De la santé à l’environnement, l’intelligence artificielle se pose en outil essentiel
Technologie de «rupture» au potentiel immense, l’intelligence artificielle (IA) suscite autant de promesses que d’inquiétudes. Rassemblés cette semaine à Lisbonne pour le Web Summit, plusieurs acteurs de la tech ont plaidé les bienfaits d’un outil amené à devenir incontournable dans les domaines de la santé, de l’environnement ou du travail.
Quand Iker Casillas, légende du football espagnol, a appris l’existence d’Idoven, quelques semaines après avoir été victime en mai 2019 d’un infarctus à l’entraînement qui a mis un brutal coup d’arrêt à sa carrière, il n’a pas hésité à investir dans la startup médicale et devenir son principal ambassadeur.
«Il était conscient que la technologie devait aider à lutter contre cette maladie, alors qu’il y a une personne qui meurt toutes les deux secondes dans le monde d’un arrêt cardiaque», explique à l’AFP Manuel Marina-Breysse, patron et fondateur d’Idoven, spécialisé dans l’intelligence artificielle appliquée à la cardiologie.
«La seule façon de changer cela, c’est de développer de nouvelles technologies, comme un logiciel d’IA capable d’aider le cardiologue à faire un diagnostic», complète-t-il.
Avec sa plateforme fonctionnant grâce au «cloud» (informatique dématérialisée), Idoven permet aux cardiologues d’analyser plus précisément l’immense quantité de données issue des électrocardiogrammes et surtout prédire a priori les risques d’arythmie cardiaque.
«Nous avons été la première équipe du monde à être capable de le faire», indique M. Marina-Breysse, qui ambitionne d’offrir sa solution dans un marché global de la santé estimé à plus de 10 milliards d’euros par an.
Fondée en 2018, la startup basée à Madrid a déjà vu ses revenus être multipliés par cinq en moins de quatre ans.
Selon une étude de l’Université du Massachusetts, la mise au point d’un seul système d’intelligence artificielle peut émettre cinq fois les émissions de gaz à effet de serre d’une voiture pendant toute sa durée de vie.
Mais des startups prometteuses comme l’entreprise britannique Greyparrot, fondée en 2019, entendent utiliser l’IA pour renforcer la protection de l’environnement et lutter contre le gaspillage des ressources.
Grâce à un logiciel qui identifie les différents types de déchets via la vision par ordinateur, Greyparrot cherche à optimiser la gestion automatique du tri sélectif et détecter des matériaux qui passent sous les radars des machines actuelles.
Sa technologie de «machine learning» (apprentissage automatisé) permet de détecter grâce aux données recueillies aussi bien le verre, le papier, le carton, les journaux, les boîtes de conserve, que les différents types de plastiques.
«Sur la base de millions de points de données, nous pouvons actuellement reconnaître plus de 49 catégories de déchets», a encore précisé Ambarish Mitra, co-fondateur de Greyparrot, lors d’une conférence au Web Summit.
L’IA est-il l’ennemi des nombreux travailleurs qui risquent de perdre leurs emplois, au gré des avancées de cette technologie?
Non, plutôt un facteur de «bien-être» pour les équipes au sein des entreprises, selon une étude réalisée par le Boston Consulting Group et la MIT Sloan Management Review auprès de 2197 managers issus de106 pays, et révélée lors du Web Summit.
Au sein des entreprises qui utilisent l’IA «efficacement», 78% ont vu le moral de leurs équipes s’améliorer, tandis que 51% d’entre elles constatent une amélioration sur les quatre aspects étudiés: l’enthousiasme, la collaboration, la clarté des rôles de chacun, et l’apprentissage collectif.
«L’IA leur enlève les tâches à faible valeur ajoutée» tout en renforçant les points forts de l’activité humaine «comme la gestion de l’ambiguïté ou l’empathie», explique à l’AFP François Candelon, associé senior au Boston Consulting Group et co-auteur de l’étude.
«Historiquement, il fallait à un analyste entre 40 et 90 minutes pour saisir un document, le lire, déterminer s’il contenait certains types d’informations susceptibles d’intéresser les clients, évaluer où se trouvaient ces informations et les introduire dans le système», décrit Douglas Hamilton, vice-président associé du Nasdaq chargé de l’intelligence artificielle, cité dans l’étude.
Aujourd’hui, grâce à l’IA, le marché boursier américain traite 6.000 documents toutes les trois minutes.