À quoi s’attendre aux Oscars, le sacre de la comédie déjantée «Everything Everywhere All at Once» ou une nouvelle gifle?
Place, ce dimanche soir, à la 95ème cérémonie des Oscars. Grand favori, «Everything Everywhere All at Once», comédie déjantée où, notamment, les doigts prennent la forme de hot dogs, sera-t-il sacré meilleur film? Et doit-on redouter un nouvel incident comme celui de la baffe qui a marqué la précédente édition?
Après le choc provoqué par Will Smith l’année dernière, l’Académie a créé une «équipe de crise» pour parer à toute éventualité. Cela ne devrait toutefois pas empêcher certains hôtes d’y aller de leur petite blague pour tourner la page.
Sauf coup de tonnerre, la 95e cérémonie, présentée par l’humoriste Jimmy Kimmel, devrait donc se concentrer sur les films en compétition.
«Everything Everywhere», grand favori
Le grand favori est «Everything Everywhere All at Once», une comédie mâtinée de science-fiction nominée dans 11 catégories, où une propriétaire de laverie surmenée se retrouve plongée dans une multitude d’univers parallèles.
Dernier espoir de l’humanité, cette immigrée chinoise incarnée par Michelle Yeoh doit affronter une super-méchante qui menace le «multivers» tout entier, et s’avère être l’exubérant alter ego de sa fille dépressive.
L’exploration des différents mondes glisse alors vers un voyage délirant, où certains humains ont des hot dogs à la place des doigts, les rochers sont doués d’émotions et les sex toys trouvent des usages insoupçonnés.
Ce film indépendant un brin foldingue a rencontré un franc succès en salles, avec 100 millions de dollars de recettes. Son intrigue, centrée sur une émouvante réflexion sur l’amour familial et portée par un casting brillant majoritairement asiatique, lui a permis de rafler la plupart des prix décernés avant les Oscars.
«Derrière le film, il y a un groupe de gens très attachants, pour lesquels il est impossible de ne pas ressentir de la sympathie», résume pour l’AFP Scott Feinberg, chroniqueur spécialisé du Hollywood Reporter.
Acteurs au coude-à-coude
Le triomphe annoncé pourrait toutefois se heurter au système de vote pour l’Oscar du meilleur film, qui a tendance à pénaliser les œuvres polarisantes, rappelle-t-il. Or, de nombreux membres de l’Académie «ne comprennent tout simplement pas» l’enthousiasme autour de cette comédie réalisée par un duo de trentenaires loufoques.
Cela pourrait profiter à l’adaptation allemande du roman pacifiste «A l’Ouest, rien de nouveau», ou au blockbuster de Tom Cruise «Top Gun: Maverick», carton populaire qui a permis au public d’enfin renouer avec les salles obscures après la pandémie.
La compétition entre comédiens est en revanche bien plus serrée.
«Je ne me souviens pas d’une année (…) où trois des quatre catégories d’acteurs étaient vraiment à quitte ou double», observe M. Feinberg.
L’Oscar de la meilleure actrice se joue entre Cate Blanchett, cheffe d’orchestre sans pitié dans «Tar», et Michelle Yeoh, l’héroïne d’«Everything Everywhere All At Once», qui pourrait devenir la première lauréate d’origine asiatique à rafler ce prix.
Pour celui du meilleur acteur, Austin Butler («Elvis»), Brendan Fraser («La Baleine») et Colin Farrell («Les Banshees d’Inisherin») sont au coude-à-coude.
Tout comme Angela Bassett («Black Panther: Wakanda Forever»), Jamie Lee Curtis («Everything Everywhere All At Once») et Kerry Condon («Les Banshees d’Inisherin») pour la statuette du meilleur second rôle féminin.
Seul Ke Huy Quan, ex-enfant star d’«Indiana Jones et le Temple Maudit» oublié par Hollywood depuis plus de 20 ans, semble quasi-assuré de remporter un Oscar, à force d’accumuler les récompenses pour son second rôle de mari attendrissant dans «Everything Everywhere All At Once».
Oublier «la gifle»
L’ombre de la fameuse gifle décochée l’an dernier par Will Smith à l’humoriste Chris Rock, après une blague sur le manque de cheveux de sa femme, plane aussi sur cette cérémonie.
L’épisode devrait générer d’inévitables plaisanteries, mais la productrice exécutive des Oscars, Molly McNearney, souhaite clairement tourner la page. «Nous allons reconnaître l’événement (…) et passer à autre chose», a-t-elle déclaré devant la presse.
L’an dernier, l’Académie avait été critiquée pour avoir laissé M. Smith recevoir son prix de meilleur acteur sur scène après son agression. Il a depuis été interdit de cérémonie pendant 10 ans.
L’objectif des organisateurs est «d’assurer le divertissement et, je l’espère, de faire en sorte que vous continuiez à nous regarder», a confié à l’AFP le producteur Glenn Weiss.
Car malgré le rebond des chiffres d’audience l’an dernier, l’intérêt pour les Oscars s’est considérablement effrité depuis l’âge d’or des années 90. En 1998, 57 millions de téléspectateurs -- record absolu -- avaient assisté au triomphe de «Titanic», récompensé par 11 statuettes.
Cette année, la cérémonie compte sur la présence des suites de «Top Gun» et «Avatar», deux blockbusters majeurs, pour attirer l’attention.
«Mais si l’audience n’augmente pas par rapport à l’année dernière, l’Académie aura un gros problème», pointe M. Feinberg.
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