Trottinette électrique: ces pratiques dangereuses qui ne sont pourtant pas interdites
Depuis quelques années, il est devenu impossible de passer à côté: les trottinettes électriques ont envahi le paysage urbain. Mais la cohabitation avec les autres usagers n’est pas toujours aisée. Qu’est-ce qui est permis et qu’est-ce qui ne l’est pas? On fait le point.
Des trottinettes qui déboulent à toute allure sur les trottoirs, des engins stationnés n’importe comment, plusieurs passagers à bord, des enfants au guidon… La trottinette électrique (et partagée) fait souvent parler d’elle, et pas toujours pour le meilleur. Sans compter les accidents, fréquents et parfois mortels. Mais quelles sont au juste les règles qui encadrent son utilisation? En réalité, plusieurs de ces pratiques contraires à la bonne conduite (et parfois au bon sens) ne sont pas interdites.
Sur le trottoir oui, mais pas si vite
Concrètement, en fonction de sa vitesse, l’usager de trottinette est considéré soit comme piéton, soit comme cycliste. S’il dépasse le rythme des piétons (avec un maximum de 25km/h), il doit, comme le cycliste, rouler sur les pistes cyclables ou la chaussée, et respecter la signalisation.
Si en revanche il se déplace «à l’allure du pas» (soit 6km/h en moyenne), il doit se comporter en piéton: emprunter les trottoirs ou zones piétonnes, traverser sur les passages pour piétons,etc.
Autrement dit, l’excès de vitesse en trottinette existe: si l’on roule à plus de 6km/h sur le trottoir (ou à plus de 25km/h sur la chaussée), on est en infraction. Et cela peut être puni d’une amende allant jusqu’à 250€ (125€ maximum pour les 14-17ans). Or, on remarque que sur les trottoirs de la ville, ce rythme piéton est bien souvent dépassé.
Si la vitesse de croisière est bel et bien encadrée par la loi, celle-ci ne fixe par contre pas d’âge minimum légal pour conduire une trottinette électrique (pas plus d’ailleurs que pour les monoroues et les hoverboards). Tout aussi surprenant: il n’est pas formellement interdit d’emprunter la trottinette à deux, voire même à trois. Ce n’est tout simplement pas écrit dans le code de la route.
Un cadre insuffisant mais appelé à évoluer
Des lacunes qu’il est urgent de combler, selon Vias. «Il n’est pas normal qu’un enfant de 12ans puisse conduire un véhicule motorisé pouvant atteindre une vitesse de 25km/h. Pour un cyclomoteur classe A atteignant la même vitesse maximale, un âge minimum de 16ans est requis, ainsi qu’un casque, une assurance et un certificat d’immatriculation», illustre l’Institut pour la sécurité routière, soulignant que les plus jeunes ne sont «pas encore en mesure d’évaluer correctement les risques dans la circulation». Selon les chiffres de l’Institut, sur les 400 accidents liés aux trottinettes électriques signalés en 2020, 40 impliquaient des jeunes de moins de 16ans.
C’est pourquoi Vias plaide pour une adaptation de la réglementation, notamment en fixant un âge minimum légal de 16ans. Autres revendications: l’interdiction de circuler sur les trottoirs, ainsi que l’interdiction d’embarquer un passager. Une proposition en ce sens a été déposée en décembre par le député Vooruit Joris Vandenbroucke.
Par ailleurs, le ministre de la Mobilité Georges Gilkinet (Ecolo) travaille à une réforme du code la route qui devrait prendre en compte les engins de mobilité douce et partagée. De quoi mener à cohabitation pacifiée et sécurisée pour tous dans l’espace public.