Climat et éco-anxiété: 75% des jeunes trouvent l’avenir «effrayant»

Une étude mondiale réalisée dans dix pays du monde révèle que 45% des jeunes souffrent d’éco-anxiété. L’inaction climatique des gouvernements serait l’un des principaux facteurs de ce sentiment de détresse.

par
AFP
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L’étude compile plusieurs enquêtes menées auprès de 10 000 enfants et jeunes (16-25 ans) dans 10 pays à travers le monde (Australie, Brésil, États-Unis, Finlande, France, Inde, Nigeria, Philippines, Portugal et Royaume-Uni). À la question «comment envisagez-vous l’avenir?», 75% de l’ensemble des jeunes interrogés le qualifient «d’effrayant».

Plus de la moitié des personnes interrogées disent se sentir «effrayées», «tristes», «anxieuses», «en colère», «impuissantes» ou «désemparées»… Un pourcentage qui s’élève à 81% dans les pays du Sud comme le Portugal et même à 92% aux Philippines.

Près de la moitié des jeunes interrogés dans le monde (45%) déclarent que l’anxiété et la détresse liées au climat affectent leur vie quotidienne. Parmi ces jeunes, 64% estiment que leurs gouvernements ne font «pas assez» pour éviter une catastrophe climatique.

«J’ai grandi en ayant peur de me noyer dans ma propre chambre»

Alors que 55% pensent qu’ils auront «moins d’opportunités que leurs parents» d’agir pour le climat, 65% estiment que les gouvernements «laissent tomber les jeunes», 58% allant même jusqu’à qualifier cette inaction de «trahison» pour les générations futures.

«J’ai grandi en ayant peur de me noyer dans ma propre chambre. La société me dit que cette anxiété est une peur irrationnelle qui doit être surmontée, une peur que la méditation et des mécanismes d’adaptation sains vont «réparer». À la base, notre anxiété climatique provient de ce sentiment profond de trahison dû à l’inaction du gouvernement. Pour répondre véritablement à notre anxiété climatique croissante, nous avons besoin de justice», témoigne Mitzi Tan, 23 ans, originaire des Philippines.

«L’anxiété de nos enfants est une réaction tout à fait rationnelle compte tenu des réponses inadéquates au changement climatique qu’ils voient de la part des gouvernements. Cette étude apporte une contribution importante à ces arguments juridiques, en présentant l’anxiété et la détresse climatique comme un «préjudice moral», estime Caroline Hickman, chercheuse à l’Université de Bath (Angleterre) et co-autrice principale de l’étude.

Des jeunes engagés pour le climat, partout sur la planète

«Nous devons prendre en compte l’avenir des jeunes, écouter leur voix et les placer au centre du processus décisionnel. En rassemblant toutes les générations, nous pouvons exiger que les gouvernements s’engagent dans l’action urgente sur le changement climatique dont nous avons si désespérément besoin», renchérit sa collègue Liz Marks.

Partout dans le monde, les jeunes se mobilisent pour le climat. À la fin de la première semaine de la COP26, qui s’est déroulée en novembre dernier dans la ville de Glasgow, ils étaient des milliers à descendre dans la rue partout sur la planète, décidés à faire entendre leur voix et réclamer la justice climatique.

«Quand j’avais 16 ans, je passais par des phases où je me sentais complètement impuissante face à cet immense problème. Puis je me lançais dans l’organisation de protestations ou dans le changement des choses au sein de mon école. Il est tellement dommageable de faire reposer ce problème sur les épaules des jeunes, l’espoir doit plutôt venir d’une action structurelle palpable», estime Beth Irving, activiste climatique de 19 ans à l’origine des grèves climatiques étudiantes de Cardiff (Pays de Galles) et interrogée dans le cadre de l’étude.