La Mostra de Venise retrouve ses nombreuses stars dans une ambiance plus légère que l’année dernière
La Mostra de Venise retrouve à partir de mercredi tout son lustre, après une édition 2020 en demi-teinte à cause de la pandémie, avec ce savant mélange de grosses productions américaines, de cinéma d’auteur et de glamour qui en a fait un tremplin incontournable pour les Oscars.
L’an dernier, le plus ancien des festivals de cinéma avait fait le pari de se maintenir coûte que coûte malgré le Covid, et avait remis son Lion d’Or à l’un des très rares films américains sélectionnés, «Nomadland». Mais ni la réalisatrice, Chloé Zhao, ni l’actrice principale, Frances McDormand, n’avaient pu faire le déplacement. Grâce aux vaccins, l’ambiance s’annonce plus légère cette année, même si de strictes mesures sanitaires continuent de s’appliquer, et le pass sanitaire est obligatoire.
D’ici la cérémonie de clôture le 11 septembre, de nombreuses stars pourraient fouler le tapis rouge, de Kristen Stewart en Lady Diana dans «Spencer» de Pablo Larrain, à Benedict Cumberbatch, en passant par Penelope Cruz et Antonio Banderas.
«Les Américains sont sortis de leur confinement et sont prêts à redémarrer», s’est félicité le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, en présentant cette édition. Et globalement, «la qualité des films (soumis au festival) a été plus élevée que d’habitude, comme si la pandémie avait stimulé la créativité» des cinéastes.
Des films venant de 59 pays seront projetés sur le Lido, et la course au Lion d’Or s’ouvrira mercredi avec «Madres Paralelas», dernier film de Pedro Almodovar, figure majeure du cinéma européen.
Le jury, présidé par Bong Joon-Ho, réalisateur de «Parasite», Palme d’Or 2019 et Oscar du meilleur film l’année suivante, réunit notamment l’actrice franco-belge Virginie Efira et Chloé Zhao.
Il devra départager 21 films – dont seulement cinq signés de réalisatrices, le Festival ne reproduisant pas l’effort de parité entamé l’an dernier, où 8 des 18 films en compétition étaient réalisés par des femmes. En cause, le ralentissement de la production, lié à la pandémie, qui aurait davantage impacté les réalisatrices, a plaidé Alberto Barbera.
Trois films français sont en lice: «Un autre monde», drame social de Stéphane Brizé, «Illusions perdues», où Xavier Giannoli adapte Balzac, et «L’Evénement», une adaptation d’un roman d’Annie Ernaux sur le thème de l’avortement par Audrey Diwan, une Franco-libanaise pour la première fois en compétition.
Le cinéma latino-américain sera également bien représenté avec «Competencia Oficial» de l’Argentin Gaston Duprat et «Sundown» du Mexicain Michel Franco avec un casting international: Tim Roth et Charlotte Gainsbourg.
Le géant du streaming Netflix, toujours en quête de respectabilité, prétend à un Lion d’Or avec deux films, «La Main de Dieu» de l’Italien Paolo Sorrentino, et surtout «Le pouvoir du chien» de Jane Campion, Palme d’Or en 1993 avec «La leçon de piano».
Sorti très renforcé de la pandémie face aux grands studios historiques, le géant de vidéo à la demande reste banni de la compétition cannoise tant qu’il refuse de sortir ses films en salle en France, mais a par contre porte ouverte à Venise.
Sa présence est l’une des cartes dont use la Mostra dans la concurrence que se livrent les principaux festivals internationaux.
Venise, qui peut se targuer d’une longue histoire qui lui a permis en 78 éditions de voir passer des légendes comme Marlon Brando, Martin Scorsese ou Robert de Niro, est devenue sous la direction d’Alberto Barbera l’une des antichambres des Oscars.
«Joker» de Todd Phillips a ainsi remporté deux Oscars cinq mois après avoir été couronné Lion d’Or en 2019, et «Nomadland» a reçu les statuettes du meilleur film et du meilleur réalisateur à Hollywood après son triomphe à Venise.
Mais la barre est haute cette année, après le retour en fanfare en juillet du plus grand et prestigieux de ces rendez-vous, Cannes, qui avait dû annuler son édition 2020.
Sur la Croisette, de grands noms ont répondu présent, de Wes Anderson à Sean Penn, et pour la deuxième fois de son histoire, la Palme d’Or est revenue à une femme, Julia Ducournau, couronnée pour «Titane», un film fiévreux et radical qui a montré que Cannes n’avait pas perdu le contact avec l’avant-garde.