Qu’est-ce que le «revenge dress», cette tendance récurrente chez les stars?
Après Lady Diana, Britney Spears, Jennifer Aniston, Rihanna, ou Taylor Swift, pour ne citer qu’elles, c’est Julia Fox, l’ex de Kanye West, qui s’est fait un plaisir d’exhiber sa ’revenge dress’ en pleine Fashion Week de New York. Un terme qui revient régulièrement sur le devant de la scène depuis près de trois décennies, sans que l’on sache vraiment comment un simple bout de tissu peut être vecteur d’autant de messages… On vous explique tout.
Le vêtement a toujours été considéré comme un moyen d’expression, et ce dans n’importe quelle culture à travers le monde, offrant un panorama complet de nos émotions, de nos engagements, mais aussi de nos affirmations en tant qu’individu. Un phénomène qui n’est en rien nouveau, bien qu’il tende à s’amplifier depuis quelques années. On l’a vu notamment avec la volonté des nouvelles générations d’en finir avec la notion de genre; chose qui n’a pas tardé à se traduire par de nouvelles collections ’gender fluid’.
Mais s’il est bien une pièce qui exprime plus que tout nos sentiments, parfois les plus négatifs, c’est bien la ’revenge dress’. Une création vieille de près de trois décennies que l’on doit à Lady Diana, ou plutôt à celles et ceux qui ont analysé son comportement et ses choix vestimentaires le 29 juin 1994. Séparée du prince Charles depuis près de deux ans, la ’princesse du peuple’ doit ce jour-là se rendre à une soirée caritative organisée par Vanity Fair à la Serpentine Gallery à Londres. Mais quelques heures avant l’événement, l’héritier du trône britannique laisse entendre lors d’une interview qu’il a (bel et bien) été infidèle à son épouse avant leur séparation. Une chose qui a vraisemblablement joué un rôle important dans le choix de la tenue portée par Lady Diana à ce gala de charité.
Pas moins de trente secondes ont suffi à la Princesse de Galles pour entrer un peu plus dans l’histoire, et transformer une simple robe couture en ’revenge dress’, symbole de vengeance, d’affirmation de soi, et de nouveau départ. Car cette robe n’est autre que celle portée par les stars – ou par le commun des mortels, mais plus difficile à identifier – lors de leur première apparition publique post-séparation. Enfin, elle l’est en tout cas devenue, car Lady Di avait, elle, déjà franchi cette étape à plusieurs reprises lorsque sa ’revenge dress’ a fait la couverture de tous les tabloïds britanniques.
Signée Christina Stambolian, la petite robe noire aux épaules dénudées portée par Lady Diana, bien éloignée du code vestimentaire imposée par le protocole royal, n’est pas passée inaperçue face à la foule de photographes amassée devant la Serpentine Gallery. Symbole de renouveau, de nouveau départ, elle a marqué les esprits, devenant par la même occasion non seulement un moyen de s’affirmer, non plus en tant qu’épouse du prince Charles mais en tant que femme libre et indépendante, mais aussi de faire un pied-de-nez à celui qui venait d’avouer publiquement son infidélité. Le message semblait précis: «Voilà ce que tu perds». La ’revenge dress’ est née.
Depuis ce jour de 1994, les ’revenge dresses’ se sont multipliées à vitesse grand V, ponctuant chaque séparation ultra médiatisée. Dès l’année 2002, Britney Spears y aurait elle aussi succombé après sa rupture avec Justin Timberlake. Fait rare, on lui prêterait non pas une mais deux ’revenge dresses’. Après tout, la vengeance est une robe qui se porte… sans modération. La première, la plus récente après la séparation du couple, est une robe décolletée, semi-transparente, entièrement recouverte de strass, portée lors de la première du film «Crossroads». La seconde, en cuir, assortie à des stilettos lacées, a été exhibée lors des MTV Video Music Awards, quelques mois plus tard. Dans les deux cas, le message est sans aucun doute passé.
Jennifer Aniston, Katie Holmes, Rihanna, Kim Kardashian, Gigi Hadid, Selena Gomez, ou encore Taylor Swift… Toutes se sont vues attribuer à un moment ou un autre une ’revenge dress’, témoignant de leur volonté de tourner la page, de s’émanciper, et surtout de montrer une certaine fierté, que dis-je de l’indifférence, face à ladite séparation. La dernière en date n’étant autre que Julia Fox, fraîchement séparée de Kanye West, qui a ouvert le défilé LaQuan Smith dans une somptueuse robe aux découpes suggestives en pleine Fashion Week de New York. Une apparition des plus remarquées, qui s’est (presque) substituée à la collection de la célèbre maison.
Question que l’on se pose: pourquoi ne jamais avoir évoqué le ’suit revenge’, ce costume ultra sexy qui aurait sonné la revanche des hommes, voire leur volonté d’entamer eux aussi une nouvelle vie? La vengeance n’aurait alors qu’un seul et unique visage, essentiellement féminin… Difficile d’embrasser cette théorie à une époque où la mode n’a plus – ou presque – de genre, et veut en finir avec certains stéréotypes. A méditer…