Des scientifiques veulent faire de 2021 l’année où le monde changera enfin de cap
«N’attendons pas la fin de la pandémie». C’est le cri d’alerte d’un éditorial paru dans une centaine de revues de santé qui appelle les dirigeants mondiaux à s’attaquer aux «dommages catastrophiques pour la santé» causés par le changement climatique.
«Les nations riches doivent faire beaucoup plus, beaucoup plus vite», «La crise environnementale exige une réponse d’urgence similaire à celle de la Covid-19». Voici quelques phrases percutantes de cet éditorial publié dimanche 5 septembre dans plus de 200 revues de santé à travers le monde. Parmi les diffuseurs de cette tribune, des titres internationaux prestigieux comme The Lancet ou le British Medical Journal.
Alors que le Congrès mondial pour la Nature bat son plein à Marseille, cette publication relayée par des revues de renom telles que le New England Journal of Medicine (NEJM), The Lancet ou le Bristih Medical Journal (BMJ), estime que si les récents objectifs de réduction des émissions et de préservation de la biodiversité sont «les bienvenus», ils ne sont toutefois «pas suffisants et doivent encore être assortis de plans crédibles à court et à long terme».
«Nous appelons les gouvernements et les autres dirigeants à agir»
«En tant que rédacteurs en chef de revues de santé, nous appelons les gouvernements et les autres dirigeants à agir, en faisant de 2021 l’année où le monde changera enfin de cap», concluent les auteurs de l’éditorial, qui ont choisi de diffuser leur publication une semaine avant l’Assemblée générale des Nations unies qui s’ouvrira le 14 septembre et en amont de la conférence sur le climat (COP26) qui se tiendra à Glasgow en novembre prochain.
«Depuis des décennies, les professionnels de la santé et les revues spécialisées mettent en garde contre les effets graves et croissants du changement climatique et de la destruction de la nature sur la santé», souligne l’article, qui rappelle le rôle crucial des gouvernements pour transformer nos sociétés et leur structure économique. Par exemple en soutenant la refonte des systèmes de transport, de la production et de la distribution de nourriture ou encore de nos systèmes de santé.
Des investissements «considérables», mais «nécessaires»
Selon les auteurs de l’article, ces politiques impliqueraient des investissements «considérables», mais «nécessaires», car ils auront «d’énormes retombées positives sur la santé et l’économie, notamment des emplois de qualité, une réduction de la pollution atmosphérique, une augmentation de l’activité physique et une amélioration du logement et de l’alimentation».
«Les professionnels de la santé ont été en première ligne de la crise de la Covid-19 et ils sont unis pour avertir que si l’on dépasse la limite de 1,5ºC et que l’on autorise la poursuite de la destruction de la nature, la prochaine crise sera bien plus meurtrière. Les nations les plus riches doivent agir plus rapidement et faire davantage pour soutenir les pays qui souffrent déjà de la hausse des températures», martèle dans un communiqué Fiona Godlee, rédactrice en cheffe du BMJ Global Health.
Températures extrêmes, pollution… Les effets du changement climatique ont des conséquences mortelles sur la santé et sont d’autant plus préoccupants qu’ils touchent en premier lieu les personnes fragiles et en situation de précarité.
Selon un rapport de l’Unicef publié en août dernier, 1 milliard d’enfants dans le monde sont confrontés simultanément à trois ou quatre conséquences de la crise climatique, notamment les pénuries d’eau, la pollution atmosphérique et les canicules.