Faut-il purifier l’air dans les stations de métro?

Quelle est la qualité de l’air que nous respirons dans les stations souterraines du métro? Vous allez le voir, il est difficile de répondre à cette question. À Lille, deux systèmes de purification de l’air vont être testés.

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En prenant le métro, avez-vous déjà réfléchi à la qualité de l’air que vous inhalez? Contrairement à l’extérieur, l’air circule moins bien dans le métro et la pollution n’est jamais lavée par la pluie. Résultat: des micro poussières se retrouvent propulsées dans l’air à chaque passage d’une rame. Mais pas de panique: pour contrôler la qualité de l’air dans le métro bruxellois, la Stib fait appel à une agence indépendante. Elle surveille que la concentration de particules fines soit en dessous des normes en vigueur. Toutefois, à l’heure actuelle, il n’existe aucun chiffre officiel sur la qualité de l’air en Belgique. Il faut donc se tourner vers l’étranger pour avoir une meilleure idée de la qualité de l’air. En 2019, en France, une étude de l’air dans le métro parisien avait montré qu’il y avait dans le métro souterrain jusqu’à dix fois plus de particules fines qu’à la surface.

Mais est-ce si inquiétant pour les navetteurs? Bien qu’en 2020, une étude de la revue Nature révélait que les particules fines métalliques, comme celles générées par les frottements des freins du métro, avaient un fort potentiel d’oxydation, ce qui présentait des risques pour les personnes qui les respirent, certains experts se montrent plutôt rassurants à ce sujet. En effet, le temps passé sur le quai et dans les couloirs du métro est relativement faible et l’exposition est donc limitée. Et puis, le danger pour la santé dépend aussi d’autres facteurs comme le taux de pollution mais aussi de l’âge et de l’état de santé de la personne.

Prévenir ou guérir?

«On sait tous que dans des endroits fermés comme le métro, les particules fines ne peuvent pas être facilement évacuées. Cela présente donc un risque plus élevé de pollution», nous explique Tim Cassiers en charge de la Mobilité et de la Qualité de l’Air à l’association BRAL. Il y a quelques années, cette association qui se bat pour un Bruxelles durable a mené une expérience pour mesurer l’exposition des Bruxellois et des Bruxelloises aux particules fines. «Des participants ont parcouru Bruxelles avec des capteurs PM 2.5 et on a constaté que le taux de particules dans le métro pouvait parfois être assez élevé, mais pas toujours. Par exemple, il y a deux mois, j’ai fait des mesures à la station Saint-Guidon à Anderlecht et il n’y avait aucun problème et aucune différence par rapport à l’extérieur. Tout dépend de l’aération et de la manière dont l’air circule dans la station», détaille Tim Cassiers. Néanmoins, il espère que cette problématique soit prise en compte lors de la construction de nouvelles stations et que des systèmes d’aération et de purification comme il en existe dans d’autres pays soient aussi testés à Bruxelles.

Un test à Lille

À défaut de connaître le danger réel des particules fines dans le métro, ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir? En France, la ville de Lille a décidé de s’attaquer à la problématique. D’ici quelques semaines, la métropole européenne de Lille (MEL) va installer deux dispositifs de traitement de l’air dans la station de métro «Gare Lille-Flandres». Il s’agit d’une phase de test qui va durer trois mois. Ce sont deux systèmes différents qui vont être installés et testés simultanément. La première solution est fournie par Terrao. «La technologie issue des échangeurs Terrao s’appuie sur un sel naturel qui agit lors du barbotage de l’air dans l’eau afin de le ‘laver’. De ce fait, les particules fines sont captées, les micro-organismes sont détruits et il n’y a aucune radiation ni émission de sous-produit dans l’air», explique l’entreprise du nord de la France. Le second dispositif s’appelle Oxylon et est développé par la startup lilloise Bioetos, spécialisée dans les microalgues. Le mode de fonctionnement est un peu différent. L’air pollué est aspiré et est mis en contact avec un mélange d’eau et de microalgues. Il est ensuite déshumidifié et stérilisé avec des lampes UVC avant d’être rejeté par des ventilateurs. Le procédé permet de capter plusieurs gaz polluants comme le CO2 mais aussi les microparticules PM10 et PM2.5.

La phase de test dans le métro lillois commencera début mars et durera trois mois. Après quoi, la métropole européenne de Lille décidera ou non de continuer à purifier l’air de ses stations de métro.

Et à Bruxelles?

Interrogée par nos soins, la Stib a indiqué qu’elle ne prévoyait pas de tester les deux systèmes lillois sur son réseau mais qu’elle restait «attentive à tout ce qui se fait sur d’autres réseaux de transport public». «La situation du métro bruxellois en lui-même permet d’assurer une ventilation naturelle des stations. Le métro bruxellois n’est pas très profond et certaines de ses portions sont en surface. Le système de métro a été conçu pour assurer une ventilation par le passage des rames de métro dans les tunnels. De plus, le freinage est électrique et donc évite la production de poussières par abrasion des semelles de frein à pleine vitesse sur les disques de freins. C’est un avantage que nous avons à Bruxelles depuis l’ouverture du métro par rapport à des réseaux plus anciens», a précisé la Stib. Enfin, la Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles a souligné qu’elle travaillait de façon très poussée pour réduire l’usure des roues et des rails, et cela afin de limiter la production de particules fines.