Le métavers, entre espoirs et interrogations pour l’industrie musicale
L’industrie musicale fonde beaucoup d’espoir dans le métavers pour les années à venir.
Les nouvelles technologies ont beaucoup apporté à la musique d’aujourd’hui, et surtout à celles électroniques. Rien de surprenant donc à ce que les DJ soient particulièrement enthousiastes vis-à-vis du métavers, cette doublure numérique du monde physique où l’on peut faire des emplettes, réaliser des démarches administratives et assister à un concert. Le roi de l’électro David Guetta s’est récemment associé avec la start-up Stage11 pour développer sa propre expérience musicale dans le métavers: «David Guetta Experience». Cette initiative est décrite par la jeune pousse comme «une aventure dans un métavers musical où les joueurs rejoignent David Guetta dans une quête pour sauver l’avenir de la musique à travers tous les univers». Ils seront guidés par un avatar 3D haute définition du DJ français et se battront aux côtés de musiciens de renom comme Snoop Dogg, Akon et Ne-Yo.
Avant-goût du futur
Pour Jonathan Belolo, cofondateur et PDG de Stage11, cette expérience immersive donne un avant-goût de ce qui attend les mélomanes dans un futur pas si lointain. «Les événements musicaux interactifs, photoréalistes et ludiques sont pour la première fois à portée de main [avec le métavers]», a-t-il déclaré. «À chaque génération depuis 100 ans, la façon dont nous interagissons avec la musique est révolutionnée, il y a eu la radio, la télévision, les MP3, YouTube… Avec Stage11, nous avons l’occasion de jouer un rôle dans la prochaine itération de la musique, développée pour le métavers».
La jeune pousse n’est pas le seul acteur de l’industrie musicale à vouloir investir dans le domaine du métavers. Les groupes Warner Music et Universal Music espèrent capitaliser sur les nouvelles sources de revenus que promet le développement de cet univers virtuel, tout comme Spotify. Le géant suédois du streaming a récemment lancé son propre monde virtuel sur Roblox, l’un des espaces numériques les plus utilisés avec Decentraland et The Sandbox. Il prend la forme de plusieurs îles dans lesquelles les joueurs peuvent interagir avec les avatars de leurs artistes préférés ou accéder à du contenu inédit.
Concerts virtuels
Les musiciens redoublent eux aussi d’inventivité pour rebattre les cartes de l’expérience même qu’est la musique. Chacun y va de sa technique: Twenty One Pilots, Lil Nas X et 24kGoldn ont tous donné un concert virtuel sur Roblox, tandis que Justin Bieber a jeté son dévolu sur la plateforme Wave (dans laquelle il a investi). Ariana Grande a fait une apparition remarquée sur Fortnite, tout comme Gen Hoshino, Marshmello et surtout Travis Scott. Le show monumental que le rappeur américain a donné le 23 avril 2020 dans le jeu vidéo en ligne reste au-dessus du lot. Il a été vu par 12,3 millions de joueurs uniques lors de sa première diffusion et par 27,7 millions de spectateurs après quatre rediffusions.
Espoirs et interrogations
Bien que nous en soyons aux balbutiements des mondes virtuels, déjà tous les acteurs de la musique sentent que ces avancées technologiques véhiculent autant d’espoir que d’interrogations sur l’avenir du secteur. «Pour l’instant, il n’y a pas de réponse claire à la question de savoir si le métavers sera réservé aux 1% d’artistes les plus importants, comme c’est déjà le cas dans notre réalité actuelle», a expliqué à Rolling Stone Inder Phull, cofondateur et PDG de PIXELYNX, une entreprise qui, selon son site web, «s’évertue à estomper les frontières entre la musique, la blockchain et les jeux vidéo».
Quoi qu’il en soit, les promesses du métavers et de la digitalisation de nos vies laissent entrevoir une transformation vertigineuse du quatrième art. Bloomberg Intelligence estime que les mondes virtuels pourraient valoir 800 milliards de dollars d’ici à 2024. Il y a fort à parier que l’industrie musicale jouera un rôle prépondérant dans ce marché en pleine expansion. Après tout, les avatars qui peuplent le métavers ont, eux aussi, besoin de se trémousser.