L’avion du futur volera-t-il grâce à la moutarde?
Des scientifiques planchent sur un biocarburant à base de moutarde pour remplacer le pétrole dans les avions.
Pour limiter la pollution émise par les moteurs d’avion, des scientifiques ont mis au point un carburant conçu à partir de… moutarde. Une méthode qui pourrait réduire les émissions émises par les moteurs d’avion de 68%, affirment les chercheurs.
Jusqu’à 68% des émissions carbone en moins
Dirigée par le scientifique Puneet Dwivedi de l’université de Géorgie (États-Unis), la recherche a estimé le seuil de rentabilité et les émissions de carbone sur le cycle de vie du carburant aviation durable (SAF) dérivé de l’huile obtenue à partir de Brassica carinata, une plante oléagineuse non comestible, qui correspond à la moutarde d’Abyssinie.
Le SAF peut provenir d’huiles végétales, de cuisson, de graisses animales, de sucres et d’amidons, de certaines algues ou de lignocellulose provenant de résidus de bois et de certaines plantes non comestibles. «Le SAF à base de carinata pourrait contribuer à réduire l’empreinte carbone du secteur de l’aviation tout en créant des opportunités économiques et en améliorant le flux des services écosystémiques dans toute la région du sud», explique le Pr Puneet Dwivedi dans la revue GCB Bioenergy.
Le prix de la production de SAF à partir de carinata varie entre 0,12 dollar (soit 0,10 euro) par litre au bas de l’échelle et 1,28 dollar (soit 1,10 euro) par litre, en fonction des incitations économiques et commerciales existantes.
Selon le Pr Dwivedi, ce type de SAF pourrait réduire jusqu’à 68% des émissions carbone liées au secteur de l’aviation. La moutarde d’Abyssinie présenterait aussi l’avantage de pouvoir être cultivée toute l’année dans certaines régions du sud des États-Unis en raison des hivers peu rigoureux, comme la Géorgie. «La culture de la carinata offre de surcroît tous les avantages des cultures de couverture liés à la qualité de l’eau, à la santé des sols, à la biodiversité et à la pollinisation», ajoute-t-il.
Reste plus qu’à se procurer les infrastructures locales pour le broyage des graines et la transformation de l’huile en SAF. L’enjeu porte notamment sur la modélisation de la faisabilité économique et environnementale de la production et de la consommation de SAF à base de carinata en Géorgie, en Alabama et en Floride, en adoptant une perspective de chaîne d’approvisionnement.
«Nos résultats seraient particulièrement pertinents pour l’État de Géorgie, qui est le sixième plus grand consommateur de carburant d’aviation conventionnel du pays, qui accueille l’aéroport le plus fréquenté du monde et qui est le siège de Delta, une compagnie aérienne mondiale de premier plan. La Brassica carinata a le potentiel d’être une situation gagnante-gagnante pour nos zones rurales, l’industrie de l’aviation et, surtout, le changement climatique», conclut Puneet Dwivedi.
En septembre dernier, Joe Biden a proposé un crédit d’impôt sur les carburants durables dans le cadre du Sustainable Aviation Fuel Grand Challenge, qui réunit des agences fédérales pour augmenter la production de SAF à l’échelle nationale. Le président américain s’est fixé pour objectif de réduire de 20% les émissions de l’aviation d’ici à 2030 et de parvenir à un secteur de l’aviation entièrement exempt de carbone d’ici à 2050.