup normalement c’est une ‘Madame Pipi’, mais vu que nous ne sommes pas des ‘madames’, on a appelé cela ‘Messieurs pipi’. Ce qui est drôle aussi, c’est d’inverser les rôles. Que ce soit pour nous, ou pour celui du personnage de la gérante qui est une femme forte. Quelque part, on n’a pas beaucoup de ‘cojones’. Nous sommes deux personnages un peu lâches à leur manière alors que la patronne représente cette autorité. Après ce n’est pas une volonté politique ou sociale, c’est juste marrant.»

Quel est votre pire souvenir dans une toilette publique?

Pablo Andres: «GuiHome, elle est pour toi celle-là…»

GuiHome: «T’es un bâtard, Pablo ( rires) . Disons que dans les toilettes publiques d’une boîte de nuit, j’ai cru que j’avais la carrure pour gérer une situation mais j’ai fini par nettoyer le sol avec ma joue pendant de longues minutes sous la contrainte.»

Pablo Andres : «Moi je ne pense pas y avoir déjà vécu un truc de fou. Déjà, j’ai une mémoire de poisson rouge, donc c’est compliqué…»

GuiHome: «Après, personnellement, j’aime surtout parler des comportements qu’on a dans les toilettes publiques. On vérifie toujours si on doit payer ou non. Si on doit payer et qu’on n’a pas de pièces, on a toujours l’impression qu’on peut négocier en pensant que pour nous ça va passer. On choisit aussi toujours son urinoir en faisant un petit questionnaire avec soi-même, alors qu’il n’y a aucune raison d’en prendre un plutôt qu’un autre…»

Dernière question: urinez-vous debout ou assis?

Pablo Andres: «On ne me l’avait pas encore posée celle-là».

GuiHome: «Moi, je fais pipi debout. Mais c’est vrai qu’on conseille aux hommes de le faire assis pour éviter des problèmes à la prostate. Apparemment, au moment de ‘l’action’, c’est mieux pour elle de cette manière-là. Mais, comme quand je m’assieds sur une toilette, j’y reste 50 minutes, je préfère rester debout pour ne pas perdre trop de temps».