Vingt femmes témoignent contre Patrick Poivre d’Arvor dans une émission spéciale: on est «un bout de viande»

Vingt femmes qui ont témoigné contre Patrick Poivre d’Arvor, se sont exprimées au sujet des violences sexuelles qu’elles auraient subies par l’ex-présentateur de TF1.

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Sur le plateau de Mediapart, vingt femmes qui ont témoigné contre l’ex-présentateur star de TF1 Patrick Poivre d’Arvor (PPDA), se sont exprimées. Pour certaines c’était la première fois qu’elles prenaient la parole à visage découvert. Elles ne se connaissent pas, mais sont liées par un récit commun.

«Vous avez dénoncé des comportements problématiques, du harcèlement sexuel, des agressions sexuelles, des viols. Deux d’entre vous étaient mineurs au moment des faits présumés, huit d’entre vous ont dénoncé un viol. Ces témoignages, Patrick Poivre d’Arvor y a répondu par une plainte en dénonciation calomnieuse qui vise seize d’entre vous», débute le journaliste de Mediapart.

Des faits étalés sur trente ans

Les femmes concernées ont entre 28 et 63 ans, précise le média, et dénoncent des faits étalés sur trente ans, entre les années 80 et 2013. C’est notamment le cas de la journaliste Stéphanie Khayat: «J’ai travaillé avec Patrick Poivre d’Arvor pendant plusieurs années. J’ai porté plainte pour deux viols, l’un en 94 et l’autre en 97», dit-elle en se présentant.

Hélène Devynck (photo ci-dessous), qui a également porté plainte explique: «J’ai travaillé avec Patrick Poivre d’Arvor dans les années 90. Je débutais dans le journalisme. J’étais chargée de rédiger son journal de 20h. J’ai porté plainte pour un viol en 93».

«Une seule chose est belle: notre solidarité»

Florence Porcel, dont le témoignage en 2021 a lancé l’affaire PPDA, était présente. Elle n’a néanmoins pas souhaité s’exprimer sur le fond du dossier, mais a tenu à souligner que les plaignantes font aujourd’hui front ensemble. «C’est une histoire moche. Il n’y a qu’une seule chose qui est belle: c’est nous, c’est notre solidarité. Et c’est quelque chose que PPDA voudrait nous enlever encore», a ajouté Hélène Devyneck.

Pour rappel, l’ex-présentateur de TF1 est présumé innocent jusqu’à l’issue du procès. Par le biais de ses avocats il a fait part à Mediapart qu’il «conteste toute violence, sexuelle ou non, à l’égard des femmes qui l’ont accusée».

«Un bout de viande»

Parmi les témoignages, Margot Cauquil-Gleizes enseignante, raconte son viol qui aurait eu lieu en 1985, alors qu’elle était mineure. Elle avait demandé que le présentateur donne un avis sur ses productions. Alors qu’elle s’était rendue au rendez-vous, l’ancien animateur l’aurait fait monter dans une chambre et l’aurait violé en «5 minutes pas plus», pour ensuite la congédier. «C’est un monsieur qui se sert, qui déshumanise complètement la personne, la jeune femme qu’il a en face de lui».

Marie-Laure Eude-Delattre, reconnaît bien les mécanismes de l’ancien présentateur dans le témoignage de Margot. «La séduction ce n’est pas ça. C’est un bout de viande: j’en ai besoin: je le prends: et je m’en vais», décrit-elle.

La responsabilité de TF1 évoquée

Puisque PPDA était la vedette star de TF1, la responsabilité de la chaîne française a été invoquée par Mediapart. De nombreux témoignages rapportent que ces viols auraient eu lieu au sein même de la rédaction, dans le bureau du présentateur. L’ancien patron de TF1 Nonce Paolini (photo ci-dessous) (2008-2016) s’est alors exprimé pour la première fois depuis le début de l’affaire.

«Si dans une entreprise comme TF1 on l’avait su, des sanctions auraient été prises. On ne pouvait pas remettre en cause la réputation d’une entreprise comme celle-là, cotée en Bourse, dont la moralité et l’éthique professionnelle n’ont jamais été mises en doute. C’était un risque inconsidéré», clame-t-il.