Crise ukrainienne: les premières sanctions visant la Russie ont été adoptées
Les sanctions européennes contre la Russie viseront des responsables impliqués dans la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des territoires pro-russes de l’est de l’Ukraine et dans l’envoi de troupes. Elles cibleront aussi des banques qui financent des opérations «militaires ou autres» dans ces territoires, ainsi que la capacité de l’État et du gouvernement russes à accéder aux marchés financiers et des capitaux de l’UE, et à leurs services. Le commerce des deux régions séparatistes avec l’UE sera également visé.
Ce paquet de sanctions, sur lequel se sont déjà penchés ce matin les ambassadeurs des Vingt-sept, sera soumis dès 16h00 à un conseil informel des ministres des Affaires étrangères, à Paris. La décision, de nature politique du fait du caractère informel de cette réunion, devra être finalisée au plus vite au niveau juridique.
L’UE a en outre préparé des mesures supplémentaires, qu’elle est prête à adopter si de nouveaux développements le nécessitent, soulignent les deux présidents. Ils confirment de la sorte leur volonté d’adresser une réponse proportionnée et graduelle en fonction des développements possibles de l’agression russe en Ukraine.
Le Royaume-Uni a quant à lui annoncé des sanctions visant trois oligarques réputés proches du Kremlin et cinq banques russes. Les milliardaires visés sont Guennadi Timtchenko, Boris Rotenberg et son neveu Igor Rotenberg, a précisé le Premier ministre Boris Johnson au Parlement, avertissant tenir «d’autres sanctions prêtes à être introduites avec les États-Unis et l’Union européenne si l’escalade se poursuit».
Boris Johnson a dénoncé la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l’indépendance de régions prorusses en Ukraine comme «une nouvelle invasion» servant de «prétexte à une offensive d’envergure». «En niant la légitimité de l’Ukraine en tant qu’État et en présentant son existence même comme une menace à la Russie, Poutine établit un prétexte pour une offensive d’envergure», a-t-il déclaré.
Un peu plus tôt, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé suspendre l’autorisation du gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne.
«J’ai demandé au ministère de l’Economie» et à l’agence fédérale de certification du projet de suspendre leurs travaux de certification, a précisé Olaf Scholz. «Nous ne pourrons pas accepter la reconnaissance (des provinces pro-russes), c’est pourquoi il est si important de réagir maintenant et rapidement», a-t-il fait valoir.
Tout juste achevé en novembre, mais jamais encore mis en service, Nord Stream 2 est depuis le début du projet au cœur de batailles géopolitique et économique. Nord Stream 2 relie les deux pays via un tube de 1.230 kilomètres sous la mer Baltique d’une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an, sur le même parcours que son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012. Contournant l’Ukraine, le tracé va augmenter les possibilités de livraison de gaz russe à l’Europe.
Le chancelier allemand a en outre prévenu que «d’autres sanctions» contre la Russie pourraient suivre, en cas d’aggravation de la situation en Ukraine, et d’ores et déjà averti que l’Union européenne allait adopter des sanctions «massives et robustes».
Malgré tout, le successeur d’Angela Merkel a appelé à des efforts diplomatiques entre Occidentaux et la Russie «pour éviter une catastrophe». «C’est l’objectif de tous nos efforts diplomatiques», a-t-il ajouté soulignant que «80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une guerre menace l’Europe de l’Est».
Le chancelier allemand a dénoncé une grave violation du droit international et des droits fondamentaux perpétrée par la Russie. «La situation a fondamentalement changé», a-t-il dit. Vladimir Poutine a non seulement violé les accords de Minsk mais aussi la charte de l’Onu sur le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États. «Le président russe attend désormais une provocation pour avoir un prétexte pour occuper potentiellement l’ensemble de l’Ukraine.»
«Il appartient désormais à la communauté internationale de répondre à ces actes unilatéraux, mal avisés et illégaux du président russe», a encore déclaré le chancelier allemand. «En collaboration étroite, bien coordonnés et ciblés, nous allons envoyer un signal clair à Moscou que de telles actions ne restent pas sans conséquence.»
Le chancelier a ajouté que l’Allemagne continuait de refuser de livrer des armes à l’Ukraine.