Attentats de Paris: deux ans de prison requis à l’encontre de Youssef El Ajmi, trois pour Abdoullah Courkzine
La procureure fédérale a requis, lundi matin, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, une peine de deux ans pour Youssef El Ajmi, pour avoir encouragé Ibrahim El Bakraoui. Elle a aussi requis une peine de trois ans de prison à l’encontre d’Abdoullah Courkzine, pour avoir aidé à cacher Abaaoud après les attentats à Paris.
«Youssef El Ajmi a apporté des encouragements à Ibrahim El Bakraoui par sa présence fidèle à l’appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek», a soutenu la procureure fédérale, lundi, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, au procès «Paris bis». Elle a requis une peine de deux ans de prison à l’encontre d’El Ajmi, sans s’opposer à un sursis probatoire, pour avoir apporté une aide essentielle à la cellule terroriste responsable des attentats du 13 novembre 2015.
«Il était un des seuls à savoir où était Ibrahim El Bakraoui, qui avait organisé sa clandestinité. El Bakraoui n’avait pas repris de numéro de téléphone à son retour de Syrie en août 2015 et il s’était caché», a affirmé la procureure.
Celle-ci a rappelé que Youssef El Ajmi était un ami proche d’Ibrahim El Bakraoui, et qu’il était aussi très proche d’Ali El Haddad Asufi, actuellement accusé devant la cour d’assises de Paris pour son rôle dans les attentats. «El Haddad Asufi est le ’top contact’ de Youssef El Ajmi. Ils sont comme les deux doigts de la main», a déclaré la procureure. Les deux hommes ont véhiculé Ibrahim El Bakraoui lors de ses deux voyages en Syrie, via la Turquie en juin 2015 et via la Grèce en juillet 2015.
À son retour en août, El Bakraoui a séjourné à Verviers puis est revenu à Bruxelles en octobre et s’est caché dans l’appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek, qui servait de planque à la cellule terroriste. «Les images de caméras de vidéo-surveillance montrent que Youssef El Ajmi est allé à quatre reprises à l’adresse, durant la période préparatoire des attentats à Paris. Il fait clairement partie du cercle de ceux en qui Ibrahim El Bakraoui a pu avoir confiance», a considéré la procureure.
Le cas Courkzine
Pour ce qui est du cas d’Abdoullah Courkzine, il était en contact étroit avec la cousine d’Abaaoud, Hasna Ait Boulahcen. Celle-ci avait contacté Courkzine pour qu’il l’aide à exfiltrer son cousin, caché dans un buisson à Aubervilliers après les attentats.
«Il était en contact sur Facebook avec elle depuis mars 2015. Elle avait vraiment besoin de lui et lui faisait totalement confiance», a déclaré la procureure au sujet de la relation entre Courkzine et Hasna Ait Boulahcen. Lorsqu’elle lui a parlé d’Abaaoud, il aurait pu dire à la police qu’il savait qui cachait le terroriste, a relevé la magistrate. En cela, il a commis un acte de participation aux activités d’un groupe terroriste, a-t-elle estimé.
Par ailleurs, l’analyse de ses appareils multimédias montre qu’il avait une «note sur la fabrication des explosifs» et qu’il avait un «intérêt marqué pour les thématiques djihadistes depuis longtemps», a dit la procureure. «Il est véritablement fasciné par le djihad. Il est endoctriné depuis 2010 au moins».
Ce qui inquiète le parquet fédéral, c’est que Courkzine ne semble pas s’être amendé. «Depuis le 4 mars 2022, il est sous mandat d’arrêt pour participation aux activités d’un groupe terroriste dans un dossier marocain. Le suspect arrêté était en contact avec Abdoullah Courkzine», a expliqué la procureure. «On a retrouvé chez lui un bordereau relatif à un transfert d’argent à ce suspect au Maroc. Il est aussi encore membre de groupes de discussion djihadiste et est à nouveau en possession de formules chimiques [qui correspondent à la fabrication d’explosifs]».