Les créateurs de «Buzz l’Éclair» réagissent à l’interdiction du film dans certains pays à cause du baiser d’un couple de lesbiennes
Les créateurs du film d’animation «Buzz l’Éclair», où apparaît un couple de lesbiennes et qui n’a pas été autorisé dans certains pays musulmans, s’attendaient à courir ce risque, mais assurent avoir refusé de s’autocensurer face à des «croyances rétrogrades».
«Nous avions été prévenus que ce serait une issue probable», a déclaré la productrice américaine Galyn Susman lors d’un entretien en visio avec l’AFP.
«Mais nous n’allions pas changer le film que nous voulions faire simplement à cause de quelques pays avec – faute de meilleur terme – des croyances rétrogrades», ajoute-t-elle.
Le film des studios Pixar est sorti vendredi dans de nombreux pays, dont les États-Unis, et arrive mercredi prochain en France.
Mais il n’a pas obtenu de visa d’exploitation dans une douzaine de pays et territoires du Moyen-Orient et d’Asie à majorité musulmane, dont la Malaisie, le Liban, la Jordanie, l’Égypte, l’Arabie saoudite ou les Territoires palestiniens.
Un bref moment de trop
Dans le film, Alisha, la cheffe du personnage principal (Buzz l’éclair, l’intrépide astronaute rendu célèbre par la saga «Toy Story»), est mariée à une femme.
Une scène fugace la montrant en train d’embrasser son épouse avait initialement été coupée par les studios Pixar, filiale de Disney. Mais des employés de ces sociétés s’étaient insurgés, critiquant l’attitude du numéro un mondial du divertissement, accusé de ne pas s’engager pour défendre les droits des personnes LGBT.
En avril, après que la scène eut été rétablie, Mme Susman avait insisté sur le fait que baiser ou pas, le couple de femmes avait «toujours fait partie du film».
Le réalisateur Angus MacLane a assuré à l’AFP que le film n’avait en rien été altéré pour plaire à la censure.
«Nous avons fait notre film, ils n’ont pas voulu le voir, très bien», a-t-il dit.
Mme Susman, elle, s’étonne d’un tel débat, en mettant en avant le peu d’émoi soulevé par des scènes comme la mort de la mère de Bambi dans le célèbre dessin animé Disney de 1942.
«Personnellement, quand mes enfants étaient petits, je ne voulais pas qu’ils regardent des films où on tue une mère», a-t-elle dit. «Nous avons tous des conceptions différentes de ce qui rend un film acceptable à regarder en famille».
Ce débat sensible a éclipsé le film lui-même avant sa sortie mondiale.
Il est centré sur le personnage de Buzz l’Éclair, astronaute arrogant qui lutte pour sauver son équipage des dangers d’une planète inhospitalière. L’action se déroule avant la série des «Toy Story», où l’astronaute est un jouet.
«Buzz l’Éclair» est plus directement un film d’action et d’aventure que la plupart des autres productions Pixar, mais déroule lui aussi les leçons de vie qui caractérisent les œuvres du studio («Le monde de Nemo», «Cars», «Ratatouille»…).
Buzz «croit à tort qu’il peut résoudre les problèmes, il veut tellement se le prouver qu’il s’isole des autres, et finit par devoir apprendre qu’il doit travailler en équipe et qu’il n’a pas toutes les réponses lui-même», a expliqué Angus MacLane.
Les critiques ont été mitigées, certaines saluant les scènes d’actions et les effets visuels, d’autres qualifiant le film de raté inhabituel pour Pixar. La plupart a toutefois adoré le personnage secondaire: Sox, le chat-robot dont est flanqué Buzz.