En congé maladie depuis 24 ans, il conteste son licenciement: «Je ne voulais pas faire de mendicité»

Un sexagénaire vivant à Lomme a décidé de contester son licenciement, lui qui était en congé de maladie depuis 1997. Amputé des deux jambes en 1993, il déplore de ne jamais reçu de formation pour travailleur handicapé et a décidé de contester son indemnité de licenciement.

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En 1993, Roger Laurent est amputé des deux jambes suite à un accident sur un chantier privé. Suite à cet épisode tragique, il est depuis 1997 en arrêt maladie auprès de la société Cargill. 24 ans plus tard, il a été licencié par son employeur, une décision incompréhensible aux yeux de Claude Dhedin, militant CGT, qui s’exprime dans les colonnes de «La Voix du Nord»: «Je ne comprends pas pourquoi la société ne lui a jamais proposé une formation pour travailleur handicapé, comme la loi l’y oblige, un poste de travail adapté. Et, puisqu’elle ne l’a pas fait, pourquoi, en 25 ans, elle ne l’a jamais licencié. Moi qui fus conseiller prud’homal pendant 36 ans, dont plusieurs années de présidence, je n’ai jamais entendu parler d’un cas pareil!»

Dans un premier temps, il avait été affecté à «la bascule», mais il n’avait aucune qualification. Il avait donc été écarté des équipes, tout en continuant à recevoir chaque mois un bulletin de paie à 0 euro. Il touchait en parallèle 1.900€ chaque mois de pension d’invalidité. Roger reproche aujourd’hui à son employeur de ne jamais lui avoir offert de vraie alternative: « Pendant toutes ces années, mon employeur ne m’a pas proposé de formation ni de nouveau poste adapté à mon handicap. Alors que c’était possible : on peut cumuler une pension d’invalidité avec un emploi.»

« En 1997, ils m’ont dit que j’avais déjà huit enfants dont une fille handicapée, que ça coûterait trop cher en indemnités. ‘Si tu veux qu’on te licencie, il faudrait demander ton compte!’, ils m’ont dit. Que je démissionne, quoi… Je n’ai pas insisté. D’abord parce que j’ai traversé des périodes très difficiles de dépression et que je n’aurais pas eu la force de me lancer dans un conflit pareil. Mais aussi par fierté. Et je ne voulais pas faire de mendicité», poursuit-il.

Désormais, le sexagénaire, qui estime avoir été lésé, réclamait l’équivalent de 14 mois de salaire à Cargill en indemnités de licenciement. Il n’a obtenu que 7.410€, mais conteste cette somme auprès des prud’hommes.