Acculé, Boris Johnson admet sa présence à une fête en plein confinement mais évoque «une réunion de travail»

Boris Johnson a reconnu sa présence à une fête pendant le confinement et s’excuse, sans convaincre l’opposition.

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AFP avec rédaction en ligne
Temps de lecture 3 min.

Acculé, le Premier ministre britannique Boris Johnson a reconnu mercredi devant les députés sa présence à une fête à Downing Street en plein confinement en 2020 et présenté ses «excuses», sans convaincre l’opposition qui demande sa démission.

Fête ou réunion de travail?

Dans une chambre des Communes surchauffée, le chef du gouvernement conservateur a soutenu qu’il pensait que l’événement du 20 mai 2020 dans les jardins de sa résidence officielle était une réunion de travail. À cette époque, en pleine première vague de Covid-19, seules deux personnes étaient autorisées à se retrouver en extérieur et de nombreux Britanniques n’ont pas pu dire adieu à leurs proches mourants, d’où l’ampleur de la colère provoquée par cet événement où auraient été invitées plus de 100 personnes avec comme consigne d’apporter à boire.

En effet, la chaîne ITV a révélé lundi soir l’existence d’un mail envoyé à une centaine de personnes par le secrétaire en chef du Premier ministre, Martin Reynolds, le 20 mai 2020. «Apportez vos bouteilles», lançait l’invitation qui appelait à «profiter du beau temps» lors d’un pot «avec distanciation sociale» dans les jardins de la résidence du Premier ministre.

Une trentaine ou quarantaine de personnes avaient répondu à l’invitation, selon la presse, dont le chef du gouvernement et sa fiancée Carrie qu’il a épousée peu après.

«Je présente mes excuses du fond du cœur»

Boris Johnson a expliqué qu’il aurait dû estimer que si l’événement pouvait «techniquement» être considéré comme rentrant dans les règles, la perception des Britanniques, empêchés de rencontrer leurs proches, pouvait être tout autre. «Je présente mes excuses du fond du cœur», a-t-il lancé. Il a affirmé prendre la «responsabilité» des «erreurs» qui ont été commises.

L’opposition demande sa démission

Accusant Boris Johnson de «mentir comme un arracheur de dents», le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer a jugé la défense du Premier ministre «tellement ridicule» qu’elle en est «insultante» pour les Britanniques. «Aura-t-il maintenant la décence de démissionner?» a-t-il lancé.

Les indépendantistes écossais du SNP et les libéraux-démocrates ont également demandé son départ. Sur ce point, Boris Johnson a renvoyé à l’enquête interne menée par la haute-fonctionnaire Sue Gray.

La chute de Bojo

Deux ans après sa victoire électorale historique, Boris Johnson a vu sa popularité, longtemps inoxydable, chuter ces derniers mois.

Confronté à une série de révélations en fin d’année dernière sur des fêtes organisées dans les cercles du pouvoir au mépris des règles sanitaires pour lutter contre le coronavirus en 2020, il a vu ces derniers jours les accusations se resserrer.

«Johnson perd le soutien des Tories», titre mercredi le conservateur Daily Telegraph, tandis que le populaire Daily Mail se demande si «la fête est finie pour le Premier ministre».

Outre les fêtes, sa réputation a été ternie par des soupçons de mensonge sur le financement de la luxueuse rénovation de son appartement de fonction, d’attribution de contrats entre amis durant la pandémie ou encore d’accusations de favoritisme.

S’il continue de refuser de partir, un vote de défiance au sein du parti, nécessitant 54 lettres pour être déclenché, suffirait à le renverser. Peu probable dans l’immédiat, cette option n’est cependant plus taboue chez les conservateurs, peu enclins à s’embarrasser de dirigeants dans la tourmente et qui pourraient lui préférer le ministre des Finances Rishi Sunak ou la cheffe de la diplomatie Liz Truss.