Après avoir été violée, battue et prostituée, Valérie Bacot est jugée pour le meurtre de son mari
Les assises de Saône-et-Loire ont entamé lundi le procès de Valérie Bacot, souvent présentée comme la «nouvelle Jacqueline Sauvage», pour l’assassinat de son mari proxénète qui la violait depuis l’âge de 12 ans.
Écharpe ocre sur veste noire, l’accusée n’a pas fait de commentaire à son arrivée au palais de justice de Chalon-sur-Saône, visiblement très impressionnée par la foule de journalistes qui l’a entourée. Elle comparaît libre après avoir été placée sous contrôle judiciaire fin 2018.
Le 13 mars 2016, Valérie Bacot, 35 ans, tue Daniel Polette, 61 ans. Avec l’aide de deux de ses enfants, elle enterre le corps dans un bois mais est dénoncée puis arrêtée en octobre 2017. Elle avoue immédiatement, expliquant son geste par 25 ans de calvaire.
Violée par l’amant de sa mère
À 12 ans, elle est violée par Daniel Polette qui est alors l’amant de sa mère. Condamné et incarcéré en 1995, l’homme est pourtant autorisé, dès sa sortie de prison en 1997, à réintégrer le domicile familial. Et «tout recommence comme avant», raconte Valérie Bacot dans son livre «Tout le monde savait» (Fayard), publié le mois dernier.
Quand elle tombe enceinte à 17 ans, sa mère la chasse et Valérie Bacot ne voit son salut que dans une installation avec «Dany». Mais à la violence physique «quotidienne, usuelle», selon Mme Bacot, s’ajoute la prostitution que son mari lui impose à l’arrière de la 806 familiale, tout en lui donnant des «instructions» par l’intermédiaire d’une oreillette pour mieux satisfaire le client. «J’ai souhaité fuir mille fois», assure Valérie Bacot. Mais elle craint de ne pouvoir échapper à son mari violent, qui la menace régulièrement avec un pistolet.
Pas de légitime défense
Le déclencheur sera la peur que sa fille Karline subisse le même sort quand, à 14 ans, elle avoue à sa mère que son père lui a demandé «comment elle était sexuellement».
Le 13 mars 2016, après une énième passe à l’arrière de la 806, elle s’empare du pistolet que son mari gardait dans le véhicule et lui tire une balle dans la nuque. La légitime défense ne pourra dès lors pas être invoquée: ce dernier était au volant, lui tournant le dos.
Mais les avocates de l’accusée feront valoir les «violences extrêmes subies pendant près de 25 ans et sa peur de les voir se perpétuer à l’encontre de sa propre fille». Cela a «conduit» Mme Bacot, «de manière inexorable, au passage à l’acte», plaident Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini qui avaient déjà défendu Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir tué son mari, puis graciée en 2016.
L’accusée doit témoigner lundi matin. Le procès est prévu jusqu’à vendredi.