Alexander De Croo rappelle que les sanctions doivent avant tout faire mal à la Russie et non à la population européenne
Le sixième paquet de sanctions dépend de la maîtrise des prix de l’énergie, estime Alexander De Croo.
L’adoption par l’Union européenne d’un sixième paquet de sanctions contre la Russie, incluant un embargo progressif sur le pétrole, est envisageable à partir du moment où la sécurité d’approvisionnement énergétique est garantie pour tous les États membres et que les outils de contrôle des prix de l’énergie sont en place, a affirmé le Premier ministre belge Alexander De Croo, mardi à l’issue d’une entrevue à Berlin avec le chancelier Olaf Scholz.
Des achats groupés à l’échelle de l’UE?
«En matière d’énergie, il y a (entre la Belgique et l’Allemagne) une forte conviction commune que, si l’on devait adopter des sanctions supplémentaires, nous devons être sûrs de la sécurité d’approvisionnement et de disposer des instruments adéquats pour garder les prix sous contrôle», a indiqué M. De Croo, au terme d’une visite de deux jours dans la capitale allemande.
Il rappelle le principe selon lequel les sanctions doivent avant tout faire mal à la Russie et non à la population européenne.
Parmi les outils sur lesquels travaille la Commission européenne, tels qu’un plafonnement des prix de l’énergie, la Belgique est favorable à des achats groupés d’énergie qui permettraient de négocier à l’échelle de l’UE de meilleurs prix sur les marchés mondiaux. Un pré-accord a été dégagé en ce sens entre chefs d’État et de gouvernement en mars, laissant toutefois la liberté à chaque État membre d’y participer ou pas.
L’Allemagne refuse de participer aux futurs achats groupés
L’Allemagne ne privilégie pas ce mécanisme, a confirmé le chancelier Olaf Scholz au cours d’une conférence de presse, aux côtés de M. De Croo. «Je pense que l’on doit travailler ensemble, c’est évident, mais d’un autre côté, ce sont des compagnies commerciales privées qui font les contrats et les affaires, et que l’on ne changera pas cela», a affirmé le chancelier. «Je suis certain que les gouvernements (des États membres) et, si je peux me permettre, la Commission européenne, ne sont pas réellement préparés pour un commerce que certains font depuis parfois un siècle», a-t-il ajouté.
Interrogé avant son retour en Belgique, M. De Croo a regretté la non-participation allemande aux futurs achats groupés, tout en relativisant. «L’Allemagne dit qu’elle dispose de sa propre expertise et qu’elle le fait donc elle-même. Je pense que nous sommes plus forts quand nous agissons ensemble. Mais bon, si l’Allemagne ne participe pas, nous sommes prêts à coopérer avec d’autres pays», a-t-il dit, l’essentiel étant à ses yeux la sécurité d’approvisionnement.
Et à ce titre, l’Allemagne ne cache pas ses craintes pour le pétrole et le gaz. «Nous partageons cette préoccupation, nous avons aussi une industrie lourde et énergivore», fait observer M. De Croo. Il y a donc «énormément de coopération à faire, puisque la Belgique fournit une grande partie de l’Allemagne».
Fluxys, le gestionnaire du réseau belge de gaz, est en train de dédoubler une conduite de gaz vers Opwijk puis l’Allemagne, et la Belgique veut aussi participer à la stratégie hydrogène du gouvernement allemand (H2 Global Initiative). Les deux pays avancent également sur les éoliennes offshore. La semaine prochaine, les dirigeants de l’Allemagne, des Pays-Bas, du Danemark et de la Belgique se rencontreront à nouveau pour travailler sur une «usine de renouvelable en mer du Nord», selon M. De Croo.