#BoycottMcDonalds: Les appels au boycott envers les entreprises qui restent en Russie se multiplient
Sur les réseaux sociaux, les appels à boycotter des grandes entreprises qui restent en Russie, comme Coca-Cola, Pepsi ou McDonald’s, se multiplient. Dans quelle mesure est-il important que ces groupes arrêtent de faire des affaires en Russie? Des experts répondent à la question.
D’Apple aux jeans Levi’s en passant par Nike, de nombreuses multinationales américaines ont décidé de suspendre leurs activités en Russie. Mais quelques entreprises font encore le choix de rester dans le pays malgré les risques pour leur réputation.
Nombre d’entreprises américaines toujours en Russie restent silencieuses, à l’instar de McDonald’s, Bunge, Mondelez, Estée Lauder, Kimberly-Clark ou Coty, qui n’ont pas répondu à une sollicitation de l’AFP.
Parfois des raisons légitimes de rester
Certains groupes peuvent avoir des raisons légitimes de rester, remarquent plusieurs experts en éthique et stratégie de communication interrogés par l’AFP.
«Il existe des risques sérieux à l’encontre des Occidentaux actuellement en Russie et ces entreprises doivent faire tout ce qu’elles peuvent pour rapatrier ces gens», indique Richard Painter, professeur à l’Université du Minnesota et ancien juriste en charge de l’éthique à la Maison Blanche.
Certaines entreprises peuvent être hésitantes car elles pensent pouvoir jouer un rôle d’intermédiaire entre les parties ou car elles produisent dans le pays des produits essentiels comme des ingrédients pharmaceutiques, remarque de son côté Tim Fort, professeur en éthique des affaires à l’Université d’Indiana.
Faire comprendre aux Russes qu’il se passe quelque chose
Toutefois, ajoute-t-il, «c’est sans doute le bon moment pour choisir un camp et cela ne me semble pas très difficile de le faire» au vu des violations des droits humains et des lois sur les conflits commises par la Russie. La décision d’une seule entreprise «ne va pas faire pencher la balance, mais il y a un effet d’accumulation», avance M. Fort.
Et une société aussi connue que McDonald’s peut avoir une réelle influence en Russie au moment où le discours officiel minimise l’ampleur du conflit et que la population n’a presque plus accès à d’autres canaux d’information. «Les Russes pourront survivre sans Big Mac mais ils vont surtout se demander pourquoi McDonald’s ferme, se demander ce qui se passe vraiment», dit l’expert.
«La Russie ne peut pas engager une guerre en Ukraine tout en participant à l’économie mondiale»
Pour M. Painter, les entreprises doivent penser au message à faire passer, à savoir que «la Russie ne peut pas engager une guerre en Ukraine tout en participant à l’économie mondiale».
Avec les sanctions économiques sévères imposées avec un large consensus par les gouvernements occidentaux, «c’est le meilleur moyen de traiter avec la Russie» affirme-t-il: le risque de l’utilisation de l’arme nucléaire dans le cadre d’un conflit armé ouvert est trop grand.
Les intérêts économiques d’abord
Peut-être certains groupes font-ils le pari que les critiques vont pleuvoir à court terme avant de retomber, avance Brian Berkey, spécialisé dans l’éthique des entreprises à l’Université de Pennsylvanie. Le soutien à ce genre d’initiatives n’est toutefois pas toujours unanime tandis que «la grande majorité de la population dans les pays européens ou aux Etats-Unis sont d’accord pour dire que ce que fait la Russie est clairement inacceptable», remarque M. Berkey.
Pour Mark Hass, spécialiste de communication à l’Université d’Etat d’Arizona, les intérêts économiques des entreprises qui ont choisi jusqu’à présent de ne pas quitter la Russie «dépassent encore sans doute les risques pour leur réputation». McDonald’s par exemple tire 9% de son chiffre d’affaires et 3% de ses bénéfices opérationnels du pays.
Mais «si les réseaux sociaux commencent à vous identifier comme l’entreprise prête à faire du business avec un agresseur autocrate qui tue des milliers de personnes en Ukraine, alors le problème prend une autre ampleur et peut affecter votre activité bien au-delà de la Russie», dit M. Hass.