Chill Pill, l’application qui démocratise les groupes de parole chez les jeunes
Il semble exister une application pour tous nos besoins de nos jours, et la santé ne fait pas exception. Il en existerait plus de 100.000, d’après la Haute Autorité de Santé. Chill Pill en fait partie. Elle ambitionne d’apporter un soutien psychologique aux jeunes filles et femmes à travers des groupes de parole.
On a souvent dans l’idée que les groupes de parole sont réservés à certaines problématiques précises comme les personnes touchées par le deuil ou encore celles luttant contre l’addiction. Une idée reçue qu’espère abolir Hayley Caddes grâce à sa nouvelle application, Chill Pill. Le principe: créer une communauté en ligne sûre et accueillante pour que les adolescentes et les jeunes femmes puissent parler de leur santé mentale et se soutenir mutuellement.
Hayley Caddes s’est servie de sa propre expérience chez les alcooliques anonymes, dont elle a assisté aux réunions entre ses 16 et 22 ans, pour créer Chill Pill. «Les AA existent depuis près de 100 ans, c’est la communauté en lien avec la santé mentale qui a le plus de succès dans le monde, et elle est gérée par des alcooliques, pour des alcooliques. Il y a beaucoup à apprendre du modèle AA», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
«Se sentir en sécurité»
L’application qu’elle a imaginée suit le même fonctionnement: les membres de Chill Pill doivent uniquement parler de leurs propres expériences, ne pas se moquer, ne pas critiquer et ne pas juger. Pas question non plus de prodiguer des conseils aux autres utilisateurs et utilisatrices de l’application. «Faire partie de cette communauté, c’est se sentir accueilli et en sécurité, quel que soit le milieu d’où l’on vient ou les traumatismes que l’on a subis», explique une adolescente de 16 ans.
En bon reflet de son époque, Chill Pill propose à ses membres de participer à des groupes de soutien à distance. L’anonymat est de mise et les participants prennent la parole à travers le micro de leur smartphone. Il est également possible de publier anonymement ses pensées et réflexions quotidiennes sur le fil d’actualité de l’application. «Notre application a été construite par notre communauté, pour notre communauté», résume Hayley Caddes.
La communauté en question est composée d’adolescentes et de jeunes femmes, mais aussi de membres de la génération Z s’identifiant comme non-binaires ou gender fluid («fluides dans le genre»). Ces populations ont vu leur santé mentale se détériorer avec la pandémie, beaucoup plus que leurs aînés. 25% des Z, ces jeunes nés entre 1997 et 2010, disent se sentir davantage en détresse émotionnelle, deux ans après le début de la crise sanitaire, selon le cabinet de conseil McKinsey. Seuls 13% des millenials et des membres de la génération X en disent autant.
Chill Pill a été lancée l’été dernier pour répondre spécifiquement aux besoins de ces jeunes. L’application mobile, disponible sur iOS, revendique depuis près de 500 membres actifs. Hayley Caddes et son équipe espèrent voir ce chiffre augmenter dans les prochains mois, et toucher un public plus uniquement anglophone.