Des soldats ukrainiens bloqués à Marioupol appellent à l’aide: «Je ne peux qu’espérer un miracle»

Après l’évacuation des civils de l’immense usine Azovstal à Marioupol, toujours assiégée par les Russes, les derniers soldats ukrainiens ont lancé un appel à l’aide au monde entier. «Je ne peux qu’espérer un miracle», écrit le commandant Serhi Volynsky dans un message publié sur Facebook.

par
AFP
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«J’ai l’impression d’être dans une téléréalité infernale où nous sommes des soldats qui se battent pour leur vie et qui tentent par tous les moyens de sauver des gens pendant que le monde entier nous regarde! De tels scénarios sont couramment utilisés dans les films et les séries. Mais ici, ce n’est pas un film et nous ne sommes pas des personnages de fiction! C’est la vraie vie! La douleur, la souffrance, la faim, l’agonie, les larmes, la peur, la mort – tout cela est bien réel», écrit dans son message le chef de la 36e brigade, Serhi Volynsky.

L’homme a aussi publié une photo de lui où il se montre mal rasé, extrêmement fatigué avec le nez cassé. «J’espère que les puissances internationales (au sens large du terme) trouveront une solution! Pour que cette téléréalité infernale prenne fin… Puissances internationales, nous attendons le résultat de vos actions… Le temps passe et le temps est notre vie», poursuit M. Volynsky.

«Extrêmement difficile»

Après moult appels et vaines tentatives ces dernières semaines, «nous avons évacué les civils d’Azovstal», a lancé le président Zelensky samedi soir dans son message quotidien, citant le nombre de 300 personnes exfiltrées. «Nous préparons désormais la seconde phase (…): les blessés et le personnel médical». Et, «bien sûr, nous œuvrons aussi à évacuer nos militaires. Tous ces héros défendant Marioupol», a-t-il poursuivi, sans donner de chiffre. «C’est extrêmement difficile. Mais c’est très important».

«De nombreux soldats se trouvent dans un état grave. Ils sont blessés et n’ont pas de médicaments», explique Ievguenia Tytarenko, infirmière militaire, dont le mari, infirmier et membre du régiment Azov, et ses collègues sont toujours dans l’usine. «La nourriture et l’eau manquent aussi», dit-elle. «Je me battrai jusqu’au bout», lui a écrit son mari Mykhaïlo, dans un SMS que l’AFP a pu consulter. Ils se sont mariés deux jours avant l’invasion russe.

Organiser une mission d’évacuation

«L’ordre du président (ukrainien) a été exécuté: toutes les femmes, tous les enfants et toutes les personnes âgées ont été évacués d’Azovstal. Cette partie de la mission humanitaire à Marioupol est accomplie», avait annoncé plus tôt samedi la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. Selon Kiev, ces opérations ont permis au total à près de 500 personnes de fuir en une semaine, sous l’égide de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge. L’Ukraine a demandé samedi soir à Médecins sans frontières (MSF) d’organiser une mission pour évacuer et soigner les soldats retranchés dans l’aciérie.

Moscou avait annoncé mercredi un cessez-le-feu unilatéral de trois jours à partir de jeudi matin pour permettre aux civils d’Azovstal de pouvoir partir. Mais les autorités ukrainiennes, notamment l’état-major de l’armée, ont maintenu que les Russes avaient de nouveau attaqué cette usine pendant cette période. Le ministère de la Défense a affirmé samedi que «l’ennemi n’arrêtait pas son offensive», «bloquant» en particulier toujours les défenseurs du quartier d’Azovstal. Marioupol, une cité portuaire du sud-est qui comptait près de 500.000 habitants avant la guerre, a été presque entièrement rayée de la carte par deux mois de bombardements russes.