Bolsonaro sous enquête pour dissémination de fausses informations
Un juge de la Cour suprême du Brésil a ordonné mercredi l’ouverture d’une enquête contre le président Jair Bolsonaro pour diffusion de fausses informations, après ses attaques constantes et sans preuves contre le système électoral.
Le juge Alexandre de Moraes a pris cette décision suite à une requête du Tribunal Supérieur Electoral, qui avait annoncé lundi ouvrir une enquête contre le chef de l’Etat pour «abus de pouvoir politique et économique (...) dans ses attaques contre le système de vote électronique et la légitimité des élections de 2022».
Le magistrat a précisé que l’enquête de la Cour suprême tenterait d’établir si le dirigeant d’extrême droite s’était rendu coupable d’«injure, diffamation et dénonciation calomnieuse», notamment. «Le Président de la république a insinué la pratique d’actes illicites de la part de membres de la Cour suprême, en utilisant des moyens de diffusion en masse (de fausses informations) sur les réseaux sociaux, pour léser le pouvoir judiciaire et mettre en péril son indépendance», a écrit le juge Moraes dans son arrêt.
L’enquête doit porter notamment sur une transmission en direct de plus de deux heures sur Facebook lors de laquelle le président Bolsonaro a fait état, jeudi dernier, de fraudes dans le système d’urnes électroniques en vigueur depuis 1996, sans apporter la moindre preuve. Il a également fortement critiqué plusieurs juges de la Cour suprême, notamment Luis Roberto Barroso, qui est également président du TSE.
Des manifestations dans le pays
M. Barroso avait déjà été traité d’«imbécile» par M. Bolsonaro le mois dernier, dans un discours lors duquel il avait jeté un doute sur la tenue de la présidentielle de 2022. «Ou nous faisons des élections propres au Brésil, ou il n’y aura pas d’élections», avait-il menacé. Mardi, il avait encore haussé le ton, affirmant qu’il n’«accepterait pas d’intimidations».
Dimanche, des milliers de manifestants pro-Bolsonaro se sont réunis dans les grandes villes brésiliennes pour protester contre le système de vote électronique. Jair Bolsonaro ne préconise pas un retour au vote par bulletins en papier, mais l’impression de reçus après chaque vote électronique, pour permettre de recompter les voix «en public» en cas de contestation.
Une mesure rejetée par le TSE, qui assure que le système actuel n’a jamais été émaillé d’irrégularités et que l’impression de reçus en papier pourrait au contraire exposer le vote «aux risques de manipulation du passé».