De la neige artificielle utilisée pour les JO de Pékin: quel impact écologique?
Plusieurs voix ont dénoncé l’utilisation massive de neige artificielle aux JO de Pékin.
Ces derniers mois, on a beaucoup parlé de l’attribution de la Coupe du Monde de football 2022 au Qatar qui se déroulera en hiver. Un non-sens écologique quand on sait que les stades, construits pour l’occasion, devront constamment être climatisés pour qu’il y fasse une température agréable. On a par contre beaucoup moins parlé des Jeux Olympiques d’hiver qui se déroulent actuellement à Pékin. Pourtant, ces JO posent aussi question d’un point de vue écologique.
De la neige artificielle en masse
Actuellement, les conditions météorologiques y sont loin d’y être idéales pour les sports d’hiver. Même à Yanqing et Zhangjiakou, où se déroulent la plupart des événements en plein air, il n’y a pratiquement pas de neige. Les Chinois vont donc produire au total environ 1,2 million de mètres cubes de neige artificielle sur les sites olympiques. Selon un rapport du Sport Ecology Group de l’université anglaise de Loughborough, plus de 100 générateurs de neige et 300 canons à neige œuvreront sans relâche pour recouvrir les pistes de ski de fausse neige. Ce processus est énergivore et gourmand en eau et nécessite le recours à des produits chimiques pour ralentir la fonte de la neige, soulignent les auteurs. Il rend aussi les surfaces imprévisibles et potentiellement dangereuses d’après de nombreux compétiteurs.
«Organiser des JO dans cette région est une aberration, c’est irresponsable. Nous sommes dans une région déjà en pénurie d’eau, c’est le problème principal. Selon des calculs très conservateurs, sur les dix sites de compétition de neige, à raison de 10.000 m³ de neige par hectare, il faudrait à peu près deux millions de m³ d’eau», a déploré la géographe Carmen de Jong, de l’université de Strasbourg.
Une goutte d’eau?
D’autres ont préféré relativiser cet impact. C’est notamment le cas de Carlo Carmagnola, chercheur et spécialiste de la neige qui collabore avec le CNRS. Dans une interview à France Inter, ce dernier a indiqué que 95% de la consommation de CO2 d’un domaine skiable provient de tout ce qui est transport et bâtiments. Le chercheur pointe également l’exemple français. «Si on prend toute l’eau qui est consommée en France pour la neige de culture, on est chaque saison sur à peu près une trentaine de millions de mètres cube d’eau, toutes stations confondues. Ce chiffre-là est inférieur à la quantité d’eau utilisée dans les piscines privées françaises. Pour donner une idée, 30 millions de mètres cubes c’est à peu près la consommation d’eau potable d’une agglomération de la taille de Grenoble. Si on compare à d’autres usages, types agriculture ou industrie. ce sont des quantités qui sont très basses», explique-t-il à France Inter.
Avant de préciser son idée. «La neige de culture a forcément un impact énergétique, un petit peu écologique, mais qui est moindre par rapport à beaucoup d’autres choses dont on ne s’intéresse pas normalement. Quand on se focalise sur la neige de culture en oubliant ce qui est plus impactant et ce qui est autour, on fait une erreur (…). Pour atténuer le réchauffement climatique, il serait déjà bon d’arrêter de monter tous en voiture. Et, une fois en station, le gros problème ce sont les bâtiments vieillissants».
Quel avenir pour les JO?
Il semble en tout cas que les Jeux Olympiques d’hiver sont aujourd’hui à la croisée des chemins. Pour cette édition, seulement deux villes se sont ainsi portées candidates pour accueillir les JO (Pékin et Almaty au Kazakhstan). Et sur les 21 sites ayant accueilli des Jeux d’hiver depuis Chamonix en 1924, seuls dix d’ici à 2050 pourraient encore convenir pour accueillir un tel événement, avec des chutes de neige naturelles suffisantes.