Où en est le projet du futur tram à Liège ? On fait le point
Initialement annoncé pour octobre 2022, ce n’est finalement qu’en avril 2024 (et c’est déjà le troisième report) que les Liégeois pourront traverser la ville à bord du tram. Cette nouvelle colonne vertébrale de la ville reliera Sclessin (Standard) à Coronmeuse et son futur éco-quartier, et à Bressoux (Liège Expo). Un tracé qui a d’ores et déjà été étendu du Standard vers la gare de Seraing; et de Coronmeuse vers Herstal.
Pour un trajet affiché au même prix qu’un billet de bus, les voyageurs profiteront d’un tram silencieux, moderne et confortable, et même équipé de ports USB. Dans le centre, il y aura une station tous les 450 m.
Ce projet à 430 millions € est de plus censé transformer le paysage liégeois de la mobilité, faisant la part belle à la mobilité douce (neuf pôles de connexion multimodale, désengorgement des voitures via le P+R, aménagements pour cyclistes le long du tracé…).
Retard conséquent
Oui mais il y a un mais. Ce projet pharaonique, censé donner un nouveau souffle à la ville et son économie, accuse un retard conséquent. La faute à la Covid, à des plans qui n’étaient pas prêts à temps. Et les inondations n’ont rien arrangé.
Un an et demi de retard, c’est aussi des travaux qui s’éternisent pour les riverains. Pour les commerçants aussi, qui réclament des indemnités (et sont d’ailleurs soutenus dans cette démarche par le bourgmestre). Tant du côté local, chez Willy Demeyer, que régional, au cabinet du ministre Henry, on a fait part de son mécontentement. Oui mais voilà, les pouvoirs publics n’ont pas la main puisque le projet, réalisé en PPP, a été confié au consortium Tram’Ardent. Chaque jour de retard sur son planning (sauf cas de force majeure) lui en coûtera quelque 92.000€ (soit le montant quotidien prévu de location).
Selon le dernier calendrier remis fin décembre, les travaux d’infrastructures doivent être finalisés pour août 2023. Autrement dit, dès lors, il n’y aura plus de travaux conséquents dans la ville. Les mois qui suivent seront consacrés aux tests, rodages des rames et essais à vide. Avant d’accueillir enfin, au printemps 2024, les premiers passagers.
Entre-temps, les travaux pour l’extension du tracé auront débuté (fin 2023). Faut-il à nouveau craindre des retards en série? Il y a peu de risque. Réalisés grâce aux fonds européens, ces nouveaux tronçons doivent impérativement être terminés pour août 2026… au risque de perdre les subsides.
Un an de travaux place Saint-Lambert
Si les travaux pour l’arrivée du tram ont depuis longtemps débuté aux extrémités du tracé, c’est au tour de l’hyper centre de passer en mode chantier.
Initialement, il était prévu une approche des travaux par tronçons. Mais aujourd’hui, certains arrivent à leur fin quand d’autres débutent. C’est donc toute la ligne qui est chantier, d’où l’impression de chaos général en ville.
«Dire qu’il y a du retard c’est un fait. Mais dire qu’il ne se passe rien sur le chantier, c’est tout de même abusif», pointe Daniel Wathelet, responsable communication du tram (TEC). «On a parfois l’impression que le chantier n’avance pas, mais il ne faut pas oublier qu’il avance aussi en sous-sol, sur les impétrants. Et puis quand on voit l’état d’avancement sur le quai Saint-Léonard ou du côté de Bressoux, on constate qu’ils sont en train de bétonner entre les rails et de refaire les trottoirs. Donc sur ces tronçons, on approche de la fin.» À Bressoux, le CDMR (le centre de maintenance et de remisage) aussi est prêt. Tout comme les parkings relais.
Revenons en centre-ville. Les travaux sur la rue Léopold progressent et la rue devrait être remise en double sens fin février/début mars. Dès lors, les chantiers débuteront en Féronstrée, Opéra, rue Joffre et sur le quai de la Batte. Et les Liégeois n’ont pas pu le manquer: depuis la mi-janvier, les travaux ont débuté Sauvenière et Saint-Lambert.
«Après avoir retiré la fontaine et arraché le revêtement, l’action principale sur la place est de ‘déconstruire’ la dalle pour la renforcer. Cela va durer six mois. On enchaînera ensuite avec les travaux d’infrastructure (poser les rails, construire les stations, installer les câbles aériens…), six mois également», nous détaille Daniel Wathelet.
Durant toute la durée des travaux, des plans d’orientation (piétons, transports en commun et PMR) sont affichés pour permettre à tous de s’y retrouver. «On peut tout à fait circuler à Liège et y faire ses courses. La différence, c’est qu’il faut un peu changer ses habitudes. Mais tous les parkings de Liège sont accessibles, et tous les commerces restent accessibles à pied.»