La compagnie aérienne utilisée par les Diables accusée de sous-traitance illégale
«Il y a certainement un problème de fausse indépendance et de sous-traitance illégale» au sein de la compagnie aérienne lituanienne Klasjet, chargée de transporter les Diables Rouges vers et depuis les villes accueillant leurs matches durant l’Euro de football. C’est ce qu’a affirmé vendredi Charles-Eric Clesse, auditeur du travail de Charleroi, auprès de l’agence de presse Belga, après deux opérations de contrôle du personnel de cabine et des pilotes de l’avion qui transporte l’équipe nationale.
Quelques jours avant le début de l’Euro, on avait appris que les Diables Rouges partiraient de l’aéroport de Charleroi pour se rendre vers les différentes villes hôtes de leurs matches, et non depuis Brussels Airport, et que ce serait Klasjet, une compagnie VIP spécialisée dans ce type de transport qui s’en chargerait, et non Brussels Airlines, partenaire de l’Union belge. Très vite ont surgi des critiques sur les salaires très largement inférieurs aux standards belges du personnel de bord de la compagnie lituanienne.
Jeudi soir, le transporteur de luxe choisi par l’Union belge de football pour transporter les Diables Rouges durant l’Euro s’est fendu d’un communiqué de presse dans lequel il dénonçait une détention illégale de l’équipage par les autorités belges mercredi soir, alors que l’avion venait de se poser à Charleroi en vue du déplacement vers Munich de l’équipe nationale jeudi.
Contrôle de l’auditeur du travail
Une opération de contrôle ordonnée par l’auditeur du travail de Charleroi a en effet eu lieu dans la soirée de mercredi à jeudi, a confirmé Charles-Eric Clesse. Il s’agissait en réalité d’une deuxième opération de ce genre car la première, qui a eu lieu il y a deux semaines, après la rencontre face au Danemark, avait fait l’objet d’une fuite, les avocats de l’entreprise étant présents sur le tarmac.
Lors de ce contrôle, les quatre membres du personnel de cabine et les deux pilotes ont été réentendus, durant trois heures. Leurs téléphones portables ont été saisis, comme pour toute audition, pour éviter qu’ils ne puissent communiquer entre eux, ils n’ont pas été privés de libertés -deux points que dénonçait Klasjet jeudi soir- et des interprètes étaient présents. Tous ont été entendus au statut de témoin, ce qui n’oblige pas à l’assistance d’un avocat, détaille l’auditeur du travail carolo, qui assure un strict respect du code social.
Sous-traitance illégale
Il ressort de leur audition qu’il y a certainement un problème de fausse indépendance et de sous-traitance illégale, analyse Charles-Eric Clesse. Le personnel appartient en effet à une société dubaïote. Ces constats seront dénoncés et transmis aux autorités judiciaires et sociales lituaniennes.
Dans son communiqué, Klasjet a accusé Brussels Airlines et Brussels Airport, qui ont tous les deux «perdu» les Diables dans cette affaire, d’être responsables de ces opérations de contrôle. «Ils n’ont rien à voir avec cela», répond l’auditeur du travail. «Nous avons vu dans la presse qu’il était peut-être question de dumping social et lorsqu’on a appris que l’avion venait à Charleroi, nous avons décidé d’ouvrir une enquête administrative puis judiciaire», explique-t-il.
Il n’y aura désormais plus de contrôle de ce genre, dit Charles-Eric Clesse. «Nous avons constaté les infractions et les avons transmises aux autorités lituaniennes. Nous ne sommes plus compétents pour le reste.»