Après trois mois de guerre, la région de Lougansk presque entièrement envahie: «les prochaines semaines seront difficiles»

La guerre en Ukraine entre mardi dans son quatrième mois, au moment où les troupes russes concentrent leur offensive sur la dernière poche de résistance de la région de Lougansk, dans le Donbass (est).

par
AFP
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Après avoir éloigné les forces russes des deux plus grandes villes du pays, la capitale Kiev fin mars et début avril puis Kharkiv en mai, les Ukrainiens reconnaissent depuis quelques jours des «difficultés» dans le Donbass, formé par les oblasts de Lougansk et Donetsk.

«Les prochaines semaines de guerre seront difficiles», a prévenu lundi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution télévisée quotidienne. «Les occupants russes s’efforcent de montrer qu’ils n’abandonneront pas les zones occupées de la région de Kharkiv (nord-est), qu’ils ne rendront pas la région de Kherson (sud), les territoires occupés de la région de Zaporijjia (sud-est) et le Donbass (est). Ils avancent quelque part. Ils renforcent leurs positions ailleurs», a-t-il poursuivi.

Moscou concentre sa puissance de feu précisément sur le réduit ukrainien de la région de Lougansk, en essayant de cerner les villes de Severodonetsk et Lyssytchansk. Le ministère ukrainien de la Défense a aussi signalé de violents combats en cours à proximité de là, près des localités de Popasna et Bakhmout, ce qui dessine une stratégie d’encerclement.

La chute de Bakhmout, dans l’oblast de Donetsk, donnerait aux Russes le contrôle d’un carrefour crucial qui sert actuellement de centre de commandement impromptu pour une grande partie de l’effort de guerre ukrainien.

Severodonetsk, elle, est directement bombardée «24 heures sur 24» par les Russes, qui «utilisent la tactique de la terre brûlée, ils détruisent délibérément la ville», avait alerté dimanche le gouverneur ukrainien de l’oblast de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

Aide militaire de 20 pays

Lors d’une réunion virtuelle du «Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine», 44 pays ont ainsi discuté lundi de l’assistance militaire à apporter à l’Ukraine. Vingt d’entre eux se sont engagés à fournir des armes supplémentaires à Kiev, et d’autres entraîneront l’armée ukrainienne, a annoncé le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin.

Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a dit «espérer pouvoir présenter les résultats de l’utilisation» des armes promises lundi, «qui devraient changer la donne sur le champ de bataille».

Huit millions de déplacés

En trois mois, des milliers de personnes, civils et militaires, ont péri, sans qu’il n’existe un bilan chiffré. Pour la seule ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent toutefois de 20.000 morts.

Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à plus de 29.200 hommes, 204 avions et près de 1.300 chars depuis le début de l’invasion le 24 février.

Le Kremlin pour sa part a admis des «pertes importantes».

Des sources occidentales évoquent quelque 12.000 soldats russes tués, une bonne source militaire française a confirmé à l’AFP un chiffre estimé de l’ordre de 15.000. Ces pertes sur trois mois avoisinent celles enregistrées en neuf ans par l’Armée soviétique en Afghanistan, souligne le ministère britannique de la Défense. L’Ukraine n’a pour sa part fourni aucune indication quant à ses propres pertes militaires.

La guerre a aussi chamboulé la démographie du pays: plus de huit millions d’Ukrainiens ont été déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). S’y ajoutent 6,5 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié – 3,4 millions – en Pologne.